L’impulsion du crédit a reculé en septembre, modérément pour les ménages, beaucoup plus sensiblement pour les sociétés non financières (SNF). Pour ces dernières, l’impulsion du crédit n’a jamais été aussi basse depuis le début des mesures d’achats d’actifs par la BCE au début de 2015.
Les récentes enquêtes de conjoncture, comme celles réalisées auprès des directeurs d’achats (PMI), suggèrent une stabilisation générale du climat des affaires en octobre. Après une tendance prolongée à la baisse, cette évolution est la bienvenue. Cependant, au vu des données historiques, les derniers chiffres sont bas, voire très bas pour ce qui est du secteur manufacturier, reflétant un environnement de croissance toujours atone. À terme, la stabilisation de l’évolution de ces enquêtes devrait renforcer la probabilité d’une accélération de la croissance : avec la diminution de la fréquence des mauvaises nouvelles, la confiance devrait finalement rebondir, entraînant une hausse des dépenses, d’autant plus que les conditions financières et monétaires sont très accommodantes.
Les prix des actifs peuvent jouer un rôle important dans l’évaluation des perspectives économiques. La forte baisse des rendements des bons du Trésor américain au mois d’août a soulevé des inquiétudes, mais une estimation en temps réel indique une croissance pour le troisième trimestre satisfaisante aux Etats-Unis. Cela signifierait que l’incertitude accrue liée au différend commercial avec la Chine aurait entraîné une fuite vers des actifs sûrs et une baisse des taux d’intérêt à long terme. Les fluctuations dans la communication sur le différend commercial influent sur l’incertitude des investisseurs, et donc sur les primes de risque. Cela réduit la qualité du signal des prix des actifs, qui peut finir par peser sur l’économie réelle.
Depuis octobre 2017, la Réserve fédérale (Fed) ne réinvestit plus intégralement les tombées de dette sur son portefeuille de titres. En d’autres termes, elle procède à des ventes nettes de titres (tapering). Au 26 juin dernier, sa détention de titres du Trésor américain avait fondu de USD 355 mds, celle de titres de dette et de MBS* d’Agences de USD 249 mds. Le dégonflement du bilan de la Fed a des effets notables sur les taux monétaires, en raison des tensions qu’il crée sur la liquidité banque centrale. Or, ces tensions se sont renforcées depuis l’automne dernier, la baisse des rendements ayant réduit l’appétence des investisseurs pour les titres du Trésor
De 2008 à 2013, la zone euro a connu une baisse marquée de l’investissement. Un redressement tardif a été observé à partir de 2014, mais l’investissement total reste inférieur à son niveau d’avant-crise. Des disparités existent entre les pays. Le taux d’investissement a par exemple nettement baissé après la crise en Espagne alors qu’il a augmenté en France. Par ailleurs, la part de l’investissement dédiée aux actifs intangibles, notamment à la recherche et au développement, progresse au détriment des actifs matériels.
Le graphique (a) montre la dynamique à court terme des investissements nets de portefeuille (actions et obligations) des non-résidents à la suite des élections au Brésil, au Chili, en Colombie et au Mexique. Au Brésil, un rebond a eu lieu après les élections. Il fait suite à une période d’aversion au risque accrue du fait de la grève des routiers (mai 2018) et des ventes massives sur les marchés émergents (août/septembre 2018). La confiance envers le pays demeure toutefois très fragile, en témoignent les positions nettes vendeuses des non-résidents sur 12 mois glissants au cours des dernières années (graphique b). Les achats nets d’actifs sont également devenus positifs après les élections en Colombie et au Mexique
L’indice de l’incertitude de la politique économique, basé sur la couverture médiatique de cette thématique, est en forte hausse depuis mi-2018 et dépasse même son plus haut atteint fin 2016. L’évaluation de l’incertitude du monde des affaires en Allemagne et aux Etats-Unis augmente également. Une troisième mesure de l’incertitude, la dispersion des rendements boursiers des actions individuelles, croît aussi aux Etats-Unis et dans une moindre mesure dans la zone euro.