La hausse de l’inflation semble être, de prime abord, une bonne chose pour les gouvernements. Après tout, l’inflation induit une érosion de la valeur réelle de la dette et abaisse le ratio de dette publique sur PIB, la valeur nominale de ce dernier augmentant. Cependant, l’impact de l’inflation sur les finances publiques dépend de l’anticipation de sa hausse par les marchés financiers et de sa persistance attendue. Ces deux facteurs influenceraient le coût de l’emprunt et, par conséquent, la dynamique du ratio de dette via la différence entre ce coût et la croissance nominale du PIB
Le Brésil a terminé l’année 2021 sur des bases plus solides qu’attendu mais le tableau économique reste fragile. L’activité progresse par à-coups, marquée par des freins internes (vague Omicron, aléas climatiques, élections) et un contexte extérieur plus dégradé (guerre en Ukraine, ralentissement des partenaires commerciaux, etc.). Dans le même temps, les pressions inflationnistes se renforcent et laissent craindre un prolongement du resserrement monétaire. Depuis le début de l’année, l’amélioration des termes de l’échange et le différentiel de taux avec les pays développés alimentent le rebond de la Bourse et la forte appréciation du real. Une nouvelle dissonance entre économie réelle et appréciations des marchés financiers.
Depuis son lancement, le programme d’achat d’actifs de la Banque centrale européenne a eu un impact significatif sur les marchés financiers, l’activité économique et l’inflation, à travers divers canaux de transmission. Ces derniers mois, les doutes concernant les effets positifs d’achats d’actifs supplémentaires et les inquiétudes au sujet de possibles conséquences négatives grandissent. Dans ce contexte, la BCE a décidé de rompre le lien entre la fin des achats et la remontée des taux directeurs, une décision qui permet d’accroître l’optionalité de la politique du Conseil des gouverneurs. Les dernières projections macroéconomiques de la zone euro nous rappelle la forte incertitude actuelle. Par conséquent, la politique monétaire ne peut être que dépendante aux données.
La guerre en Ukraine a fait s’envoler les prix des matières premières, ce qui pèsera sur la croissance du PIB. Sans surprise, l’idée d’un possible retour de la stagflation gagne du terrain comme en témoigne le nombre croissant de médias y faisant référence. La stagflation est un phénomène pluriannuel de forte inflation et de chômage élevé. Bien que l’inflation soit actuellement forte, les autres conditions ne sont pas réunies. Il est utile de suivre l’évolution des marchés financiers afin de déterminer si le risque de stagflation est en hausse, notamment en comparant l’évolution du point mort d’inflation et de l’écart de taux entre obligations d’entreprise à haut rendement et les obligations d’État
Face au choc de la guerre en Ukraine et contrairement à l’Union européenne, dont la dépendance énergétique à la Russie reste forte, les États-Unis ne sont pas les plus exposés. Premiers producteurs d’hydrocarbures, ils peuvent même pallier, au moins en partie, le déficit de production russe. Mais dans un contexte général plus incertain, donc moins propice à la dépense, ils ne sont pas non plus immunisés. Au-delà du retournement boursier, quelques indices du climat des affaires comme celui de la Réserve fédérale de Philadelphie ou encore l’Empire manufacturing index témoignent déjà d’une conjoncture moins euphorique.
Le conflit qui touche l’Ukraine affecte l’économie de la zone euro à travers différents canaux : une incertitude accrue, la volatilité des marchés financiers, la baisse des exportations, la hausse des prix du pétrole, du gaz et d’autres matières premières. Si les canaux de transmission à l’économie sont connus, l’ampleur de l’impact ne l’est pas. Les analyses contrefactuelles des hausses des prix du pétrole et du gaz en 2021 peuvent servir de référence. Néanmoins, la nature géopolitique du choc réduit la fiabilité des estimations basées sur de modèles économétriques. En outre, d’autres canaux peuvent affecter la croissance économique. On peut craindre que plus la crise durera et plus les conséquences économiques seront importantes
Dans la zone euro, certains spreads souverains ont tendance à se creuser quand le rendement des obligations d’État allemandes augmente. Cette corrélation positive perdure tant qu’il y a suffisamment d’investisseurs pour penser que cette relation maintes fois observée dans le passé se poursuivra. L’écartement des spreads constaté ces dernières semaines l’a encore démontré. C’est un défi pour les gouvernements, car il entraîne une hausse des coûts d’emprunt, mais aussi pour la BCE, car cela affecte la transmission de la politique monétaire. C’est pour cela que la banque centrale insiste sur la flexibilité des réinvestissements au titre du PEPP.
