Au premier semestre 2022, les grandes sociétés non financières de la zone euro ont été plus enclines à contracter de nouveaux prêts bancaires qu’à émettre des titres de dette. Selon les dernières données disponibles, les émissions obligataires sont demeurées à l’étiage aux mois de juillet et d’août.
Au début de l’année 2022, les coûts moyens de la dette négociable et des prêts bancaires aux entreprises présentaient des niveaux comparables (pour les entreprises françaises par exemple, 1,1% en janvier 2022 selon les calculs de la Banque de France1). Le coût des prêts bancaires est désormais nettement moindre (1,65%). En effet, la poussée inflationniste et les tensions sur le marché obligataire ont provoqué un renchérissement beaucoup plus marqué en moyenne (3,69% en juin 2022) de la dette négociable émise par les sociétés non financières.
Cela illustre le fait stylisé selon lequel les prêts bancaires sont plus attractifs que les financements de marché lorsque les taux de marché sont plus élevés. Les prêts bancaires sont adossés à des ressources liquides stables ou de maturités comparables, dont le coût moyen présente une rigidité à la baisse en période de diminution des taux de marché. Ce coût moyen augmente, en revanche, plus modérément en phase de remontée des taux (en contrepartie, notamment, du service de liquidité fourni aux déposants et nonobstant les arbitrages de la clientèle en faveur de ressources plus coûteuses). Cela permet aux banques de limiter la hausse des taux des prêts aux entreprises et redonne à ces derniers une certaine compétitivité.
Dans le contexte actuel de renforcement des inquiétudes relatives à l’inflation et au freinage de l’activité, l’élargissement des primes de risque, plus ample pour la dette négociable que pour les prêts bancaires, contribue à amplifier l’écart entre les coûts de financements de marché et bancaires.