Le scénario économique de la zone euro reste suspendu à l’évolution du conflit commercial et à la mise en œuvre de possibles droits de douane réciproques américains de 20%. La hausse des dépenses militaires soutiendra néanmoins le PIB. Dans ce contexte, et bien que des signaux légèrement positifs émergent dans l’industrie, les difficultés structurelles de secteurs tournés vers l’exportation, comme la chimie, la sidérurgie et l’automobile, pourraient se prolonger.
Le mercredi 5 mars, le rendement du Bund à 10 ans a augmenté de 30 points de base, soit la plus forte hausse depuis la chute du mur de Berlin. Il a continué à augmenter les jours suivants, atteignant un pic le 11 mars. L'élément déclencheur a été l'annonce faite par Friedrich Merz (CDU) et les dirigeants de la CSU et du SPD lors d'une conférence de presse nocturne le mardi 4 mars 2025, durant laquelle ils avaient annoncé leur accord pour :réformer le frein à l'endettementexempter du frein à l’endettement les dépenses de défense supérieures à 1 % du PIB créer un fonds de 500 milliards d'euros pour les investissements dans les infrastructures.L'évolution du marché obligataire allemand a eu des répercussions importantes sur les marchés de la zone euro mais ce n'est pas une surprise.
Face au désengagement américain, l’Union européenne a décidé de serrer les rangs et de réinvestir massivement dans sa défense. Le Conseil européen a ainsi approuvé, le 6 mars dernier, un plan permettant théoriquement de mobiliser 800 milliards d’euros. Ce plan est divisé en deux volets. Le premier permettra à chaque État membre de dévier de sa trajectoire de dépenses à hauteur de 1,5% du PIB en moyenne sur une période de quatre ans, sans être visé par une procédure de déficit excessif. Ce dispositif permettrait – en théorie – de dégager une marge de manœuvre budgétaire supplémentaire de 650 milliards d’euros. Pour l’heure, plusieurs gouvernements nationaux ont annoncé qu’ils ne feraient pas usage de la clause dérogatoire (France) ou y sont défavorables (Italie, Espagne).
Conséquence de l’explosion des dettes post-Covid et de la remontée des taux d’intérêt, la charge financière des États s’alourdit. Dans l’OCDE, elle atteint 3,3% du PIB, son plus haut niveau depuis 2010. Pour l’Union européenne, la fin de la période d’argent facile coïncide avec une augmentation substantielle de ses besoins d’emprunt, liée en partie à l’impératif de réarmement. Les finances publiques, déjà aux prises avec le dérèglement climatique et le vieillissement des populations, sont sous pression et ne pourront pas seules répondre à tous les défis.
Les pourparlers de paix ont débuté. Nous ne savons pas exactement quand ni où ils aboutiront mais les choses évoluent rapidement. Si l'attention se concentre à juste titre sur les défis géostratégiques colossaux qui n’avaient pas été anticipés, il n'est pas trop tôt pour commencer à tracer la carte des principales implications économiques pour l'Europe.
Vu de France, on pourrait croire que l'alourdissement des dettes publiques est une conséquence générale de la crise de la Covid-19. Or, le graphique que nous commentons ici montre qu'il n'en est rien.
Les pays d’Europe centrale sont relativement bien positionnés dans les secteurs industriels à fort contenu technologique. Il existe toutefois des divergences au vu des parts respectives, dans la valeur ajoutée et dans les exportations du secteur manufacturier, des produits technologiques. La part du secteur « high-tech » est relativement modeste, mais celle du secteur « moyenne-haute technologie » est élevée. Or, ces deux secteurs présentent aussi une forte intensité en technologie. De ce fait, la prise en compte des secteurs de « moyenne-haute technologie » s’avère nécessaire pour avoir une vision plus complète de leur importance en Europe centrale.
En Europe centrale, l’activité économique a ralenti au T3 2024. L’économie polonaise a mieux résisté sur les trois premiers trimestres de l’année. Dans la région, l’inflation est repartie à la hausse et le retour à la cible n’est pas prévu avant 2026. À l’exception de la République tchèque, l’ensemble des pays d’Europe centrale sont en procédure pour déficit excessif. Fait marquant, plusieurs d’entre eux ont eu davantage recours aux marchés internationaux de capitaux. Cette situation s’accompagne d’un risque de change plus élevé mais, d’une manière générale, la gestion de la dette libellée en devises étrangères a été prudente. Les flux de capitaux ont enregistré un rebond au T3 et l’Europe centrale demeure une destination attractive à court et moyen terme pour ces flux.
