La hausse de l’activité est bienvenue pour le parti travailliste, fraîchement élu. Les chiffres mensuels du PIB réel (plus précisément de la valeur ajoutée réelle) indiquent une progression de l’activité au Royaume-Uni de 0,4% m/m en mai selon l’ONS, qui fait suite à une stabilisation en avril. Si le secteur manufacturier (+0,4% m/m) et la construction (+1,9% m/m) ont davantage soutenu la croissance que les services (+0,3% m/m) en mai, ce sont bien ces derniers qui ont porté l’activité depuis un an, avec un rebond dans le transport et la logistique (+7,3% a/a) et une nette accélération dans les activités « professionnelles, scientifiques et techniques » (+4,1% a/a).
La croissance économique nippone devrait bénéficier d’un rebond technique au 2e trimestre : nous attendons +0,5% t/t après la contraction du T1 (révisée à la baisse à -0,7% t/t). Les perspectives demeurent négatives – notamment pour la demande, en dépit des baisses d’impôts introduites en juin – alors que la dépense de consommation des ménages s’est contractée de -1,8% a/a en mai. Par ailleurs, si l’augmentation des salaires (hors bonus) atteint en mai un record depuis 1993 (+2,5% a/a), signe de la transmission croissante de la hausse des salaires négociés (+5,1% a/a selon le syndicat Rengo), les revenus réels ne progressent toujours pas (-1,4% a/a).
Les données conjoncturelles des mois d’avril et de mai présagent d’un 2e trimestre relativement bon en termes de croissance, même si des dichotomies persistent.
Si un doute pouvait éventuellement encore persister, les dernières déclarations de Philip Lane permettront a priori, d’entériner une première baisse des taux directeurs de la BCE lors de la prochaine réunion de politique monétaire du 6 juin. L’évolution actuelle de l’inflation en zone euro permet en effet à la BCE d’amorcer une détente monétaire, bien que de nouvelles pressions à la hausse semblent émerger. L’inflation a reflué, à la marge, en avril, de 2,43% à 2,37% a/a, tandis que l’inflation sous-jacente a reculé plus franchement de 2,95% à 2,66%
La sous-performance de la croissance allemande sur ces dernières années s’est poursuivie en 2023. Toutefois, si elle n’est plus motrice, il semble que l’économie allemande bénéficie du rebond observé par ailleurs en zone euro et qui pourrait doper sa croissance dans les prochains trimestres. En témoigne, une relative bonne performance (0,2% t/t) au 1er trimestre, comme en zone euro (0,3% t/t). Le climat des affaires (IFO) souligne une amélioration, même si elle reste encore partielle, avec un indice à 89,3 en mai comme en avril, les deux meilleurs mois depuis mai 2023.
La croissance française a surpris à la hausse au 1er trimestre, atteignant 0,2% t/t en 1re estimation, soutenue par la consommation des ménages et l’investissement des entreprises dans les services. Notre prévision pour le 2e trimestre est du même ordre (notre nowcast, à 0,3% t/t, suggère même un risque à la hausse), confirmant le retour à une croissance un peu plus forte, après un 2e semestre 2023 à + 0,1% par trimestre.
La désinflation est de retour en Italie. Après avoir enregistré une légère hausse en mars (1,2% a/a ; +0,4 pp sur un mois), l’inflation est repassée sous la barre des 1% en avril (0,9% a/a), principalement en raison de la déflation toujours importante de la composante énergétique (-12,2% a/a). Bien qu’elle diminue, l’inflation dans les services reste forte (+3,1% a/a ; -0,2 pp sur un mois), gardant l’inflation sous-jacente à 2,2%. Néanmoins, les tendances désinflationnistes sur les prix à la consommation devraient se poursuivre, l’évolution des prix de production étant toujours négative (-9,6% a/a en mars).
Sans trop de surprise, la conjoncture espagnole reste positive en ce début de deuxième trimestre. Après avoir surpassé les pays de la zone euro en affichant une croissance de 0,7% t/t au T1, l’activité devrait rester importante au T2 (0,5% t/t selon nos prévisions).
