Depuis le début de l’année 2022, le Japon fait face à une remontée de l’inflation, certes modérée, mais inédite depuis 2014, tandis que sa croissance a reculé au T1. Le yen s’est déprécié significativement en raison de la politique très accommodante de la Banque du Japon (BoJ), en décalage avec les autres grandes banques centrales qui ont entamé leur resserrement monétaire. En juin 2022, son gouverneur, Haruhiko Kuroda, jugeait encore la poursuite de la politique de contrôle des taux « nécessaire » pour rehausser l’inflation sous-jacente à un niveau « stable et durable ». Or, la déprécation de la devise accentue l’inflation importée et détériore davantage le pouvoir d’achat des ménages. À quelques semaines des élections législatives du 25 juillet, le gouvernement renforcera vraisemblablement ses mesures de soutien au pouvoir d’achat.
La Banque du Japon (BoJ) justifie la poursuite de sa politique de contrôle de la courbe des taux en insistant sur le caractère « temporaire » de l’inflation actuelle. L’intégralité de la hausse annuelle de l’indice des prix à la consommation (IPC), de 2,5% en avril 2022, est en effet imputable à l’accroissement des prix de l’énergie et de l’alimentation, des produits essentiellement importés donc fortement soumis à la flambée des prix internationaux des matières premières, que la guerre en Ukraine a amplifié. Hors énergie et denrées alimentaires périssables (cible d’inflation de la BoJ), l’IPC n’a augmenté que de 0,8% a/a en avril 2022. La faiblesse de ce chiffre est l’autre argument mis en avant par le gouverneur de la BoJ, Haruhiko Kuroda, pour poursuivre la politique de contrôle des taux, jugée « nécessaire » pour rehausser l’inflation sous-jacente à un niveau « stable et durable » [1].
L’absence de hausse généralisée des prix traduit la faiblesse de la demande intérieure, à l’origine du retard de performance qu’accumule le Japon avec les autres pays avancés depuis la reprise de 2021. Au T1 2022, le PIB réel se situait encore 2,5% en dessous de son niveau de 2019, alors qu’il excédait 3,7% aux États-Unis et 0,5% en zone euro. Le PIB japonais s’est contracté au T1 2022 (-0,1% t/t). La consommation de biens durables (-0,8% t/t) et semi-durables (-1,8% t/t) a notamment décliné, freinée par les difficultés d’approvisionnement des entreprises, elles-mêmes pénalisées par les pénuries de composants et les ruptures sur les chaînes d’approvisionnement mondiales, particulièrement en Chine. La consommation de services (-0,1% t/t) s’est également repliée sous l’effet des mesures sanitaires instaurées cet hiver pour freiner l’expansion du variant Omicron.