En Espagne, en Italie et au Portugal, les cinq plus grands groupes bancaires ont, en moyenne et sur base consolidée, dégagé une rentabilité financière (ROAE) annualisée de respectivement 15,0%, 15,6% et 18,1% au cours des trois premiers trimestres 2024. Ces niveaux sont inédits depuis 2007.
Les nouvelles de la semaine dernière ont été déprimantes pour beaucoup en Europe. D'abord, nos amis américains ont choisi de faire revenir à la Maison Blanche un homme qui a déclaré, il y a seulement quelques semaines, que l'Union européenne devrait « payer un prix fort » s'il gagnait. Ensuite, en Allemagne, la coalition au pouvoir s'est effondrée, Volkswagen a annoncé la fermeture de certaines de ses usines puis, une semaine plus tard, les deux plus grandes banques allemandes ont communiqué une augmentation massive de leurs provisions pour créances douteuses
Pour atteindre ses objectifs climatiques, l’Union européenne devra non seulement verdir, mais aussi considérablement augmenter sa production d’électricité. Un défi industriel et financier de taille, auquel font écho le rapport « Draghi » sur la compétitivité et l’avenir de l’Europe, ainsi que le nouveau Pacte vert proposé par la présidente réélue de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen.
En 2019, l’Union européenne (UE) adoptait un « pacte vert » très ambitieux, fixant pour objectif aux Vingt-Sept d’atteindre la neutralité climatique dès 2050. Depuis lors, sont venus s’ajouter le paquet législatif Fit for 55 (en 2021), puis l’ensemble des directives REPowerEU (en 2023) détaillant la marche à suivre pour une baisse accélérée - au minimum deux fois plus rapide que celle déjà obtenue - des émissions de gaz à effet de serre. L’accent a été mis sur le développement des énergies renouvelables, dont le poids est appelé à doubler dans les six ans, pour atteindre 42,5% de la consommation finale d’énergie en 2030.
Après la première baisse des taux décidée lors de la réunion de juin de la BCE, l'attention se porte à présent sur le calendrier et la rapidité des prochaines réductions du taux de rémunération des dépôts. Les indications fournies sont vagues : les décisions dépendront des données économiques. Afin d’y voir plus clair, il est utile d'estimer la règle de politique monétaire (la relation entre les décisions passées et l'inflation, entre autres variables pertinentes). Cette règle montre combien la différence entre l’inflation observée et la cible d’inflation joue un rôle-clé. Toutefois, des réserves importantes sont de mises. La règle estimée implique un ajustement très lent du taux de dépôt, ce qui est difficile à justifier lorsque la BCE est en mode d’assouplissement
Depuis l’accession de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en décembre 2001, le déficit bilatéral de l’Union européenne avec le pays est passé de EUR 39 mds à EUR 294 mds en 2023 (données Eurostat). C’est de loin la dégradation la plus importante enregistrée par le Vieux Continent avec un partenaire commercial, même si, dans son ensemble, la balance commerciale de l’UE avec le reste du monde est repassée en excédent en 2023.
