Après un pic, la couverture médiatique a tendance à se réduire rapidement mais cela ne signifie pas que l’incertitude à laquelle sont confrontés les agents économiques a disparu. Pour mesurer cette incertitude, il convient de réaliser des enquêtes dans lesquelles les sondés sont interrogés sur la manière dont ils envisagent l’avenir. Depuis mai 2021, la Commission européenne a ainsi ajouté une question portant sur l’incertitude dans ses enquêtes auprès des chefs d’entreprises et des ménages2. Les personnes interrogées répondent sur leurs difficultés à prévoir l’évolution de leur situation professionnelle ou financière. Les écarts entre les réponses peuvent avoir plusieurs explications.
Comme le montre le graphique 2, la propagation des infections de Covid-19 au printemps 2020 a entraîné une très forte hausse de l’incertitude des ménages et des chefs d’entreprises. Certes, celle-ci a progressivement diminué mais, un an plus tard, elle était toujours supérieure à son niveau pré-pandémique. Au cours de l’été 2021, l’incertitude est repartie à la hausse, puis elle a bondi en mars 2022, après le début de la guerre en Ukraine, mais sans guère évoluer en avril.
Le graphique 3 est plus détaillé. Il convient de noter que l’incertitude des ménages est sur une tendance à la hausse depuis l’été dernier, ce qui traduit probablement l’impact d’une inflation élevée qui croît. Dans le commerce de détail, l’évolution de l’incertitude reflète les vagues de confinement et les restrictions à la mobilité, mais probablement aussi, depuis quelque temps, l’impact de l’inflation.
Le tableau 1 compare les variations de l’incertitude selon le facteur déclenchant : la pandémie de Covid-19 ou la guerre en Ukraine3. À en juger par la hausse cumulée sur deux mois, la Covid-19 a provoqué une augmentation bien plus importante de l’incertitude globale que la guerre en Ukraine. Dans le premier cas, elle a grimpé en mars et en avril 2020, avec la propagation de la pandémie, alors que, dans le second, elle a augmenté en mars pour reculer légèrement en avril. L’effet de la Covid-19 sur l’incertitude au niveau global ainsi que pour les secteurs des ménages et des entreprises a été le même pour la moyenne des pays de l’Union européenne et celle de la zone euro. Il en va de même pour l’incertitude liée à la guerre en Ukraine, à l’exception de celle des ménages, qui a augmenté davantage dans la zone euro.
Enfin, le tableau 2 montre la variation de l’incertitude après la guerre en Ukraine. Tous les pays, à l’exception de Malte, ont enregistré une hausse en mars, mais avec une dispersion considérable. L’incertitude s’est repliée dans la plupart des pays en avril, à l’exception du Danemark, de la Grèce – où elle a sensiblement augmenté?-, en Espagne, en France, en Hongrie, aux Pays-Bas et en Slovaquie. Elle est restée stable au Portugal. Il conviendra de suivre l’évolution de l’incertitude des ménages, des entreprises et des pays dans les prochains mois. Si elle ne baisse pas, l’impact négatif se fera probablement sentir sur les données relatives aux dépenses et à l’activité.