Résistante mais inquiète
En avance dans la transition écologique, le pays apparaît mieux armé que d’autres face au choc énergétique causé par la guerre russe en Ukraine, bien qu’il ne soit pas totalement épargné. En tant que membre de l’Union européenne, la Suède est tenue d’appliquer les règles du marché unique qui fixent le tarif de l’électricité au coût «?marginal?» de production le plus élevé, soit actuellement celui des centrales à gaz. Comme partout, les prix du kilowattheure ou des carburants augmentent, et l’inflation accélère. Mais à 4,4% sur un an en février 2022, celle-ci reste parmi les plus basses d’Europe. Les pertes de pouvoir d’achat qui en découlent, partiellement compensées par des baisses de taxes ou des «?chèques?» destinés aux automobilistes, sont a priori surmontables. D’après le National Institute of Economic Research (NIER) les particuliers suédois, qui figurent déjà parmi les plus épargnants au monde, sont susceptibles de puiser dans les réserves accumulées durant la pandémie pour accroître leurs dépenses.
Reste à savoir quelles conséquences la guerre russe en Ukraine aura sur les comportements, l’attentisme pouvant prévaloir pendant quelque temps. Inquiète, l’opinion publique s’est retournée en faveur d’une adhésion à l’Alliance atlantique, une possibilité désormais admise par le gouvernement social-démocrate de Magdalena Andersson, qui, d’ores et déjà, renforce les moyens de la Défense. En mars, l’indice de confiance des ménages, habituellement bien corrélé à la consommation, a lourdement chuté (graphique 2). Les enquêtes auprès des chefs d’entreprise -en particulier le jugement porté par les industriels sur l’évolution des commandes- accusaient aussi le coup.