e
Eco Perspectives // 3 trimestre 2022 - Achevé de rédiger le 20 juin 2022
economic-research.bnpparibas.com
1
2
BELGIQUE
EN ATTENDANT LE REBOND
Le PIB belge a progressé de 0,5% au premier trimestre 2022, tandis que l’inflation continue de battre des records. La
confiance des ménages a été mise à mal au début de l’invasion russe en Ukraine, ce qui pourrait plomber la crois-
sance du PIB belge. L’indexation des salaires devrait atténuer l’impact de l’inflation sur la consommation du secteur
privé au détriment de la compétitivité des entreprises belges. Dans un environnement de hausse des taux, l’assainis-
sement budgétaire demeure essentiel.
LePIBbelgeaenregistréunecroissancetrimestriellede0,5%auT12022,
portée par un rebond de l’investissement et de la consommation privée.
Toutefois, les pressions sur les prix et les incertitudes géopolitiques
CROISSANCE ET INFLATION
pèsent fortement sur les perspectives économiques. Le PIB devrait
rester atone au cours de l’été et il ne repartirait à la hausse qu’à la
fin de l’année, lorsque l’inflation aura atteint son point d’inflexion. La
croissance attendue de 2,3% sur l’ensemble de l’année semble attester
de la vigueur de l’économie mais près de 2% de cette croissance est
attribuable à un effet de base élevé dû à la vigueur de la reprise en
Croissance du PIB, %
Inflation, %
Prévisions
Prévisions
8
.8
6
.2
2
021. Nous tablons sur une normalisation progressive de la croissance
du PIB et de l’inflation vers la fin 2023.
3.4
3
.2
LES MÉNAGES PÉNALISÉS
2
.3
2
.0
1
.5
1
.2
L’IPC a progressé de 9,9% a/a en mai, un record historique. L’IPCH pour
le même mois devrait battre le record de février, l’estimation flash
s’établissant actuellement également à 9,9%. Pour l’heure, les prix
de l’énergie restent la cause principale de cette évolution. Toutefois,
les prix des denrées alimentaires sont également en forte augmenta-
tion, avec une hausse de 1% en moyenne par mois depuis le début de
l’année. L’inflation sous-jacente devrait atteindre son point haut juste
après la fin de l’été.
2
021
2022
2023
2024
2021
2022
2023
2024
GRAPHIQUE 1
SOURCES : COMPTES NATIONAUX, BNP PARIBAS FORTIS
d’utilisation élevés, seront sans doute en mesure d’accroître leurs ca-
pacités de production à court terme.
Tous les ménages ne sont pas pénalisés dans la même proportion par
la hausse des prix. Une étude récente de la banque centrale (BNB) Les coûts salariaux horaires pourraient connaître une augmentation de
montre que pour les ménages du quintile de revenu le plus bas, le taux 12% sur la période 2022-2023, une évolution due presque entièrement
d’inflation est supérieur de 1% à celui des quintiles les plus élevés, au mécanisme d’indexation salariale. Sur la même période, on pourrait
bien que certaines mesures, telles que les tarifs sociaux, aient permis assister à une détérioration d’environ 5% de l’écart salarial avec la
d’atténuer les effets de l’inflation. La BNB souligne que l’accroissement France, l’Allemagne et les Pays-Bas.
du revenu réel restera positif en 2022 grâce à la hausse de l’emploi. Le
Une étude récente de la BNB sur les micro-entreprises belges fournit
revenu réel par habitant devrait toutefois rester atone. Contrairement
une estimation de la capacité des entreprises à répercuter la hausse
à la situation qui prévaut globalement dans la zone euro, les salaires
des coûts sur leurs prix. Elle est estimée à 60% et elle est généralement
réels en Belgique devraient enregistrer une hausse significative (4,5%)
plus élevée pour les entreprises sensibles aux coûts énergétiques. La
sur 2022-2024, dont la majeure partie aura lieu en 2023.
majorité des entreprises belges qui participent à l’enquête de confiance
L’épargne cumulée (forcée) est principalement détenue par les mé- des entreprises signalent également leur intention de relever leurs prix
nages à haut revenu. Or, ceux-ci ne devraient pas contribuer beaucoup de vente au cours des trois prochains mois. Au total, les marges bénéfi-
à la consommation du fait de leur plus forte propension à épargner.
ciaires devraient diminuer quelque peu, mais rester supérieures à leur
moyenne à long terme sur l’ensemble de la période de prévision, ce
qui est favorable à l’investissement et peut aussi expliquer le nombre
encore contenu des faillites.
À court terme, la situation actuelle devrait déprimer la consommation.
Malgré le retour aux niveaux pré-covid des dépenses nominales en mai
(
d’après nos indicateurs internes), la situation reste préoccupante. En
volume, la consommation privée, première composante du PIB total, Les perspectives demeurent négatives du point de vue des finances
reste en deçà de son niveau pré-pandémie, et nous prévoyons une nou- publiques. Les mesures de soutien des revenus visant à lutter contre la
velle détérioration en raison de la perte de pouvoir d’achat, avant une hausse des prix de l’énergie, le coût de la campagne de rappel vaccinal
stabilisation à la fin de l’année.
et les dépenses liées aux réfugiés ukrainiens ont contribué à la hausse
des dépenses publiques. Le déficit ne devrait pas être ramené en deçà
du seuil de 3% en 2023. Un nouvel assainissement budgétaire est tou-
tefois nécessaire, la hausse des taux d’intérêt ayant cessé d’être une
ENTREPRISES : L’INVESTISSEMENT DEVRAIT CROÎTRE
Les investissements des entreprises non financières ont progressé de perspective lointaine.
presque 3% au T1 2022. Cette dynamique devrait perdurer, un nombre
plus faible d’entreprises évoquant les pénuries de main-d’œuvre ou
d’équipements comme un frein à la production. Plus particulièrement,
les entreprises du secteur manufacturier, qui connaissent des taux
La banque
d’un monde
qui change