Les pays européens limitrophes de la Russie et de l’Ukraine sont plus exposés que ceux situés à l’Ouest. Parmi ces derniers, des divergences existent entre l’Allemagne et l’Italie, plus dépendantes du gaz russe, et la France, l’Espagne et le Portugal, moins exposés. Les pays qui importent le plus de Russie sont également très dépendants des importations provenant d’Ukraine. L’exposition des pays européens à la Russie et l’Ukraine et leur vulnérabilité aux répercussions économiques du conflit entre les deux pays découlent principalement du poids important dans leurs importations des approvisionnements en produits énergétiques russes et en produits alimentaires et agricoles ukrainiens
Habituellement proches, les inflations française et allemande, mesurées sur une base comparable (indice des prix à la consommation harmonisé d’Eurostat, IPCH), se sont fortement écartées depuis début 2021. L’inflation outre-Rhin dépasse très nettement l’inflation hexagonale. En novembre 2021, l’écart a atteint +2,6 points contre une moyenne de +0,2 point depuis 1991. Cet écart important est à mettre, en partie, sur le compte d’un effet TVA : la baisse des taux allemands au second semestre 2020 a d’abord tiré vers le bas l’inflation allemande avant de jouer dans l’autre sens en 2021 avec leur retour à leur niveau antérieur
L’euro fiduciaire a fêté ses 20 ans le 1er janvier 2022, plutôt en bonne forme. Les chantiers pour améliorer et renforcer la construction et l’intégration européennes restent toutefois nombreux. Les sujets au menu de la présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE), au cours des six prochains mois, en attestent. Parmi les priorités, la réforme des règles budgétaires européennes sera un débat majeur de 2022. La discussion est lancée et doit aboutir cette année. Le défi est que « la montagne n’accouche pas d’une souris »
Dans la plupart des pays européens, le déficit structurel primaire devrait baisser en 2022. Une telle contraction constitue une impulsion budgétaire négative qui pourrait freiner la croissance économique. Toutefois, le solde primaire reste important et correspond à une politique budgétaire accommodante. Les politiques nationales, les dépenses au titre de la facilité pour la reprise et la résilience, et les autres aides européennes devraient soutenir la croissance en 2022. En outre, elles devraient accompagner et renforcer la reprise actuelle et l’efficacité de la politique accommodante de la BCE.
La hausse importante des coûts de l’énergie qui affecte actuellement les économies européennes constitue indéniablement un vent contraire à la reprise économique, via notamment ses effets négatifs sur la consommation des ménages. Au niveau agrégé de la zone euro, ces dépenses directes en énergie représentaient en 2015 (données les plus récentes d’Eurostat) entre 9% et 10% des dépenses totales des ménages, constituant ainsi le troisième poste de consommation, après l’alimentation et le logement.Le poids dans la consommation des charges en «électricité, gaz et autres combustibles», qui constituent, selon les termes de France Stratégie, des dépenses pré-engagées[1], diminuent à mesure que le niveau de revenu augmente
La Commission européenne a relancé le réexamen de la gouvernance économique de l'Union européenne. Cette initiative est plus que jamais nécessaire en raison des effets de la pandémie de Covid-19 sur les finances publiques des pays et de leurs besoins d'investissements publics dans le contexte de la transition verte et numérique. Cela soulève néanmoins plusieurs défis : un ordre du jour particulièrement dense, la nature inclusive du débat avec de nombreuses parties prenantes et, en ce qui concerne la gouvernance budgétaire, la nécessité pour les États membres de trouver un équilibre entre discipline économique et maintien d'une marge de manœuvre
Face à la crise sanitaire, la réponse budgétaire a été rapide, conséquente et multiple. Aux mesures d’urgence, visant à amortir le choc récessif et à faciliter la reprise économique, se sont adjoints des plans de relance pour soutenir et renforcer le redémarrage en cours des économies et la croissance de demain. Les montants engagés et la répartition des mesures varient néanmoins d’un pays à l’autre. D’après notre décompte, toutes mesures confondues, l’Italie a déployé les efforts les plus importants, atteignant au total 71% du PIB. L’Allemagne suit avec 47%, puis l’Espagne avec 31% et la France avec 26%
Le choc économique imputable à la crise sanitaire de la Covid-19 a fortement accru le coût du risque bancaire, en particulier pour les systèmes espagnol, italien et portugais, principalement tournés vers la banque de détail et fortement exposés aux activités les plus affectées par la pandémie. Les effets de la crise sanitaire sur le coût du risque ont, en outre, été exacerbés par l’approche prospective du modèle de dépréciation des actifs financiers de la norme comptable IFRS 9, applicable depuis le 1er janvier 2018. Dans ce référentiel comptable, ce ne sont pas les défauts en eux-mêmes qui donnent lieu à la comptabilisation de provisions mais leurs anticipations
