Malgré les messages encore restrictifs de la Fed et de la BCE, les marchés anticipent déjà une baisse des taux avant la fin de l’année. Comment expliquer ces anticipations apparemment prématurées d'assouplissement monétaire ? Il se pourrait qu'elles traduisent des écarts de vues sur les perspectives économiques, mais la faible ampleur de ces écarts ne justifie pas les niveaux actuels des marchés. Le fait que les investisseurs gèrent de manière rationnelle leur exposition au risque pourrait être une autre explication. Ils savent que si les banques centrales créaient la surprise en adoptant une orientation accommodante, un rallye sur les marchés actions et obligataires s’ensuivrait. Ils savent également que si les banques centrales sont réticentes à adoucir dès à présent leur propos, elles peuvent jouer la surprise comme elles l'ont déjà fait par le passé. Plus on approche du pic cyclique des taux, plus il y a de chances que les banques centrales changent leur message. Or, les investisseurs ne peuvent se permettre d'attendre une telle annonce pour se repositionner, ce qui les conduit donc à anticiper les baisses de taux très en amont. Lorsque les banques centrales finiront par changer l'orientation de leur politique monétaire, les marchés auront ainsi déjà anticipé le mouvement. En attendant, si les indicateurs économiques se révélaient meilleurs que prévu, les anticipations de baisse des taux seraient réajustées, ce qui entraînerait une hausse de la volatilité sur les marchés.