L’activité économique est restée très fragile en ce début d’année 2021. À l’épidémie de Covid-19 s’est ajoutée, début janvier, la tempête Filomena, dont les effets délétères, sur la consommation notamment, se sont fait clairement ressentir. Les ventes automobiles et celles de détail ont ainsi fortement chuté au cours de l’hiver. Nous prévoyons désormais une croissance du PIB nulle au T1. L’activité économique pourrait néanmoins rebondir au printemps, et plus fortement cet été, même si les risques baissiers, liés au variant anglais et à une possible quatrième vague de contaminations, ne peuvent être totalement écartés. Nous anticipons une croissance du PIB réel de 5,9% en 2021, et de +5,6% en 2022. Cela fait suite à une contraction record de l’activité de 10,8% en 2020.
Grâce à la bonne santé des finances publiques et au choix d’un confinement léger, les Pays-Bas ont mieux surmonté la crise que ses voisins. L’économie était néanmoins en légère récession au T1 2021. Les indicateurs du sentiment économique pointent en direction d’un redressement marqué au second semestre. Malgré la nette victoire du gouvernement sortant aux élections législatives en mars, la formation d’une nouvelle coalition se déroule dans un climat de nervosité. Les doutes se renforcent sur la capacité de Mark Rutte à diriger son quatrième gouvernement successif. La nouvelle coalition aura pour principale tâche la mise en œuvre d’un plan de reprise.
L’économie belge s’est contractée de 6,3 % en 2020, le repli le plus important depuis la Seconde Guerre mondiale. Un 4e trimestre meilleur que prévu a permis une légère augmentation des données finales, avec un effet positif sur le taux de croissance 2021, qui devrait s’établir à 3,7 %. La consommation a pâti du deuxième confinement mis en place à la fin de l’année. Elle devrait plonger de nouveau en avril, le gouvernement ayant réinstauré les achats sur rendez-vous et demandé une prolongation des vacances de Pâques. Le chômage a sensiblement augmenté, mais moins que ce qu’on aurait pu craindre, et la vague de faillites, anticipée depuis longtemps, n’a pas eu lieu
Le Portugal a été l’un des pays européens les plus durement touchés par la troisième vague de Covid-19 survenue cet hiver. Le gouvernement a réinstauré un confinement « dur », ce qui a permis de réduire drastiquement la propagation du virus. Un plan progressif de déconfinement a débuté le 15 mars et s’achevera le 3 mai prochain. L’espoir d’une reprise économique solide repose sur la campagne de vaccination qui se déroule pour l’heure, et comme partout dans l’Union européenne, à un rythme peu soutenu. Le succès de la vaccination en Grande-Bretagne offre néanmoins des perspectives de reprise intéressantes pour le secteur touristique portugais, très dépendant des visiteurs d’outre-Manche. Le PIB en volume pourrait rebondir à hauteur de 5,0%-5,5% en 2021, après une contraction de 7,6% en 2020
Jouer comporte des risques, mais peut parfois rapporter gros. Adepte des paris hasardeux (Brexit, immunité collective contre la Covid-19) le premier ministre britannique Boris Johnson n’en reste pas moins celui qui, en misant vite et beaucoup sur les vaccins, aura permis au Royaume-Uni d’entrevoir avant d’autres le bout du tunnel. Plombée en début d’année par un confinement strict, souffrant aussi du recul des échanges avec l’Union européenne, l’économie semble avoir touché le fond ; les enquêtes de conjoncture ainsi que les rapports de mobilité promettent du mieux. Les politiques publiques, budgétaire comme monétaire, soutiendront quant à elles la reprise avant de songer à s’attaquer aux déficits, un premier tour de vis étant prévu pour 2023.
Après une seconde vague particulièrement longue et forte fin 2020, le pays voit s’annoncer une troisième vague de contaminations depuis la mi-février. La campagne de vaccinations contre la Covid-19 progresse de manière satisfaisante, mais le risque, d’un point de vue économique, est qu’une nouvelle vague épidémique décale le profil attendu de la reprise. Les politiques monétaire et budgétaire vont rester accommodantes aussi longtemps que nécessaire.
Avec relativement peu de décès et une chute limitée de son PIB en 2020, le Danemark a plutôt bien résisté à la pandémie de Covid-19. Début 2021, une seconde vague de contaminations forçant à des mesures sanitaires plus contraignantes a décalé l’horizon de la reprise, sans toutefois la compromettre. Celle-ci interviendra, à la faveur d’une campagne vaccinale qui va bon train et d’un soutien budgétaire qui se prolonge. De manière à mieux contrôler le « peg » liant la couronne à l’euro, la Banque centrale du Danemark a procédé à d’importants ajustements de sa politique monétaire.
