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Eco Perspectives // 3 trimestre 2022
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ITALIE
UNE REPRISE DE MEILLEURE QUALITÉ DANS UN MONDE PLUS COMPLEXE
À la différence des précédentes récessions, l’économie italienne a déjà rattrapé le terrain perdu en 2020. L’acquis
de croissance pour 2022 s’élève à 2,6 % après que le PIB ait progressé de 0,1% au T1 2022. En glissement annuel,
la croissance a dépassé les 6 %. La valeur ajoutée du secteur de la construction a continué de croître, l’activité
manufacturière a reculé et l’activité dans les services a continué de stagner. La reprise économique est principalement
tirée par la vigueur de l’investissement. La consommation privée a décliné, les ménages italiens demeurant
extrêmement prudents. Les importations ont connu une forte hausse, ce qui a ramené le solde courant en territoire
négatif. En 2021, la reprise économique a été moins soutenue dans les régions du Sud du pays.
Au T1 2022, le PIB réel a peu progressé, de 0,1% t/t mais, mesurée en
glissement annuel, la croissance affiche un résultat bien plus flatteur,
CROISSANCE ET INFLATION
dépassant les 6%. Contrairement aux précédentes récessions, l’écono-
mie italienne a déjà rattrapé le terrain perdu en 2020. L’acquis de crois-
Croissance du PIB, %
Inflation, %
Prévisions
sance pour 2022 est de 2,6%. Au début de 2022, le secteur des services
a été déprimé par l’aggravation de la pandémie, se traduisant par une
stagnation de la valeur ajoutée et une baisse du chiffre d’affaires des
secteurs de l’hébergement et de la restauration. Les recettes liées aux
déplacements internationaux ont augmenté, mais elles demeurent très
en deçà de leur niveau pré-covid. Les goulets d’étranglement du côté
de l’offre et la forte hausse des cours des matières premières ont conti-
nué de peser sur l’activité industrielle. Au T1 2022, la valeur ajoutée de
l’industrie manufacturière a ainsi chuté de presque 1%. Celle du secteur
de la construction a, en revanche, connu une nouvelle hausse.
Prévisions
7
.7
6
.6
4.5
2
.8
2
.0
1.9
1
.8
1.8
En Italie, la reprise économique est liée principalement à la vigueur
de l’investissement. Ce dernier a augmenté de plus de 3% en moyenne
sur une base trimestrielle depuis le début de 2021, soutenu par les
incitations fiscales et des conditions financières encore favorables. Au
T1 2022, l’investissement a ainsi dépassé d’environ 15% son niveau du
T4 2019. Le taux d’investissement a augmenté, dépassant 21%, mais il
reste en deçà du niveau de l’Allemagne ou de la France.
Au T1 2022, la consommation a chuté de 0,8%, après avoir stagné au
T4 2019. Au début de 2022, la confiance des ménages s’est détério-
rée sur fond de résurgence de la pandémie et dégradation du scénario
mondial. Les ménages sont restés extrêmement prudents, ce qui s’est
traduit par une nouvelle hausse de l’épargne de précaution, comme en
atteste le stock de dépôts bancaires qui atteint près de EUR 1 180 mds,
soit EUR 15 mds de plus qu’en décembre 2019. Compte tenu de la
progression encore modérée des salaires, la hausse de l’inflation a da-
vantage affaibli le pouvoir d’achat, les ménages à bas revenus subis-
sant plus fortement la hausse du prix des denrées alimentaires et de
l’énergie.
2021
2022
2023
2024
2021
2022
2023
2024
GRAPHIQUE 1
SOURCE : BNP PARIBAS GLOBAL MARKETS
inférieur de 10% au niveau de 2007, tandis que celui de l’Italie centrale
et de l’Italie du nord était inférieur de seulement 2%. La pandémie a
eu une incidence similaire sur les régions du centre et du nord et sur
celles du sud. D’après les dernières estimations disponibles, la reprise
de 2021 a toutefois été moins vigoureuse dans le sud du pays. La di-
vergence entre les deux zones est particulièrement évidente si l’on re-
garde le marché du travail : en 2020 (dernière année pour laquelle une
comparaison est possible), le taux d’emploi de la population masculine
était de 74,1 % dans le nord et de 70,4% dans le centre, tandis que dans
le sud, il était d’environ 56% ; pour les femmes, les valeurs étaient de
5
9%, 55,2% et de 32,5%. Dans le sud, le taux d’inactivité atteint un ni-
veau spectaculaire de 60% chez ces dernières. Au cours de la dernière
Au T2 2022, la contribution du commerce extérieur a été négative décennie, le secteur des entreprises s’est également affaibli dans les
(
-0,3%). La valeur des importations énergétiques a atteint EUR 27 mds, régions méridionales : les entreprises y sont en moyenne plus petites
contre EUR 10 mds au T1 2021, et celle des biens intermédiaires s’est (2,9 employés contre 4,3 en moyenne), et elles accusent un retard dans
établie à EUR 56 mds. Le solde courant a enregistré un déficit de EUR les technologies numériques.
8
,6 mds, contre un excédent de EUR 7,5 mds un an plus tôt, la balance
Une utilisation efficace des ressources fournies par le Plan national de
relance et de résilience (PNRR), le volet italien du plan européen de
relance, pourrait contribuer à réduire l’écart entre le nord et le sud de
l’Italie. Ces ressources, ainsi que celles du fonds complémentaire, des
fonds structurels et du Fonds de développement et de cohésion, repré-
sentent environ EUR 200 mds à la disposition de régions méridionales
jusqu’en 2030.
des biens passant d’un excédent de EUR 13 mds à un déficit de EUR
3
,7 mds tandis que le déficit de la balance des services est resté in-
changé.
LE FOSSÉ NORD-SUD
La situation actuelle masque des tendances très divergentes entre les
différentes régions. Durant la décennie qui a précédé la pandémie,
l’écart entre les régions du centre et du nord et celles du sud s’est
creusé. La dépendance plus grande à la demande intérieure et aux dé-
penses publiques de l’économie méridionale a contribué à cet écart
de performance. En 2019, le PIB réel des régions du sud était encore
Achevé de rédiger le 17 juin2022
Paolo Ciocca
Simona Costagli
La banque
d’un monde
qui change