Si la situation sur le front de l’emploi reste bonne, elle reste compliquée sur le front de l’inflation. Celle-ci s’est rapprochée du seuil des 10% a/a en mars, à 9,7% (indice harmonisé), avant de refluer à 8,5% en mai. Nous anticipons une décélération plus importante à partir du T4 2022, même si son niveau devrait rester élevé (au-dessus de 3%) jusqu’à la fin du premier semestre 2023. L’instauration, le 15 juin dernier, d’un bouclier tarifaire sur le prix du gaz naturel permettra de contenir la hausse des prix énergétiques pour les ménages (+34,2% a/a en mai). Néanmoins, l’augmentation des prix à la consommation s’accentue dans d’autres postes de dépenses, notamment les produits alimentaires et boissons non alcoolisées (+11,0% a/a), les équipements ménagers (+5,9%) et la restauration-hôtellerie (+6,3%). Les prix à la production ont poursuivi leur envolée au printemps (+45,1% a/a en avril). Bien que partiellement absorbée par les marges des entreprises, cette hausse sera répercutée aussi sur les prix de vente et les prix à la consommation.
Hausse modérée des salaires
Les salaires ont enregistré une hausse importante au T1 (+4,3% a/a selon l’INE), mais une boucle prix-salaire ne s’est jusqu’ici pas véritablement matérialisée. En effet, cette augmentation résulte principalement d’effets d’entrainement liés à la revalorisation du salaire minimum interprofessionnel (SMI) sur les grilles salariales les plus basses. Le SMI a été revalorisé de 3,6%, à EUR 1000, en janvier. À l’exception de trois secteurs (énergie, information et communication, finance et assurance), l’ensemble des branches d'activité enregistrent des hausses de salaires, celles-ci étant particulièrement marquées dans l'hôtellerie. Le salaire de base moyen dans cette branche (EUR 1120,16 mensuels au T1 2022) est le plus proche du SMI et les salaires ont augmenté de deux tiers (68,4%) par rapport au T1 2021. La hausse des salaires est donc pour le moment principalement le résultat des mesures gouvernementales, plutôt que des décisions des entreprises, même si dans certains secteurs, comme l’hôtellerie, le manque de main d’œuvre contribue aussi à tirer les rémunérations vers le haut. De plus, un quart seulement des travailleurs est couvert par une clause permettant de réviser, totalement ou partiellement, les salaires en fonction de l’inflation.[1]
Dans ce contexte, le soutien de l’État aux ménages et aux entreprises (EUR 17 mds jusqu’à présent, hors bouclier tarifaire[2]) pourrait se renforcer au cours de l’été. Un prolongement des réductions de taxes sur les produits énergétiques, qui expirent pour l’heure en juillet, est probable. L’introduction d’une taxe extraordinaire sur les fournisseurs d’énergie, similaire à celle mise en place en Italie, est aussi envisagée.