L’impulsion du crédit bancaire s’est très sensiblement redressée en mars 2020 dans la zone euro (+1,6%, contre -0,4% en février), dans un contexte de recul du PIB au premier trimestre (-3,3% t/t-4 versus +1,0% t /t-4 au quatrième trimestre 2019), l’activité du mois de mars ayant été lourdement pénalisée par les différentes mesures nationales de confinement appliquées en mars.
Partant d’un taux de croissance annuel à la fois dynamique et relativement stable depuis l’été 2018 (+3,7% en février), les encours de crédit bancaire au secteur privé ont enregistré une accélération particulièrement sensible en mars (+5,0%). Alors que les prêts aux ménages progressaient plus rapidement que les prêts aux entreprises depuis novembre 2019 (+3,7% et +3,0%, respectivement, en février 2020) la hiérarchie s’est soudainement inversée en mars, sous l’influence de la très forte accélération des crédits aux sociétés non financières (+5,4% en mars 2020, après +3,0% en février) et, dans une moindre mesure, du ralentissement des crédits aux ménages (+3,4%, après +3,7%).
Confrontées à la chute de leurs chiffres d’affaires, un grand nombre d’entreprises ont tiré sur des lignes de crédit autorisées et souscrit de nouveaux emprunts bancaires (bénéficiant le plus souvent de garanties publiques introduites en réponse à la crise du coronavirus) afin de financer le paiement de leurs charges courantes, voire de se constituer, dans les cas les plus favorables, une trésorerie de précaution. A contrario, la demande de crédit des ménages a diminué. Ce constat vaut pour les prêts à l’habitat (plus particulièrement en Italie et en Espagne), dont la demande demeure néanmoins toujours supérieure à sa moyenne de longue période. Il concerne également les crédits à la consommation, dont la demande a, quant à elle, été négativement affectée par l’effondrement du moral des ménages consécutif à la détérioration du marché du travail et par le recul de la demande de biens durables (à l’exception notable de l’Allemagne). Enfin, les conditions d’octroi ont été légèrement durcies tant pour les entreprises que pour les ménages.
Concernant la demande de financements, les banques interrogées anticipent, en moyenne et pour le deuxième trimestre 2020, une nette intensification des tendances à l’œuvre (forte hausse pour les entreprises, modération pour les ménages). Elles prévoient, en outre, un assouplissement des conditions d’octroi pour les entreprises mais une poursuite de leur durcissement pour les ménages.