Jusqu’au bout, 2020 aura été une année pour le moins difficile. À certains égards, un espoir prudent est néanmoins de rigueur en ce qui concerne l’économie en 2021. En effet, la vaccination contre la Covid-19 devrait réduire les incertitudes entourant les perspectives économiques. De plus, des mesures de soutien budgétaire et monétaire de grande ampleur ont été mises en œuvre. Plus que jamais, cependant, la prudence s’impose en matière de prévisions. Il faudra, peut-être, plus de temps que prévu pour atteindre l’immunité collective et certaines conséquences économiques de la pandémie ne se manifesteront que sur la durée.
C’est peu dire que le mandat du 46e président des États-Unis, Joe Biden, s’annonce compliqué. Au moment d’être investi, le 20 janvier prochain, celui-ci héritera d’une économie en rechute, conséquence d’une épidémie de Covid-19 qui s’emballe et promet d’aggraver un bilan humain déjà lourd. Au-delà de l’urgence sanitaire, la nouvelle administration démocrate devra faire face à des antagonismes politiques et sociaux qui n’ont jamais paru aussi profonds qu’à l’aube de cette nouvelle décennie. Réputé homme de dialogue, Joe Biden n’aura pas trop de sa longue expérience politique et de sa science du compromis pour parvenir à apaiser l’Amérique.
Le rebond de l’activité depuis mars a été rapide et s’est étendu progressivement de l’industrie aux services. L’investissement, s’il reste tiré par les projets d’infrastructures et immobiliers, commence à se renforcer dans le secteur manufacturier, encouragé par la solide performance des exportations. Enfin, la consommation privée, bien que toujours à la traîne, se redresse plus vivement depuis l’été. Alors que la politique budgétaire devrait continuer de soutenir la demande à court terme, les autorités monétaires chinoises peuvent réajuster leurs priorités et revenir à la maîtrise des risques financiers. Les conditions de crédit commencent à être resserrées via de nouvelles normes prudentielles
Comme partout, le Japon enregistrera une récession historique en 2020. Le chemin vers un rattrapage complet de l’activité perdue pourrait être plus long qu’ailleurs et la croissance devrait rester très modérée. Selon nos projections, le PIB nippon retrouverait son niveau d’avant-crise seulement à la fin de l’année 2022. La demande interne est amoindrie par la faiblesse de l’investissement des entreprises tandis que les consommateurs semblent de retour. Les exportations japonaises bénéficient pour l’heure du solide rebond économique chinois. La politique budgétaire sera toujours en première ligne en 2021 et continuerait de bénéficier du soutien essentiel de la politique monétaire menée par la Banque du Japon. Une nouvelle enveloppe budgétaire est, à ce titre, en discussion.
Avec le rebond épidémique, le processus de rattrapage économique est enrayé en zone euro. La fin de l’année 2020 s’annonce plus difficile qu’attendu en raison des nouvelles restrictions sanitaires mises en place dans la plupart des États membres. La production industrielle reste basse au regard de son niveau d’avant-crise et les entreprises des services marchands continuent d’être en première ligne face aux restrictions. Beaucoup d’incertitudes demeurent pour le 1er semestre 2021. Dans ce contexte, la Banque centrale européenne a annoncé de nouvelles mesures de stimulus monétaire lors de sa réunion du 10 décembre tandis que le soutien budgétaire devrait se réduire progressivement.
Le deuxième confinement a interrompu une reprise économique qui s’essoufflait déjà. Le climat des affaires ne tardera cependant pas à s’améliorer, porté par les anticipations relatives à la disponibilité prochaine de plusieurs vaccins. L’inflation se situe actuellement en territoire négatif en raison de la baisse de la TVA, mais elle redeviendra positive à l’expiration de cette mesure fiscale le 1er janvier 2021. En raison du deuxième confinement, le budget 2021 affichera un déficit supérieur aux hypothèses retenues en septembre, à EUR 180 mds ou 5,2 % du PIB. Au T2, le taux d’épargne des ménages a grimpé à 20,1 %, un nouveau plus haut historique. Lorsque la pandémie sera passée, il pourrait sensiblement reculer avec la réalisation, par les ménages allemands, des achats reportés.
