Comparativement aux autres pays européens, la Norvège est bien moins touchée par la montée de l’inflation (+6,2% en mai 2022 sur un an, contre 8,1% en zone euro). Malgré une inflation plus modérée, le gouvernement a mis en place plusieurs mesures de soutien au pouvoir d’achat : subventions directes, réduction des taxes sur l’électricité, augmentation des allocations logement. Le coût total de ces mesures devrait frôler NOK 9 mds (soit EUR 860 mns). Le taux de chômage norvégien évolue, par ailleurs, à un niveau très bas (2,9% en mars 2022) et la hausse sensible du nombre d’emplois vacants (+41,4% a/a au T1) accroit le pouvoir de négociation des salariés.
Les organisations syndicales et les dirigeants d’entreprises anticipent une hausse des salaires de 4% en 2022 d’après l’enquête trimestrielle de la Banque centrale du T2 2022 (NorgesBank). Grâce à une détérioration limitée du pouvoir d’achat, la consommation des ménages conserve une bonne dynamique (+0,6% m/m en avril), et dépasse très largement son niveau d’avant-crise (+4,8% par rapport à fin 2019).
Face aux pressions inflationnistes, la NorgesBank a été une des premières banques centrales à entamer une normalisation de sa politique monétaire. Alors que son taux directeur était à 0% jusqu’en septembre 2021, elle a depuis opéré trois hausses de 25 points de base (pb). Mais compte tenu de l’accélération plus rapide que prévu des prix, l’institut national de statistique (SSB) s’attend à une hausse inédite de 50 pb à la fin du mois de juin (plus forte hausse depuis une décennie). Pour être en ligne avec son objectif de stabilité des prix, soit une inflation sous-jacente proche de 2% à moyen terme, la Banque centrale a d’ores et déjà annoncé que son taux de dépôt devrait atteindre 2,5% à la fin 2023. Dans le même temps, le gouvernement a déclaré qu’il ferait aussi sa part du travail pour contenir l’inflation en limitant l’augmentation des dépenses publiques. Cela passera notamment par la suspension de plusieurs projets de construction. La Norvège se distingue ainsi par une coordination du levier monétaire et budgétaire (Policy Mix) tandis que la plupart des pays européens engagent encore des mesures de soutien.