L’inflation en zone euro a atteint le seuil des 10% a/a au mois de septembre selon l’estimation préliminaire d’Eurostat, un plus haut historique depuis que le taux d’inflation de la zone est mesuré. Les prix de l’énergie y jouent un rôle majeur (+40,8% a/a). En parallèle, la dynamique des prix alimentaires pèse de plus en plus, avec une hausse de 11,8% a/a de l’indice harmonisé (incluant également l’alcool et le tabac) au mois de septembre.
Une partie de cette hausse des prix alimentaires provient de l’impact de l’envolée des prix de l’énergie sur les coûts de production du secteur. Toutefois, des contraintes d’offre, du fait de difficultés de production, semblent également à l’œuvre. En effet, le secteur agroalimentaire dispose de stocks de produits finis nettement inférieurs à la normale, contrairement à d’autres secteurs de l’industrie manufacturière (qui ont profité du ralentissement de la demande durant ces derniers mois pour reconstituer leurs stocks).
Ce faible niveau des stocks dans l’industrie agroalimentaire reflète des contraintes d’approvisionnement. Celles-ci ont été accentuées par des difficultés de production à la suite de l’épisode de sécheresse qu’ont connu la plupart des pays de la zone euro au cours de l’été 2022.
En France, singulièrement, la hausse de la composante alimentaire de l’indice des prix s’est nettement accélérée au mois de septembre (9,9% a/a, selon l’indice calculé par l’Insee, contre 7,9% un mois auparavant), alors même que l’inflation alimentaire était restée nettement inférieure au reste de la zone euro jusqu’ici, bénéficiant du bouclier tarifaire sur les prix réglementés du gaz et de l’électricité.
L’inflation alimentaire devrait se poursuivre dans les prochains mois, tant en zone euro qu’en France, sous l’effet persistant de la hausse des prix de l’énergie, mais aussi parce que la demande en biens alimentaires est peu cyclique : elle devrait être relativement peu affectée par le risque de récession qui existe en zone euro. L’insuffisance de l’offre devrait donc durer tant que cette dernière ne rebondira pas, ce qui pèsera en retour sur l’inflation.