La croissance en Europe centrale devrait s’accélérer de nouveau au 2e trimestre 2021, après déjà une bonne performance au 2e semestre 2020, comme le suggère le taux d’utilisation des capacités de production dans l’industrie. Celui-ci souligne une bonne résilience malgré une pénurie de semi-conducteurs dans l’automobile et une 3e vague de Covid assez sévère au 1er trimestre 2021. L’amélioration de la conjoncture dans l’industrie provient d’un rebond continu de la demande, singulièrement à l’exportation, permettant une activité d’ores et déjà supérieure à l’avant-Covid pour la République tchèque et la Slovaquie, et à peu près équivalente en Pologne et en Roumanie
Les actions visant à limiter le réchauffement climatique requerront des investissements considérables, y compris publics. Cela pose la question d’un éventuel effet d’éviction, des tensions sur les taux d’intérêt freinant les investissements du secteur privé. Un tel risque est peu probable à court terme. Au contraire, l’accroissement de l’investissement public dans la lutte contre le changement climatique et dans la transition énergétique pourrait avoir un effet d’entraînement et stimuler l’investissement privé. Une communication claire des différents gouvernements sur la nature des investissements réalisés sera nécessaire pour réduire le risque que les marchés financiers se focalisent sur la hausse de l’endettement public
Au-delà du choc économique à court terme, la pandémie de Covid-19 et les mesures sanitaires exceptionnelles mises en place pour la contenir posent de nombreuses questions sur les conséquences durables de cette crise. Le débat autour des entreprises zombies, qui n’est pas nouveau, a pris de l’ampleur puisque leur part dans les économies développées a tendanciellement augmenté depuis les années 1980. Les interventions publiques massives de lutte contre les effets de la pandémie, du côté des gouvernements - moratoire sur la dette, annulation de cotisations sociales pour les employeurs, large recours aux dispositifs d’activité partielle, etc
La fréquentation des commerces et des établissements de loisirs en Europe poursuit sa dynamique enregistrée depuis la fin du mois de novembre, comme le montre le rapport de Google sur la mobilité (Google Mobility Report) publié le 6 décembre dernier...
L’Espagne, la Grèce, l’Italie et le Portugal ont été durement frappés sur le plan économique par l’épidémie de Covid-19. Ces pays pâtissent, en outre, depuis de longues années d’une croissance potentielle en berne, parmi les plus basses d’Europe. Les principaux facteurs de ralentissement à l’œuvre sont les mêmes : un faible niveau d’investissement et de productivité, et une démographie qui ralentit - voire décline - et qui pèse sur la force de travail. Comment évoluent ces différents facteurs ? Quel peut être l’impact de la crise économique actuelle sur la croissance structurelle ? Quels leviers actionner ?
CaixaBank et Bankia, respectivement troisième et quatrième plus grands groupes bancaires espagnols par les fonds propres CET1, ont officialisé, le 3 septembre 2020, l’ouverture de négociations en vue d’une potentielle fusion. Si elle se concrétisait, cette opération consoliderait le système bancaire espagnol. Le niveau de concentration de ce dernier est comparable à celui observé en moyenne dans la zone euro, à la suite de deux vagues successives de consolidation (2008-2009 puis 2012-2013) dont sont elles-mêmes issues CaixaBank et Bankia. Il reste à savoir si cette opération sera le prélude à un mouvement de concentration plus vaste auquel la Banque centrale européenne est favorable depuis plusieurs années
Si le continent européen a été frappé de plein fouet par la pandémie de Covid-19, les pays nordiques ont été relativement peu affectés – à l’exception de la Suède, où les mesures de restriction ont été particulièrement souples. En conséquence, leurs économies ont été parmi les plus résilientes d’Europe. Au deuxième trimestre, le PIB a chuté de « seulement » 8,3% en Suède, 6,9% au Danemark, 5,1% en Norvège, et 4,5% en Finlande. Cela tranche avec des baisses de 9,8% en Allemagne, 13,8% en France, et près de 12% pour la zone euro dans son ensemble. Néanmoins, les entreprises et consommateurs des pays nordiques ne sont pas plus optimistes qu’ailleurs, ce qui est certainement dû à la dépendance de la région au commerce extérieur
À travers la facilité pour la relance et la résilience, un volet essentiel de son plan « Next Generation EU », l’Union européenne (UE) accordera des subventions et des prêts aux États membres en fonction de critères bien précis. Les allocations pour 2021 et 2022 seront fonction de la population, du PIB par habitant et du taux de chômage de chaque pays. Les mêmes critères seront utilisés pour les allocations de 2023, à l’exception toutefois du taux de chômage qui sera remplacé par la perte de PIB réel enregistrée cette année ainsi que la perte cumulée pour la période 2020-2021. Le think tank Bruegel a estimé le montant de ces allocations par pays[1]