Depuis l’adoption du pacte vert européen le 11 décembre 2019, l’action européenne en faveur du climat a été singulièrement enrichie. La crise sanitaire, loin de paralyser cette action, a été le théâtre de l’adoption, en décembre 2020, de NextGeneration EU. Ce plan de relance a permis de mobiliser des moyens considérables pour répondre aux besoins de l’Union européenne en matière de transition climatique et digitale, de santé et d’éducation. Alors que sa mise en œuvre est à mi-parcours, de premiers effets positifs sont observables
Notre indice des défaillances d’entreprises dans l’Ouest de l’Europe a dépassé son niveau pré-Covid. Il reste toutefois nettement en deçà des plus hauts atteints après la crise de 2008 et au moment de celle de la zone euro (entre 2011 et 2015). Dans une majorité de pays, le niveau des défaillances d’entreprises est désormais supérieur à celui enregistré avant la pandémie. Cela a été le cas dès 2022 pour le Royaume-Uni et la Suède, rejoints courant 2023 par la France, la Belgique et l’Allemagne. Toutefois, pour cette dernière, ainsi que pour l’Italie et les Pays-Bas, les niveaux de défaillances restent nettement inférieurs à leur pic pré-Covid
Pour tenir ses engagements climatiques, l’Union européenne (UE) doit viser une baisse de 90% de ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2040 (par rapport à 1990) selon une recommandation récente de la Commission. Cela signifie multiplier en peu de temps les investissements dans les énergies renouvelables, les réseaux électriques, les infrastructures de transports, la rénovation thermique des bâtiments. Il en résulte une surcharge financière importante (évaluée entre 58 et 66 milliards d’euros par an en France) mais aussi une quête exacerbée de moyens technologiques et humains
Récemment, un accord a été conclu entre les représentants du Conseil européen, du Parlement européen et de la Commission européenne sur un nouveau cadre de gouvernance économique. Ce cadre porte essentiellement sur une surveillance fondée sur les risques, sur une distinction entre les États membres en fonction de leur situation spécifique, ainsi que sur l’intégration des objectifs en matière de politique budgétaire, de réformes et d’investissements au sein d’un plan budgétaire à moyen terme. Un indicateur opérationnel unique, sous la forme d’une trajectoire de dépenses nettes, devrait faciliter la communication et privilégier le rôle clé des dépenses primaires discrétionnaires au lieu des hausses d’impôts pour ramener les finances publiques sous contrôle
Lorsque les besoins de financement d’une transformation économique dépassent les capacités de marchés financiers fragmentés, l’union des marchés de capitaux devient indispensable, a déclaré Christine Lagarde, présidente de la BCE, dans un discours récent. L’UE se trouve aujourd’hui face à cet enjeu. Selon des estimations de la Commission européenne, il faudra plus de 700 milliards d’euros par an pour financer la transition énergétique et numérique. L’un des moyens de réduire la fragmentation des marchés de capitaux consiste à abaisser le coût de la collecte d’informations pour les investisseurs, notamment grâce à l’harmonisation et, si possible, la simplification des normes et réglementations
La dynamique de l’emploi salarié s’est récemment détériorée en zone euro, comme en témoignent les destructions d’emplois en France et en Allemagne au 3e trimestre. Ces destructions sont en partie expliquées par des secteurs cycliques, la construction notamment. Elles sont le signe que les contraintes de demande pèsent de plus en plus sur les entreprises et sur le marché du travail. Pour autant, les pénuries de main d’œuvre restent élevées dans les pays du nord de la zone euro et en Europe centrale et, de manière générale, dans les secteurs où la demande ne fléchit pas (aéronautique, rénovation des bâtiments notamment)
La crise sanitaire et la guerre en Ukraine ont amené de nombreux pays avancés à reconsidérer leurs chaines d’approvisionnement afin de sécuriser certaines productions stratégiques, en les relocalisant, et de mettre en place un cadre favorable à la transition énergétique et écologique.
En se désarrimant des hydrocarbures russes, l’UE a accéléré sa transition vers les énergies renouvelables.
Polluer n’a jamais coûté aussi cher. Depuis mi-février 2023, la tonne de CO2 se négocie à plus de 100 euros dans l’Union européenne (UE), une première depuis la création du système communautaire d’échange de quotas d’émission (SCEQE) en 2005.
Les défaillances d’entreprises dans l’Union européenne ont sensiblement augmenté au quatrième trimestre 2022, atteignant leur niveau le plus élevé depuis 2015, selon les chiffres publiés le17 février par Eurostat. La dynamique d’ensemble dissimule toutefois de fortes disparités sectorielles.
Répondre aux ambitions climatiques et numériques de l’Union européenne nécessitera un énorme effort d’investissement annuel supplémentaire. À court terme, dans un contexte de ralentissement de la croissance et de perspective de récession en 2023, cela représente une source potentielle de résilience. À moyen terme, cette impulsion de la demande peut soutenir ou même augmenter l'inflation, conjointement à d'autres facteurs susceptibles de conduire à une ‘greenflation’. Cela influencerait le niveau des taux d'intérêt officiels ainsi que les taux d'intérêt à long terme. Ces derniers pourraient également subir des pressions à la hausse en raison des considérables besoins de financement additionnels par rapport aux flux de financement normaux