En réponse aux mouvements sociaux, et pour faire face aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine, le gouvernement a mis en place, fin mars, un plan d’aide temporaire de EUR 16 mds. Ce soutien est prévu, pour l’heure, jusqu'au 30 juin 2022 et comprend deux volets : d’une part, une enveloppe de EUR 6 mds destinée à des aides directes aux ménages et aux entreprises (elle inclut notamment une subvention de EUR 0,20 par litre d’essence), ainsi que des réductions d'impôts; d’autres part, de nouvelles lignes de crédit, à hauteur de EUR 10 mds, ont été débloquées. Ces mesures font suite à deux réformes structurelles introduites cet hiver par le Parlement et qui seront favorables à la croissance : la loi sur le logement (qui renforce l’encadrement des loyers) et celle portant sur le marché du travail (qui durcit le recours aux contrats temporaires).
Le marché du travail reste dynamique
Le marché du travail a continué de surprendre favorablement au premier trimestre 2022. Le nombre de nouvelles affiliations à la sécurité sociale a progressé de 0,9% (+171716) au T1. La croissance de l'emploi est soutenue dans certains secteurs à forte valeur ajoutée, comme l’information et la communication ou les professions scientifiques et techniques, tandis que les embauches dans la restauration et l’hôtellerie continuent de reprendre des couleurs avec le relâchement des contraintes sanitaires. Les embauches en CDI se sont accrues notablement au cours du T1, les entreprises ayant anticipé les changements des règles de recrutement, qui sont entrées officiellement en vigueur le 1er avril. Le taux de chômage est retombé à 12,6% en février, un niveau qui n’avait plus été atteint depuis 2008.
Au regard de la détérioration des enquêtes PMI et de la Commission européenne, cette amélioration sur le front de l’emploi pourrait néanmoins connaître une halte au printemps. Des revendications salariales plus importantes en raison de l’inflation pourraient aussi constituer un frein aux embauches. La Banque d’Espagne ne considère pas ce risque comme élevé en 2022, mais elle pointe la possibilité de hausses de salaires plus conséquentes en 2023, à mesure que davantage de travailleurs intègreront dans leur contrat des clauses d’ajustement des salaires à l’inflation.2
Le début d’année a été mouvementé sur la scène politique. Il a été marqué notamment par la percée du parti d’extrême droite Vox aux élections régionales de Castille et Leon et le remplacement du chef du parti conservateur3. Les relations restent également tendues au sein de la coalition au pouvoir, et entre le gouvernement et les partis nationalistes catalans (ERC) et basques (PNV) dont le ralliement (ou l’abstention) est souvent nécessaire pour dégager une majorité au Parlement. Le ralliement très tardif de l’ERC à la loi sur le logement a constitué le dernier exemple marquant. Le climat risque de se tendre davantage au cours des douze prochains mois avec le contexte social difficile et les élections législatives de décembre 2023 qui se rapprochent et dont l’issue, selon les sondages actuels, reste très incertaine.