La dernière conférence de presse de Christine Lagarde montre l’évolution assez significative de la position du Conseil des gouverneurs de la BCE en matière de perspectives d’inflation. Depuis la réunion de décembre dernier, les risques à la hausse ont augmenté, ce qui préoccupe les membres du Conseil. Les marchés financiers y ont vu le signal que la première remontée des taux pourrait avoir lieu plus tôt qu’attendu. Les rendements obligataires ont ainsi sensiblement augmenté. La forward guidance de la BCE, que l’on peut également considérer comme l’illustration de sa fonction de réaction, suggère de fixer les taux d’intérêt sur la base de règles et de conditions précises en termes de perspectives d’inflation et d’évolution récente des prix
Les dernières prévisions tablent sur des perspectives de croissance favorables en 2022, avec un recul de l’inflation dans le courant de l’année. Les incertitudes restent néanmoins élevées, et le risque subsiste que certaines variables économiques clés s’écartent des anticipations. Le principal enjeu « connu/inconnu » réside dans l’évolution de la pandémie. La croissance du PIB réel pourrait être plus forte qu’anticipé si l’inflation reflue plus vite que prévu. Le resserrement des conditions de financement, la multiplication des ruptures d’approvisionnement et une inflation plus durablement élevée constituent les principaux facteurs d’une possible révision à la baisse des prévisions de croissance.
Devant le Sénat américain, Jerome Powell a reconnu qu’il pouvait y avoir une inflation moins transitoire que ce que l’on avait pensé jusque-là, ce qui justifierait une réduction des achats d’actifs plus rapide. Malgré ce durcissement de ton, les bons du Trésor ont peu réagi. Cela pourrait refléter l’inquiétude des marchés sur l’évolution de la pandémie. Le nouveau variant Omicron constitue, en outre, un choc d’incertitude pour les ménages et les entreprises. Il vient s’ajouter à un choc d’offre négatif qui freine la demande. Cela rend la tâche des banques centrales plus complexe que jamais au moment de décider de l’ampleur du coup de frein monétaire qu’elles peuvent donner.
Les marchés anticipent un tour de vis monétaire dès la fin 2022. Une position que ne partage pas la BCE compte tenu de ses prévisions d’inflation. Cette divergence de point de vue pourrait refléter une perte de crédibilité de la banque centrale ou, plus vraisemblablement, un désaccord en matière de prévisions d’inflation entre cette dernière et les acteurs du marché. Autre explication possible : le focus des investisseurs sur les scénarios possibles d’inflation et leurs inquiétudes concernant les risques à la hausse de l’inflation.
