VENTES RÉALISÉES PAR LES FILIALES JAPONAISES À L’ÉTRANGER (EN % DES VENTES TOTALES)*Au moment où le débat autour du concept de démondialisation prend de l’ampleur, il est intéressant de se pencher sur le cas du Japon où beaucoup d’entreprises industrielles ont fait le choix de s’implanter à l’étranger. Le sujet est d’actualité, étant donné la baisse significative du yen et les tensions géopolitiques grandissantes en Asie. Ces facteurs pourraient aller dans le sens d’une réorganisation des outils de production japonais à moyen et long terme.
Au cours des dernières décennies, les entreprises manufacturières japonaises ont développé une partie plus importante de leurs activités à l’étranger. Selon les premières estimations du ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie (METI), les ventes réalisées par leurs filiales à l’étranger s’élevaient, en 2021, à Y132 trilliards (USD1 trilliard).
C’est près d’un quart (22,3%) des ventes totales des entreprises japonaises, si l’on additionne les ventes des filiales à l’étranger avec celles réalisées par les entreprises japonaises implantées sur le territoire national (cf. graphique 1).[1] La progression au cours des trente dernières années est impressionnante, puisque leur part n’atteignait que 10% au début des années 2000 et 5% en 1990. Elle s’est néanmoins stabilisée depuis 2014.
Plusieurs facteurs ont incité les entreprises japonaises à renforcer leur présence à l’étranger. L’appréciation progressive du yen, entre le début des années 1980 et 2012 (date du lancement du programme Abenomics et d’une nouvelle phase de dépréciation de la devise japonaise)[2], a constitué un premier élément clé, mais ce n’est pas la seule explication.
Selon une enquête du METI conduite en juillet 2018[3], les entreprises ont souhaité se rapprocher des marchés locaux où la « demande est soutenue, ou espérée le devenir » (taux de réponse à 68,6%) afin de compenser une croissance de la demande structurellement faible au Japon[4]. Le coût et la qualité de la main d’œuvre étrangère ont joué un rôle moindre selon ce même sondage (16,0%). L’extension des chaînes de production mondiales et l’imbrication de l’économie japonaise dans celles-ci ont également motivé l’implantation de l’activité hors des frontières.