Rebond timide
Après avoir enregistré une relative bonne performance au T4 2020 par rapport aux autres économies développées, le Japon a connu un 1er semestre 2021 difficile. Le PIB nippon a baissé de 1% au T1 2021 et il pourrait diminuer légèrement à nouveau au T2. Le rebond anticipé à partir du 3e trimestre est réel mais timide. À partir de 2022, l’économie japonaise ralentirait de manière marquée et convergerait vers son rythme potentiel, structurellement faible. Au total, la croissance annuelle serait de 2,2% en 2021, après -4,7% en 2020, puis elle accélèrerait en 2022 à 3,3%. Le niveau d’activité d’avant-crise serait, comme en zone euro, rattrapé au T4 2021. En 2022, le Japon prendrait du retard par rapport aux autres pays développés (cf. graphique 2). La principale raison aux difficultés japonaises actuelles est la lenteur de la campagne de vaccination. Même si celle-ci accélère depuis quelques semaines, la couverture vaccinale reste faible au Japon : environ 20% de la population a reçu une première dose contre près de 50% dans l’Union européenne. Ce retard pèse sur la confiance des consommateurs. Cette-dernière, après avoir rebondi après le point bas du printemps 2020, reste à un niveau inférieur à celui d’avant la pandémie et baisse une nouvelle fois en mai. Une certaine inquiétude émerge également parmi les Japonais concernant l’ouverture des Jeux Olympiques en juillet. Ces éléments n’augurent pas une forte reprise de la consommation privée, qui a déjà baissé au T1 2021. Sur le front des entreprises, la situation reste également difficile. Même s’il reprend quelques couleurs, le niveau d’investissement des entreprises nippones reste bas relativement à celui d’avant-crise et les dernières données conjoncturelles envoient des signaux très mitigés. Dans les services marchands, l’indice des directeurs d’achats (Purchasing Managers Index, PMI) ne parvient pas à dépasser le seuil des 50, qui indiquerait une expansion, depuis l’éclatement de la crise pandémique. Dans le secteur manufacturier, la situation économique s’améliore plus nettement, même si le PMI du secteur a baissé en juin à 51,5, après 53 en mai. L’indice Tankan au T2 2021 continue de s’améliorer pour les grandes entreprises manufacturières tandis que l’indice pour le secteur non-manufacturier est repassé légèrement en territoire positif pour la première fois depuis début 2020.
Avec une inflation qui resterait proche de 0%, malgré la reprise, la Banque du Japon (BOJ) restera au chevet de l’économie en 2021 et 2022. Elle a toutefois récemment déjà freiné ses rachats de titres de type ETF. La BoJ pourrait restimuler ses opérations en cas de fortes détériorations des conditions de marché.
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