La hausse significative de l’inflation dans la plupart des pays avancés devrait être transitoire. Il convient néanmoins d’examiner les conséquences possibles d’une inflation transitoire élevée sur la durée. Comment les entreprises, jusque-là hésitantes, répercuteront-elles la hausse des coûts sur les prix ? Quel sera l’impact sur les dépenses, mais aussi sur les revendications salariales ? Les anticipations d’inflation évolueront-elles à la hausse ? Quid de la sensibilité accrue du marché aux surprises concernant la croissance et l’inflation ? Sans oublier les craintes d’une modification de la fonction de réaction de la banque centrale
Une opération réussie de market timing entre actions et liquidités suppose un niveau de compétence élevé. Un pré-requis qui s’accentue avec la grande faiblesse des taux directeurs, par leur impact sur les taux du marché, qui dissuade les investisseurs de recourir à ce type d’opération. Il en est de même de l’assouplissement quantitatif.Ces questions jouent un rôle important du point de vue de la stabilité financière. La frilosité de plus en plus grande des investisseurs à l’égard de ces opérations réduit probablement la volatilité des marchés actions et conduit à un accroissement de la valorisation
Dans la première phase de l’assouplissement quantitatif, les marchés financiers considèrent que la forward guidance sur les rachats d’actifs et celle sur les taux directeurs sont étroitement liées. Cela génère un renforcement mutuel de ces deux instruments. Par la suite, la crainte que cet effet de signal agisse aussi dans l’autre sens peut se renforcer. La réduction des achats mensuels d’actifs peut être interprétée comme l’annonce d’un relèvement prochain des taux, une fois que les achats nets auront pris fin. Aux États-Unis, Jerome Powell a été très clair : une réduction progressive des achats d’actifs n’annoncerait pas un changement de perspective pour les taux des Fed funds
Près des 2/3 de la dette publique des pays d’Amérique centrale* est détenue par des non-résidents. Le Costa Rica dépend le moins de financements extérieurs. Le Nicaragua et le Panama en sont les plus dépendants – toutefois le profil de leurs créanciers est diamétralement opposé. Les engagements extérieurs du premier sont contractés quasi exclusivement auprès de créanciers publics (dette multilatérale ou bilatérale auprès de Taiwan par exemple) tandis que les ¾ de la dette externe du second est détenue par des créanciers privés (créanciers obligataires principalement). Cette part est comparable à celle de la République dominicaine – troisième plus gros émetteur d’obligations souveraines en Amérique latine en 2020
Les investisseurs étrangers ont fortement augmenté leurs achats de titres obligataires sur le marché local chinois depuis le T2 2020. Ces achats se sont concentrés sur les obligations souveraines. Ils détiennent ainsi actuellement seulement 3% du stock total d’obligations chinoises en monnaie locale, mais 10% des obligations émises par le gouvernement central. Le stock d’obligations locales détenues par les étrangers a augmenté de RMB 120 mds par mois en moyenne entre avril 2020 et février 2021, contre +RMB 41 mds au cours des douze mois précédents. Cette dynamique s’est soudainement interrompue en mars. Elle devrait reprendre à court terme, sans toutefois retrouver les niveaux d’achats de 2020
En 2020, le principal indice boursier brésilien - le B3 Ibovespa - s'est rapidement redressé après le choc de la pandémie de Covid-19. Après avoir atteint des sommets en janvier, l'indice a perdu 50% de sa valeur en mars avant de terminer l'année sur un gain de 3%. L'année s'est également terminée sur un nombre record d’introductions en Bourse (26 et près de USD 8 mds de fonds levés, un plus haut depuis 2007). Le produit de ces émissions a servi, dans l’ordre, à acquérir des actifs, alimenter des prises de participation en capital, couvrir des besoins en fonds de roulement, rembourser des dettes et investir dans les infrastructures. Des facteurs externes ont participé à ce rebond
Au premier semestre 2020, les ventes massives de bons du Trésor par les investisseurs étrangers (-USD 12 mds à partir de mars 2020) et, dans une moindre mesure, la baisse des recettes touristiques ont provoqué une chute des réserves de change de la banque centrale. Celles-ci ont baissé de USD 9 mds pour atteindre USD 36 mds en mai. En parallèle, la position extérieure nette des banques commerciales est passée d’un surplus de USD 7,2 mds à un déficit de USD 5,4 mds. Fin mai, la liquidité en devises du système bancaire restait acceptable puisque les réserves officielles équivalaient encore à 5,8 mois d’importations de biens et services
