La grande majorité des pays d’Amérique latine se sont vu appliquer des droits de douane de 10%, soit le taux plancher, dès le 2 avril, par l’administration Trump. Cette clémence tient à la composition de leurs exportations (matières premières et énergie, quand les droits de douane « réciproques » de l’administration Trump visaient surtout les exportateurs de biens manufacturés) et au fait qu’ils enregistrent, pour la plupart, un déficit commercial avec les États-Unis.
Amérique latine : exportations à destination des États-Unis et de la Chine (2024) Le Mexique occupe une position unique en Amérique latine La position du Mexique est unique dans la région, ce qui le rend particulièrement vulnérable aux développements américains à court terme : les exportations à destination des États-Unis représentent près de 80% du total (27% du PIB) et les deux économies sont très intégrées. Dans le cadre de l’accord commercial qui lie les États-Unis, le Canada et le Mexique (USMCA), le Mexique est exempté des tarifs « réciproques ». Néanmoins, les précédentes annonces restent effectives : une hausse de 25% est appliquée aux biens hors USMCA, à certains biens du secteur automobile et du secteur de l’acier et de l’aluminium. Près de 50% du total des exportations sont ainsi concernées. Le FMI prévoit désormais une contraction du PIB mexicain de 0,3% en 2025. Le ralentissement de l’économie américaine et les craintes des investisseurs (à l’issue de renégociations probablement houleuses de l’USMCA) s’ajouteront aux fragilités structurelles du Mexique. À plus longue échéance, le positionnement du Mexique pourrait lui permettre de tirer profit de la réorganisation du commerce mondial.
Effets directs limités des tarifs américains sur la croissance des pays de la région Les effets directs sur la croissance des pays d’Amérique latine devraient être limités , en raison de leur faible degré d’ouverture commerciale (les exportations représentent moins de 20% du PIB en moyenne, hors Mexique) et de leur faible exposition au marché américain (cf. graphique ). De plus, les exportations sont principalement composées de matières premières, pour le moment exemptées de droits de douane : du cuivre pour le Chili et le Pérou, du pétrole pour l'Équateur et la Colombie. À court terme, le Brésil pourrait même tirer profit de la situation. La structure de ses exportations agricoles est assez semblable à celle des États-Unis (soja, sucre) et elles pourraient s’y substituer sur le territoire chinois, comme lors du premier mandat de Trump.
Conséquences indirectes marquées du choc protectionniste Les conséquences indirectes du choc protectionniste initié par les États-Unis devraient, en revanche, être marquées : les pays d’Amérique latine sont vulnérables à la baisse des prix des matières premières, à l’affaiblissement de la croissance mondiale et aux variations de la demande chinoise ; d’autant plus que les marges de manœuvre des autorités pour soutenir l’activité sont limitées. Leurs finances publiques sont fragiles et les pressions inflationnistes pourraient imposer un nouveau cycle de hausse de taux au Brésil, en Colombie et au Chili.