Le maintien à un niveau élevé de l’inflation en glissement annuel et son momentum haussier continuent de peser négativement sur le moral des ménages aux États-Unis. En avril, la confiance des consommateurs, mesurée par le Conference Board, s’est repliée pour un troisième mois consécutif (97,0, -6,1pp), ce qui achève d’effacer les progrès de la fin d’année 2023. De même, l’enquête de l’Université du Michigan fait état d’un décrochage de son indice du sentiment du consommateur en mai, avec un résultat de 69,1 (-10,5), constituant un plus bas depuis novembre.
L’estimation préliminaire de la croissance au premier trimestre n’a pas dissipé les doutes sur l’état de la demande intérieure au Royaume-Uni. Bien que l’inflation ait baissé, que les salaires réels et la confiance des ménages se soient améliorés, les consommateurs britanniques restent frileux. En hausse de seulement 0,2% t/t au T1, la consommation des ménages ne comble en effet qu’une petite partie de la contraction enregistrée les deux trimestres précédents (-1,0% en cumul). Par ailleurs, les ventes au détail ont encore surpris défavorablement en avril, accusant un repli en volume de 2,3% m/m, après une légère baisse en mars (-0,1% m/m).
L’économie japonaise a, conformément à nos attentes, fait l’objet d’une contraction du PIB de -0,5% q/q au premier trimestre 2024. Celle-ci est à mettre en relation avec les perturbations liées au séisme du 1er janvier sur la péninsule de Noto et à la fermeture temporaire de centres de production automobile sur fond de scandale de sécurité. Les composantes du PIB suggèrent par ailleurs une faiblesse généralisée de l’économie, avec, au premier chef, une quatrième contraction consécutive de la consommation des ménages qui constitue le premier moteur de la baisse du PIB. Par ailleurs, la publication s’est accompagnée d’une révision de la croissance du T4 2023 à +0,0% q/q (contre +0,1% précédemment)
D’après les dernières données conjoncturelles, les divergences en termes de croissance entre les États-Unis, l’Europe et le Japon se seraient maintenues en début d’année 2024. En Europe, la conjoncture du 1er trimestre a été une nouvelle fois perturbée par des éléments exceptionnels, cette fois en lien avec la crise en mer Rouge qui a particulièrement affecté la production automobile, et par extension la production industrielle au mois de janvier.
La désinflation en zone euro continue de soutenir la confiance des ménages. L’indice de la Commission européenne a, en effet, progressé de 0,6 point à 14,9 en mars, selon l’estimation flash. Cela constitue son meilleur niveau depuis février 2022 et le début de la guerre en Ukraine.
Les premiers indicateurs disponibles pour le mois de janvier soulignent un début de trimestre encore faible (après une contraction du PIB de -0,3% t/t au T4 2023), d’où notre prévision d’une nouvelle baisse du PIB de -0,1% t/t au 1er trimestre. La production manufacturière (en rebond de 1% m/m en janvier) reste inférieure à celle de novembre de 1,5%, en raison d’une nette baisse de la production automobile (de 10% inférieure en janvier à son niveau de novembre).
Le 1er trimestre a mal commencé, avec la baisse de la production manufacturière en janvier (-1,6% m/m) liée à la mise à l’arrêt pour maintenance de raffineries de pétrole (avec de nouvelles difficultés en mars) et à un retournement dans l’automobile (problèmes d’approvisionnement, puis baisse de la demande affectant la cadence de production). En parallèle, les données de commerce extérieur de janvier ne suggèrent pas de rebond des importations de biens intermédiaires (intrants pour les autres secteurs).
L’activité du secteur privé italien continue de s’améliorer en février d’après l’indice PMI composite, qui a gagné 0,4 point sur un mois, ce qui le porte à 51,1. Toutefois, à l’inverse de la situation actuellement observée en Espagne, la divergence entre le secteur manufacturier et celui des services continue de s’accentuer.
