La position nette vendeuse des hedge funds sur le marché à terme des titres du Trésor américain s’est considérablement élargie au cours de l’année. À la fin novembre, elle s’établissait à un niveau inédit de près de USD 800 milliards. Les gestionnaires d’actifs, désireux de se couvrir contre le risque de taux, ont, quant à eux, accru, leur position nette acheteuse.
Parmi les hedge funds, certains parient que la hausse des rendements des Treasuries va se poursuivre (et anticipent donc une baisse de la valeur future des titres), d’autres exploitent la différence de prix entre les marchés ferme et à terme (« cash-futures basis trade »). Cette seconde stratégie consiste à acheter des titres sur le marché ferme, financer cet achat en plaçant les titres en pension (repo), prendre une position courte sur le marché à terme, et, enfin, livrer les titres lorsque le contrat à terme arrive à échéance. Pour maximiser leurs gains, les hedge funds jouent l’effet de levier en empilant les positions. Or, en cas de sursaut de volatilité sur l’un des segments de marché, comme ce fut le cas en mars 2020, le dénouement simultané des positions peut propager le stress et perturber l’ensemble des marchés sur lesquels se négocient les Treasuries.
La résurgence de cette stratégie est confirmée par la progression des emprunts repo des hedge funds1, en particulier auprès des fonds monétaires via le « Sponsored service » de la Fixed Income Clearing Corporation (FICC)2. Ce service permet aux dealers de parrainer l’adhésion « indirecte » de certaines de leurs contreparties (fonds monétaires et hedge funds) à la FICC plutôt que de jouer les intermédiaires sur les marchés (triparty et bilatéral) sans compensation. Il leur permet ainsi d’alléger leurs bilans et d’économiser des fonds propres. La réallocation des avoirs des fonds monétaires3, provoquée par la remontée des taux de marché, semble donc avoir contribué aux arbitrages récents des hedge funds et préservé les capacités bilancielles des primary dealers.