Le choc récessif massif du S1 a été suivi d’un rebond tout aussi spectaculaire de l’activité économique au T3 (18,7% t/t) mais de courte durée. Le scénario en « W » s’est, en effet, matérialisé : une rechute est attendue au T4, due au reconfinement instauré le 30 octobre pour endiguer la nouvelle vague épidémique. Le deuxième « V » devrait toutefois être moins marqué que le premier : à la baisse, notamment parce que le confinement est moins strict ; à la hausse, car des contraintes sanitaires subsisteront et l’économie française est fragilisée. La route s’annonce encore longue mais l’arrivée de vaccins permet d’entrevoir la lumière au bout du tunnel
Après la chute impressionnante enregistrée au premier semestre 2020, l’économie italienne a rebondi durant l’été. La valeur ajoutée s’est fortement redressée dans le secteur de la construction et dans l’industrie manufacturière alors que la reprise a été plus modérée dans les services. Les prix de l’immobilier envoient également des signaux positifs, rendant improbable la réalisation du scénario le plus pessimiste évoqué au début de la pandémie. Pour endiguer la deuxième vague de contamination, le gouvernement italien a pris de sévères mesures restrictives aux effets préjudiciables sur l’activité. L’économie devrait ainsi accuser un nouveau repli au T4
Les prévisions du début d’année semblent se confirmer. L’Espagne devrait être le pays de la zone euro le plus touché économiquement par la crise de la Covid-19. La contraction de l’activité économique devrait atteindre 11,8% en 2020 suivie d’un rebond de 7,0% en 2021. La situation sociale s’est dégradée, forçant le gouvernement à instaurer de nouvelles aides sociales d’envergure (dont le « revenu minimum vital ») qui seront renforcées en 2021. Le plan de relance massif de EUR 140 mds soutiendra la croissance potentielle et devrait créer de l’emploi. Mais le déficit budgétaire structurel se creuse : une fois la crise sanitaire passée et la reprise enclenchée, la pression de Bruxelles pour que certaines réformes structurelles clés (i.e
D’après nos prévisions, l’économie belge devrait se contracter de 7,2 % cette année, puis progresser de 3,8 % en 2021. Après une reprise dynamique au troisième trimestre, la consommation privée devrait de nouveau reculer à la fin de l’année, mais pas autant que lors du premier confinement. Jusqu’à présent, les dommages structurels semblent avoir été, en grande partie, évités : le taux des faillites se situe à un niveau proche de la normale et le taux de chômage est resté stable depuis le début de l’année. Les mesures de soutien adoptées par le gouvernement n’y sont certainement pas étrangères et une fois qu’elles auront expiré, elles laisseront apparaître des cicatrices de long terme.
Le gouvernement autrichien a décrété un deuxième confinement en novembre dernier en raison de la forte résurgence des contaminations. Les indicateurs conjoncturels font état d’une chute de l’activité économique. Grâce au dispositif de travail partiel, le chômage a à peine augmenté. De plus, l’inflation s’est maintenue à un niveau relativement élevé par rapport à d’autres pays de la zone euro. En 2021, la politique budgétaire va rester très accommodante et le déficit ne pourrait être abaissé qu’à 6,3 % du PIB. Après la récession de 2020 (-7,5 %), l’économie devrait rebondir de 3,5 % en 2021. Le principal risque réside dans l’accroissement de l’endettement des sociétés non financières.
Au deuxième trimestre, la Finlande s’est distinguée en Europe comme le pays ayant enregistré la plus faible baisse de son PIB, avec une chute de « seulement » 4,4%. Néanmoins, la reprise a ensuite été moins vigoureuse que chez ses voisins, et continuera certainement à l’être dans les mois à venir. Pour autant, l’économie finlandaise reste une des plus résistantes d’Europe, notamment grâce à la relativement faible progression du virus et au soutien des autorités fiscales et monétaires.
La reprise de l’activité sera pavée d’incertitudes en 2021. Le tourisme, secteur très important de l’économie grecque, pourrait être impacté plus durablement que d’autres industries par la crise actuelle. La chute de la fréquentation touristique cet été a entraîné un rebond du PIB au T3 2020 très inférieur à celui enregistré dans les autres pays européens. Certains indices de confiance, notamment ceux sur les perspectives de chômage, se sont dégradés cet automne. Le gouvernement conservateur compte s’appuyer sur les sommes importantes allouées par le fonds de relance européen pour financer son plan dont les détails seront finalisés début 2021. Malgré cela, l’endettement public pourrait rester au-delà de 200% du PIB à la fin 2021, un niveau très préoccupant sur le long terme.