Le marché hypothécaire américain, qui fut l’épicentre de la crise financière de 2007-2008, n’a, pour l’heure, pas été réformé. Près de la moitié des 10 000 milliards de dollars de prêts à l’habitat sont garantis par l’État fédéral par le biais de deux sociétés privées (GSE), Fannie Mae et Freddie Mac, placées sous la tutelle d’une agence fédérale, la FHFA, depuis leur sauvetage en 2008. Depuis quelques semaines, les rumeurs selon lesquelles la FHFA chercherait à précipiter la fin de la tutelle des deux agences s’intensifient. Cette décision risquerait de restreindre l’accès des ménages au crédit hypothécaire en mettant fin prématurément au GSE Patch
La pandémie de Covid-19 a provoqué la plus grave récession de l’après-guerre en Allemagne. La chute brutale des recettes, combinée à des coûts qui ne s’ajustent qu’en partie seulement, a rapidement épuisé les réserves de trésorerie des entreprises. Celles-ci ont dû réduire les stocks, annuler des commandes et reporter des projets d’investissement, ce qui n’a fait qu’aggraver la récession. On pourrait être tenté de penser que l’investissement va retrouver vite sa dynamique, comme ce fut le cas après la Grande récession de 2008-2009, mais cela semble trop optimiste
Les indicateurs d’activité pour le mois de juillet attestent de la poursuite du redressement de l’économie chinoise, dont la croissance a déjà rebondi à +3,2% en glissement annuel au T2 2020 contre -6,8% au T1. La ré-accélération de la croissance de l’investissement depuis mars est principalement tirée par les infrastructures publiques, le secteur de la construction et l’immobilier, qui sont soutenus par les mesures de relance des autorités. L’investissement dans le secteur manufacturier s’est redressé plus lentement, contraint par les difficultés financières des entreprises, notamment des PME. Au second semestre 2020, l’investissement dans les infrastructures publiques devrait rester dynamique, aidé par une politique budgétaire toujours expansionniste
Confrontées à l’effondrement de leurs chiffres d’affaires lors du confinement, les sociétés non financières (SNF) françaises ont mobilisé des flux de financements record. Ceux-ci atteignaient, en cumul annuel et nets des remboursements, près de 208 milliards d’euros en juin 2020, soit 2,5 fois la moyenne annuelle constatée entre 2017 et 2019 (EUR 83 mds). Cette hausse des flux de financement a procédé principalement des crédits bancaires (EUR 118,5 mds au 30 juin, dont environ EUR 106 mds de prêts garantis par l’Etat depuis le 25 mars 2020) mais aussi des flux nets d’émissions de titres de dette (EUR 89 mds)
La pandémie de Covid-19 a fait s’envoler la plupart de nos indicateurs d’incertitude. En L’indicateur basé sur la couverture médiatique est, à présent, à un niveau record. Après une stabilisation à un niveau élevé, l’incertitude des entreprises allemandes a encore augmenté tandis que celle de leurs homologues américaines a enregistré un bond notable. L’indicateur de l’évolution du risque géopolitique fait figure d’exception...
Les pays de l'Eurogroupe sont parvenus à un accord portant sur 500 milliards d'euros supplémentaires - 4,2% du PIB de la zone euro - pour atténuer l'impact économique immédiat de la pandémie de Covid-19. Trois outils seront utilisés : le programme SURE pour soutenir temporairement les filets de sécurité nationaux, la BEI qui garantit des prêts aux entreprises - en particulier les PME - et un soutien via le Mécanisme de stabilité européen. Les travaux sur la création d'un fonds de relance pour dynamiser les investissements européens se poursuivront. Toute la difficilité sera de s'entendre sur son financement.
Les données récentes sur l’activité et la demande en Chine montrent l’ampleur du choc de l’épidémie de coronavirus. Les attentes des entreprises allemandes, qui ont connu une baisse mensuelle sans précédent en mars, en sont une autre illustration. La chute du prix du pétrole agit comme un frein supplémentaire à la croissance et accroît le risque de crédit.Le renforcement du dollar US préoccupe les émetteurs de pays émergents dont la dette est libellée en dollars. Malgré l’action rapide des grandes banques centrales et l’annonce d’un soutien budgétaire de plus en plus massif dans divers pays, les marchés boursiers ont à peine réagi. Le manque de visibilité domine.