L’Allemagne fait partie des pays de la zone euro les plus touchés par le conflit russo-ukrainien, ce qui se traduit par de faibles perspectives de croissance et une inflation élevée. Le PIB allemand progresserait d’à peine +1,3 % en 2022, contre +2,5 % pour la zone euro. En moyenne annuelle, le PIB resterait inférieur de 0,9 % à son niveau de fin 2019. En parallèle, l’inflation atteindrait +8,1 % en 2022, sous le poids des prix de l’énergie. Entre la hausse du salaire minimum promise par le gouvernement et les revalorisations attendues dans de nombreuses branches, la croissance des salaires devrait fortement accélérer en 2022, mais serait insuffisante pour compenser le choc inflationniste.
L’Allemagne a sensiblement réduit ses importations d’énergie provenant de Russie (d’environ 35 % depuis le début du conflit), en augmentant les livraisons de gaz naturel venues de Norvège et des Pays-Bas, ainsi que les importations de gaz naturel liquéfié (GNL). Néanmoins, les difficultés d’approvisionnement et le contexte géopolitique pèsent lourdement sur son économie.
Bien que le PIB ait enregistré une légère croissance (+0,2 % t/t) au T1 2022 tirée entièrement par l’investissement, la consommation des ménages et le solde commercial se sont repliés et portent tous deux les marques de la guerre en Ukraine. Les perspectives pour le T2 sont dégradées. La consommation a décroché en avril (-5,4 % m/m pour les ventes au détail) et le commerce extérieur s’enlise. L’indicateur avancé de l’institut de Kiel suggère que le solde commercial chuterait au T2 à un plus bas depuis deux décennies.
Enfin, l’activité future attendue par les chefs d’entreprise est très faible : les dirigeants interrogés par l’IFO ou les analystes sondés par le ZEW sont clairement pessimistes (avec un solde d’opinions de, respectivement, -17,8 en mai et -27,6 en juin). Il en va de même des attentes des ménages (-9,3 en mai) (cf. graphique 2).