Tandis que la Réserve Fédérale américaine a entamé le relèvement de son taux directeur, la Banque du Japon poursuit sa politique très accommodante. Ses marges de manœuvre se resserrent néanmoins en raison de la dépréciation significative du yen qui complique sa politique de contrôle de la courbe des taux. Des ajustements sur ce mécanisme sont anticipés. Le soutien à l’économie devrait persister en 2022 tant sur le plan monétaire que budgétaire, dans un environnement particulièrement difficile pour les industriels japonais, durement affectés par les perturbations sur les chaînes de production mondiales et le ralentissement de l’économie chinoise.
La dernière enquête Tankan reflète les inquiétudes?des entreprises : si l’indice de diffusion global a enregistré une légère baisse (de 2 à 0, soit un niveau d’équilibre entre le nombre d’entreprises indiquant une détérioration de leur situation et celles indiquant une amélioration), les anticipations pour le prochain trimestre se sont dégradées significativement dans les secteurs particulièrement affectés par la hausse du cours des matières premières ou par leur pénurie. C’est le cas des grandes entreprises de la sidérurgie, de l’industrie du bois ou des fabricants des machines industrielles. La confiance est en recul également dans l’industrie papetière et celle de la céramique. En raison du poids important de l’industrie dans son économie (21% du PIB en 2019) et de sa forte imbrication dans les chaînes de production mondiales, le Japon est très affecté par les perturbations de ces dernières, en Chine notamment, pays qui constitue le premier débouché à ses exportations.
Par ailleurs, l’économie japonaise n’était toujours pas totalement sortie de la crise sanitaire cet hiver, le pays ayant subi une nouvelle vague de contaminations liée au variant Omicron. Après un début très poussif, la campagne vaccinale s’est accélérée. Le taux de vaccination désormais élevé (80%) devrait permettre à l’activité économique de subir moins d’à coups. Néanmoins, elle aura été freinée au premier trimestre par la pandémie et les premières répercussions économiques de la guerre en Ukraine. Le rebond d’activité avait été déjà peu marqué en 2021, à 1,7%, après une contraction de 4,5% en 2020.