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Eco Perspectives // 3 trimestre 2022 - Achevé de rédiger le 20 juin 2022
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NORVÈGE
EN RÉPONSE À L’INFLATION, UN RESSERREMENT MONÉTAIRE ET BUDGÉTAIRE COORDONNÉ
Après avoir été pénalisée par le variant Omicron, l’activité économique est repartie à la hausse dès le mois de février
et devrait continuer de progresser, permettant à la croissance d’atteindre 4% en 2022. À son corps défendant, la
Norvège est la grande gagnante de la guerre en Ukraine grâce à la hausse substantielle de ses rentes pétro-gazières
qui devraient atteindre NOK 1 500 mds en 2022 (environ EUR 143 mds). Malgré une inflation plus modérée que dans
les autres pays européens, la Banque centrale norvégienne s’est dite déterminée à resserrer autant que nécessaire
les conditions monétaires pour casser la dynamique inflationniste. Pour ramener l’inflation à sa cible, la NorgesBank
prévoit de relever, progressivement, son taux de dépôt jusqu’à 2,5% d’ici la fin 2023.
La Norvège a été sévèrement touchée par le variant Omicron en dépit
des mesures sanitaires préventives mises en place fin 2021. L’activité
CROISSANCE ET INFLATION
a pâti de ces restrictions et le PIB mainland (hors activités pétrolières)
a baissé de -1% (m/m) au mois de janvier avant de se redresser en
Croissance du PIB, %
Inflation, %
Prévisions
février (+0,6% m/m), puis en mars (+1,2% m/m). Sur l’ensemble du
er
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trimestre 2022, le PIB a reculé de -0,6% t/t mais il reste bien su-
Prévisions
périeur à son niveau d’avant-crise (à hauteur de 2,7%). En tant que
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4.6
producteur d’énergie (8 producteur mondial de gaz naturel, 15 pro-
ducteur mondial de pétrole), la Norvège est très peu dépendante de la
Russie (moins de 8% de sa consommation d’énergie) et, par extension,
elle est peu touchée, de ce point de vue, par le conflit russo-ukrainien.
Le pays fait même figure, à son corps défendant, de grand gagnant de
cette crise, car il bénéficie à la fois des hausses des prix de l’énergie
et de nouvelles commandes de la part des pays souhaitant diversifier
leurs approvisionnements. La banque Nordea estime que les revenus
pétro-gaziers devraient atteindre presque NOK 1 500 mds en 2022 (soit
environ EUR 143 mds).
4.0
3.9
3
.5
3.3
2.3
2
.1
1.2
2021
2022
2023
2024
2021
2022
2023
2024
Comparativement aux autres pays européens, la Norvège est bien
moins touchée par la montée de l’inflation (+6,2% en mai 2022 sur un
an, contre 8,1% en zone euro). Malgré une inflation plus modérée, le
gouvernement a mis en place plusieurs mesures de soutien au pou-
voir d’achat : subventions directes, réduction des taxes sur l’électricité,
augmentation des allocations logement. Le coût total de ces mesures
devrait frôler NOK 9 mds (soit EUR 860 mns). Le taux de chômage nor-
végien évolue, par ailleurs, à un niveau très bas (2,9% en mars 2022)
et la hausse sensible du nombre d’emplois vacants (+41,4% a/a au
T1) accroit le pouvoir de négociation des salariés. Les organisations
syndicales et les dirigeants d’entreprises anticipent une hausse des
salaires de 4% en 2022 d’après l’enquête trimestrielle de la Banque
centrale du T2 2022 (NorgesBank). Grâce à une détérioration limitée
du pouvoir d’achat, la consommation des ménages conserve une bonne
dynamique (+0,6% m/m en avril), et dépasse très largement son niveau
d’avant-crise (+4,8% par rapport à fin 2019).
GRAPHIQUE 1
SOURCES : OCDE, BNP PARIBAS
NORVÈGE : INDICATEURS D’ACTIVITÉ
g.a., %
10
PMI composite
PIB réel continental (é.d.)
65
60
55
50
45
8
6
4
2
0
-
-
-
-
2
4
6
8
Face aux pressions inflationnistes, la NorgesBank a été une des pre-
mières banques centrales à entamer une normalisation de sa politique
monétaire. Alors que son taux directeur était à 0% jusqu’en septembre
40
35
-10
2
021, elle a depuis opéré trois hausses de 25 points de base (pb). Mais
2017
2018
2019
2020
2021
2022
compte tenu de l’accélération plus rapide que prévu des prix, l’institut
national de statistique (SSB) s’attend à une hausse inédite de 50 pb
à la fin du mois de juin (plus forte hausse depuis une décennie). Pour
être en ligne avec son objectif de stabilité des prix, soit une inflation
sous-jacente proche de 2% à moyen terme, la Banque centrale a d’ores
et déjà annoncé que son taux de dépôt devrait atteindre 2,5% à la fin
SOURCES : NIMA/DNB MARKETS, STATISTIQUES DE NORVÈGE,
BNP PARIBAS
GRAPHIQUE 2
2
023. Dans le même temps, le gouvernement a déclaré qu’il ferait aussi
Anthony Morlet-Lavidalie
sa part du travail pour contenir l’inflation en limitant l’augmentation
des dépenses publiques. Cela passera notamment par la suspension
de plusieurs projets de construction. La Norvège se distingue ainsi par
une coordination du levier monétaire et budgétaire (policy mix) tandis
que la plupart des pays européens engagent encore des mesures de
soutien.
anthony.morletlavidalie@bnpparibas.com
(
avec la collaboration de Romane Surel, alternante)
La banque
d’un monde
qui change