La baisse record du PIB du Royaume-Uni au deuxième trimestre a laissé place à un rebond lui aussi inédit au troisième, et l’arrivée prochaine d’un vaccin efficace contre la Covid-19 laisse penser que l’économie entrera dès 2021 dans sa phase de reprise définitive. Cependant, le Royaume-Uni n’est pas encore tiré d’affaire. Au regard de la réimposition d’un confinement généralisé durant le mois de novembre, il fait peu de doute que l’activité économique chutera de nouveau au dernier trimestre. De surcroît, l’intensité de la reprise est, du fait du Brexit, plus incertaine qu’ailleurs
Depuis mars 2020, la Suède se distingue des autres pays européens par l’absence de confinement et connaît actuellement une reprise des infections. Cette recrudescence de l’épidémie vient assombrir les perspectives de reprise au quatrième trimestre de 2020.Les exportations et l’investissement des entreprises suédoises restent freinés par l’incertitude ambiante tandis que la consommation des ménages vient soutenir la reprise économique. En 2021, la Riksbank poursuivra et approfondira son vaste programme de rachats d’actifs. De nouvelles mesures de soutien viendront également renforcer une politique budgétaire déjà accommodante.
Par rapport à ses voisins européens, la Norvège a été relativement peu affectée par la pandémie de Covid-19. De plus, l’économie a pu compter sur les mesures de soutien considérables mises en place par les autorités fiscales et monétaires. Dans son budget pour 2021, présenté en octobre, le gouvernement s’est engagé à maintenir une politique expansionniste – même si les dépenses seront logiquement moins importantes qu’en 2020. De son côté, face à la remontée des cas de Covid-19 et au resserrement des mesures de restriction, la banque centrale a adopté un ton plus conciliant.
L’économie danoise s’est rapidement redressée après la réouverture des frontières mais un rattrapage complet prendra du temps puisque la recrudescence de l’épidémie de Coronavirus maintient la situation économique du pays dans l’incertitude. Les exportations de services ont été durement touchées par la crise en 2020 mais sont compensées par le regain de la consommation des ménages danois, soutenu par des mesures gouvernementales. La politique budgétaire devrait rester accommodante en 2021 et la Banque centrale du Danemark continuera de défendre son peg vis-à-vis de l’euro.
Depuis plusieurs semaines, l’amélioration des données économiques semble marquer le pas. D’un côté, ce constat n’est pas surprenant car il succède à un rebond spectaculaire qui ne pouvait pas durer. D’un autre côté, il pourrait refléter le coup de frein à l’économie qui résulte de la hausse du nombre de nouvelles infections. En outre, le niveau toujours élevé de l’incertitude économique et sanitaire, qui affecte les ménages et entreprises, devrait également jouer un rôle. En conséquence, le soutien monétaire et, surtout, budgétaire reste crucial pour assurer la poursuite de la reprise, le temps qu’un vaccin soit trouvé.
EcoPerspectives est la revue trimestrielle consacrée aux économies avancées (pays membres de l’Organisation de développement et de coopération économiques) et à la Chine.
Cette publication permet de brosser le tableau d’une économie avancée au regard de ses indicateurs trimestriels et de se tourner vers l’avenir pour mieux comprendre et anticiper les principales problématiques économiques du pays étudié.
Pour EcoPerspectives, les économistes de l’équipe en charge des économies avancées réalisent un suivi régulier des principaux indicateurs conjoncturels d’une sélection de pays. Nos experts s’appuient notamment sur les prévisions trimestrielles réalisées par BNP Paribas (croissance, inflation, taux de change, taux d’intérêt, prix du pétrole). Chaque économiste analyse la conjoncture économique d’un ou plusieurs pays, au regard des indicateurs disponibles afin d’en suivre l’évolution, notamment l’indice de la production industrielle, le produit intérieur brut (PIB) trimestriel et les prévisions d’inflation, l’indice des prix à la consommation (IPC) et ceux des prix à la production (IPP), ou encore les chiffres de l’emploi et du chômage. L’évolution de l’opinion des différents acteurs est également suivie et analysée (confiance des ménages, climat des affaires). L’auteur commente les principaux facteurs qui orientent et déterminent l’activité économique du pays étudié et les perspectives conjoncturelles du trimestre à venir.