L’inflation espagnole a, comme anticipé, ralenti en février. En variation annuelle, l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) n’a progressé que de 2,9% (-0,6 point de pourcentage par rapport à janvier) en raison d’une accentuation de la déflation des prix de l’énergie, elle-même induite par des conditions météorologiques favorables.
L’activité économique des États-Unis a légèrement décéléré en février, selon l’enquête ISM. Celle-ci rapporte une détérioration du climat des affaires dans le secteur manufacturier, mettant un coup d’arrêt à trois mois d’augmentations, l’indice associé s’élevant à 47,8 (-1,3pp). De plus, la baisse est quasiment généralisée au sein des sous-composantes principales, y compris les nouvelles commandes qui retournent en zone de contraction (49,2, -3,3pp) après en être sorti pour la première fois depuis août 2022 au mois de janvier.
La conjoncture britannique reste dégradée, mais les derniers chiffres d’activité attestent d’un léger mieux en début d’année 2024. L’estimation mensuelle de l‘ONS indique une croissance de la valeur ajoutée de 0,2% m/m en janvier, portée par un rebond dans le commerce de détail et de gros (+1,8% m/m) et la construction (+1,1% m/m).
Le mois de mars a vu une amélioration de l’activité au Japon, selon l’enquête Jibun Bank PMI. Tant l’indice manufacturier (48,2, +1,0pp), grâce à une hausse généralisée des principales sous-composantes, que l’indice non-manufacturier (54,9, +1,3pp) se sont redressés, permettant à l’indice Composite d’atteindre un plus haut depuis août 2023 (52,3, +1,7pp).
La conjoncture des mois de janvier et février souligne les incertitudes qui entourent 2024, avec, du côté positif, des améliorations dans plusieurs pays sur le climat des affaires et des marchés du travail résilients (Europe) ou toujours dynamiques (États-Unis). Autant d’éléments qui, ajoutés à une trajectoire de désinflation qui ne se diffuse pas encore à tous les secteurs (les services notamment), tendent à repousser dans le temps les anticipations de baisses de taux.
Avec une croissance nulle au dernier trimestre 2023, la zone euro a échappé de peu à la récession, mais l’activité reste sur un fil. Sur l‘ensemble de l’année 2023, la hausse du PIB réel s’est établie à seulement 0,5% et l’acquis de croissance pour 2024 est nul, du fait d’un second semestre plus faible encore que le premier. Néanmoins, notre nowcast indique actuellement une croissance de 0,3% t/t au premier trimestre 2024, supérieure au chiffre de nos prévisions de décembre dernier.
Les indicateurs du climat des affaires et de la confiance des ménages sont restés stables à un bas niveau au mois de février, soulignant le peu de ressort conjoncturel en Allemagne au 1er trimestre. Ainsi, la croissance du PIB serait nulle, selon nos prévisions, après une contraction de 0,3% t/t au 4e trimestre : une croissance sans dynamique (pour le moment) mais également sans effet d’acquis (-0,2% après le T4 2023).
Après trois trimestres de croissance nulle sur les cinq derniers trimestres (entre le T4 2022 et le T4 2023), nous anticipons une croissance modérée au 1er trimestre à 0,1% t/t (même si notre nowcast et la prévision de l’Insee suggèrent un chiffre un peu plus élevé, de +0,2%).
Les enquêtes de conjoncture de janvier menées auprès des entreprises italiennes indiquent des signes de reprise du secteur privé : l’indice PMI composite a gagné 2,1 points et s’établit désormais à 50,7. Cette amélioration est tirée par les services, pour lesquels le PMI repasse en zone d’expansion, après six mois en zone de contraction (+1,4 point, à 51,2). Les entreprises interrogées signalent désormais une hausse des nouvelles affaires à venir (52,5 ; +4,4 points) qui entraîne l’emploi dans son sillage (51,2). De son côté, la dégradation du secteur manufacturier, observable depuis avril 2023, continue de ralentir, l’indice PMI associé ayant gagné 3,2 points en janvier et s’inscrivant à 48,5.