En septembre 2021, la légère accélération des encours de prêts aux sociétés non financières (SNF) dans la zone euro (+2,1% sur un an, contre +1,9% en juin) a interrompu la dégradation de l’impulsion du crédit bancaire (qui reflète la variation, sur un an, de la croissance annuelle de l’encours). Cette dernière demeure toutefois négative (-1,4% en septembre 2021, après -1,9% en juin) en raison d’un fort effet de base. Au printemps 2020, l’introduction des mesures de soutien à la trésorerie des entreprises par les gouvernements de la zone euro avait, en effet, conduit à une croissance exceptionnelle des encours de prêts bancaires aux SNF. À compter de mars 2021, la quasi-interruption des souscriptions de prêts garantis par les SNF et les premiers remboursements avaient freiné la progression des encours de crédits, provoquant une nette contraction de l’impulsion du crédit. En septembre, la croissance annuelle des encours de prêts aux SNF s’est plus particulièrement accrue en Allemagne (+3,4% contre +1,7% en juin) alors qu’elle se tassait en France (+2,8%, contre +3,5%) et en Italie (+0,8%, contre +3,8%) et reculait en Espagne (-1,8%, contre -1,5%).
Le fort dynamisme des encours de prêts aux ménages a perduré en septembre 2021 (+4,1% sur un an après +4% en juin). La faiblesse exceptionnelle des taux d’intérêt a continué de soutenir les encours de prêts à l’habitat (+5,5% sur un an) tandis que les encours de crédits à la consommation demeuraient stables (+0,4% sur un an). Les banques interrogées par la BCE dans le cadre de la Bank Lending survey (conduite entre les 20 septembre et 5 octobre 2021 et dont les résultats ont été publiés le 26 octobre) déclaraient un raffermissement de la demande de prêts à l’habitat dans les quatre grandes économies de la zone euro au troisième trimestre. La demande de crédits à la consommation était perçue comme étant en progression en Allemagne, Espagne et Italie, et stable en France.
En raison du rôle inhabituellement contracyclique joué par le crédit bancaire en 2020, et dans le prolongement des évolutions constatées aux deuxième et troisième trimestres, la poursuite de la reprise économique au dernier trimestre 2021 dans la zone euro (après un rebond du PIB réel de +14,2% en glissement annuel au T2 puis de +3,7% au T3) ne devrait pas s’accompagner d’un redémarrage des encours de crédit aussi prononcé qu’à l’accoutumée lors de cette phase du cycle. Pour le quatrième trimestre 2021, les banques interrogées par la BCE projetaient de resserrer, quoique modérément, leurs critères d’octroi pour la clientèle d’entreprises et les prêts à l’habitat. Les établissements de crédit tablaient, dans le même temps, sur une accélération de la demande de financements des entreprises. Des anticipations encourageantes donc, sous réserve que la recrudescence épidémique n’impose pas un renforcement des mesures de restrictions dont l’ampleur serait préjudiciable à l’activité économique à court terme.