La part des taux fixes dans le total des crédits nouveaux à l’habitat aux ménages espagnols se maintient à un niveau historiquement élevé : elle atteint 80% en juillet 2022 après un pic à 81% en juin 2022. C’est le résultat d’une inversion complète du modèle de financement de l’immobilier résidentiel en Espagne en une douzaine d’années, portée par le contexte de taux bas. Les taux fixes représentaient en effet une part très faible et relativement stable du total des crédits à l’habitat avant 2010 (11% en moyenne entre janvier 2003 et décembre 2009). Or, accroître leur proportion prémunit davantage d’emprunteurs contre l’augmentation des échéances découlant des hausses de taux et préserve leur solvabilité, ce qui est de nature à freiner la hausse du coût du risque pour les banques.
La poursuite de la normalisation politique monétaire pourrait renforcer à court terme l’attrait des taux fixes, a fortiori si les ménages anticipent une poursuite de la répercussion de la hausse des taux du marché obligataire sur ces derniers. Le phénomène pourrait être renforcé par l’inversion récente dans la hiérarchie entre taux fixes et taux variables. Cette dernière, de nature exceptionnelle, découle de la remontée rapide des taux du marché monétaire depuis le début de l’été, sous l’influence du resserrement imminent de la politique monétaire, dans un contexte où les craintes sur l’activité ont, au contraire, pesé sur les rendements obligataires.