L’analyse du modèle d’activité des banques répond à des besoins stratégiques, réglementaires ou encore d’étude des effets de la politique monétaire. Pourtant, aucune définition harmonisée n’existe. Les auteurs ont ainsi régulièrement recours aux méthodes de classification hiérarchiques afin classifier objectivement les banques selon leur modèle d’activité. Ces approches empiriques, fondées sur des algorithmes, reposent dans une large mesure sur des variables bilancielles. Or, la répartition des différentes sources de revenus des banques ou encore l’importance des actifs sous gestion constituent des variables tout aussi pertinentes. Nous réalisons donc notre propre classification des banques européennes selon leur modèle d’activité en utilisant l’ensemble de ces variables
L’intégration des pays d’Europe centrale dans des chaînes de production multi-pays les expose à l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les flux de commerce international. À court terme, elle implique une contagion de la contraction du PIB en l’Europe de l’Ouest vers l’Europe centrale, notamment en Slovaquie et en République tchèque au travers du secteur automobile. Toutefois, dans ce secteur, même si la production des pays d’Europe centrale est montée en gamme, la proportion d’un véhicule conçu localement n’a pas augmenté ces dernières années : l’activité d’assemblage reste dominante, même si elle s’est progressivement déplacée vers le haut de gamme
Le choc du Covid-19 a entraîné une réaction budgétaire significative des États membres de l’Union européenne. La récession en 2020, même si elle devrait être de courte durée, sera historique. La réponse budgétaire était donc indispensable pour éviter des conséquences économiques nettement plus profondes et durables. Les États membres ne sont pas touchés de la même façon par la crise actuelle, et l’ampleur de la réponse budgétaire apportée diffère. La réponse européenne est l’un des rares aspects positifs de cette crise. Néanmoins, rien n’est encore joué. Le niveau de risques et d’incertitudes sur les plans sanitaire et économique restera particulièrement élevé dans les prochains mois
Les données économiques récentes se sont améliorées à la faveur des mesures de déconfinement, ce qui pourrait induire un sentiment de confort illusoire. Les effets liés à la gravité de la crise se feront sentir sur le long terme. Parmi les facteurs clés : la hausse du chômage et les anticipations de chômage qui pèsent sur les dépenses des ménages, en raison d’une perte de revenu et de la constitution d’une épargne de précaution. Malgré la reprise économique, les grandes banques centrales de l’Eurosystème s’attendent à une augmentation du chômage en 2021. Face à une visibilité qui reste faible et à des pressions élevées sur leurs bénéfices, de nombreuses entreprises n’ont d’autre choix que de réduire leurs effectifs.
L'une des conséquences les plus durables de cette crise est l’augmentation forcée de l’endettement des entreprises. Si celui-ci reste durablement très élevé, il risque d’agir comme un frein à la reprise. D'après la recherche économique, les sociétés les plus endettées réduisent davantage leurs investissements que les autres, ce qui limite l'efficacité de l'assouplissement monétaire. Ces entreprises lourdement endettées vont subir une perte durable de compétitivité vis-à-vis de leurs concurrentes mieux capitalisées. Une politique économique visant leur recapitalisation devrait avoir des effets favorables durables sur la croissance économique.
L’Europe centrale a enregistré au 1er trimestre 2020 une performance de croissance meilleure que celle de la moyenne de l’Union européenne, avec un repli limité à -1% (trimestre sur trimestre) contre -3,3% pour l’UE. La Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie sont même parvenues à maintenir une croissance positive. Il devrait en aller différemment au 2ème trimestre. Les chiffres de la production manufacturière montrent que le ralentissement économique s’est nettement renforcé en Europe centrale au mois de mars. Il est même devenu plus conséquent que celui de la moyenne européenne en Hongrie et en Roumanie, rejoignant en cela la Slovaquie (plus précocement touchée). Les exportations devraient être le vecteur prédominant de transmission de la récession vers les pays de la région
Au cours des prochaines décennies, les pays européens seront confrontés à une augmentation des coûts liés au vieillissement de la population. D’après les simulations réalisées par le Comité de politique économique de l’Union européenne - à partir d’hypothèses très optimistes - ces coûts seront supportables. Il est néanmoins peu probable que les personnes qui entrent aujourd’hui sur le marché du travail partent à la retraite dans les mêmes conditions qu’actuellement. La transition vers des régimes de retraite publics plus austères requiert des mesures d’accompagnement, pour notamment encourager le maintien sur le marché du travail, et des incitations à mieux préparer sa retraite
Des progrès rééls ont été réalisés lors du Conseil européen de cette semaine. Les propositions faites lors de la dernière réunion de l’Eurogroupe sur la création de trois filets de sécurité ont été approuvées. Il y a accord pour travailler sur un fonds de relance destiné aux secteurs et zones géographiques les plus touchés en Europe. Son financement serait lié au cadre financier pluriannuel. Fait important, la chancelière Merkel a déclaré que, dans un esprit de solidarité, il fallait se tenir prêt à verser temporairement une contribution plus élevée au budget européen.