L’économie américaine continue de croître et de créer des emplois mais à un rythme progressivement plus lent. De plus, la Réserve fédérale n’en a pas tout à fait terminé avec les hausses de taux. Nous continuons d’anticiper une récession, à compter du T3 2023 et jusqu’au T1 2024, sous l’effet du resserrement monétaire. La Fed, qui a opté pour le statu quo en juin, à la faveur d’une inflation qui confirme son reflux, et pour prendre le temps d’évaluer les effets du resserrement monétaire opéré jusqu’ici, procèderait à une dernière hausse de 25 pb en juillet, portant la fourchette des Fed funds à 5,25-5,50%.
La croissance économique chinoise s’est redressée rapidement à la suite de l’abandon de la politique zéro Covid, mais elle s’essouffle également plus vite que prévu. La demande intérieure est freinée par une importante perte de confiance des ménages et des investisseurs, alors que le moteur exportateur s’enraye. Les autorités assouplissent prudemment la politique monétaire, et d’autres mesures de relance sont attendues à court terme. Elles devraient entre autres viser à encourager l’emploi des jeunes.
L’inflation au Japon poursuit sa progression en se diffusant à l’ensemble des postes de l’indice des prix à la consommation. Les anticipations d’inflation demeurent ancrées autour de la cible des 2% et la hausse des prix devrait se maintenir à ce niveau à moyen terme. Nous prévoyons que la Banque du Japon (BoJ) réhausse le plafond du taux souverain à 10 ans à 1% en juillet, avant de mettre fin à sa politique de contrôle de la courbe des taux d’ici la fin 2024. Le PIB japonais a crû de 0,7% t/t au 1er trimestre (+2,7% en rythme annualisé), principalement soutenu par la consommation des ménages et l’investissement non-résidentiel. Le retour des touristes étrangers (+71% t/t au T1) a également permis à l’activité de rebondir après deux trimestres décevants
La zone euro est entrée en récession technique au premier trimestre 2023, Eurostat ayant rabaissé son estimation de la croissance trimestrielle du PIB pour le T1, de +0,1% à -0,1% t/t, soit une contraction identique à celle du T4 2022. Ces résultats ne modifient pas profondément notre grille de lecture pour l’année 2023 : une activité économique faible ou légèrement négative, trimestre sur trimestre, même si la croissance pour 2023 dans son ensemble devrait être plus positive grâce à des effets d’acquis favorables. Nos prévisions actuelles tablent sur un taux de refinancement terminal de 4,5%, qui serait atteint lors de la réunion de politique monétaire du 14 septembre prochain
L’Allemagne a enregistré une récession technique au 4e trimestre 2022 (-0,5% t/t) et au 1er trimestre 2023 (-0,3% t/t) sous le poids notamment d’une contraction de la consommation des ménages (-1,7% puis -1,2%). Si cette récession n’a pas eu pour principale origine le cœur industriel de l’économie allemande, ce dernier a toutefois montré des signes de faiblesse qui l’ont empêché de croître davantage. Alors que la désinflation devrait permettre un rebond de la consommation des ménages au 2e trimestre, les enquêtes de conjoncture augurent toutefois d’une nouvelle détérioration au-delà, qui expose à nouveau l’économie allemande à un risque de récession au 2nd semestre.
Après un second semestre 2022 au cours duquel la croissance s’est singulièrement affaiblie, le 1er trimestre 2023 a marqué un rebond relatif, qui devrait se confirmer au 2e trimestre : un rebond plutôt concentré sur certains secteurs, principalement les matériels de transport et le tourisme. Toutefois, les enquêtes de conjoncture se sont dégradées depuis mars, pour atteindre des niveaux relativement bas, notamment dans l’industrie. Le logement résidentiel, les services aux entreprises ou les exportations sont autant de points de vigilance qui, cumulés, devraient avoir un impact négatif plus marqué au second semestre 2023 tant en termes de croissance que de créations d’emplois, qui persistent pour le moment.
Après une légère baisse au 4e trimestre 2022, le PIB italien a progressé de 0,6 % t/t au 1er trimestre 2023. L’acquis de croissance pour 2023 s’élève à +0,9%. Au 1er trimestre, la demande intérieure hors stocks a contribué à hauteur de 0,7 point de pourcentage à la croissance, tandis que le commerce extérieur et les variations de stocks ont eu un impact négatif. L’investissement a progressé de près de 1% reflétant l’amélioration des conditions économiques et financières des entreprises italiennes. Les ménages italiens ont bénéficié de la forte croissance des revenus nominaux, tout en pâtissant de l’érosion de leur pouvoir d’achat due à l’inflation qui reste l’une des plus élevées de la zone euro, à 8% en g.a. en mai (mesure harmonisée).
Le recul de l’inflation en Espagne n’a offert aucun répit à la coalition au pouvoir. Le revers du Parti socialiste aux élections régionales et locales du 28 mai dernier, au profit du Parti populaire, a conduit le Premier ministre, Pedro Sanchez, à annoncer des élections législatives anticipées le 23 juillet, cinq mois avant la date initialement prévue. Malgré un marché de l’emploi toujours dynamique, la baisse du pouvoir d’achat et la crise du logement pénalisent le parti au pouvoir, dont le retard dans les sondages s’est accentué au cours du printemps. Le marché immobilier montre des signes de retournement contenus pour le moment, mais la poursuite du resserrement monétaire et la hausse des taux d’emprunt qui en découle risquent d’accentuer ce repli.
Au début de cette année, la croissance du PIB belge est restée soutenue et supérieure à son rythme moyen. L’inflation baisse tandis que le marché de l’emploi ralentit. Les effets de la hausse des taux d’intérêt commencent à se faire sentir : le marché immobilier ralentit et l’investissement des entreprises devrait suivre le mouvement. Une (brève) récession vers la fin de l’année reste possible, mais peu probable. Si elle se concrétisait, les marges de manœuvre du gouvernement pour y répondre seraient toutefois limitées en raison du niveau élevé de la dette publique.
Le PIB du Royaume-Uni a crû de 0,1% t/t au T1 2023. La récession hivernale annoncée à l’automne 2022 n’a pas eu lieu grâce à l’investissement public, au dynamisme des services et à la résilience de l’industrie. Cette vigueur est une bonne nouvelle mais risque de rendre l’inflation plus persistante à moyen terme, alors que les derniers chiffres ont encore surpris à la hausse. La Banque d’Angleterre (BoE) devra poursuivre sa hausse de taux. Cela pèsera sur la croissance qui devrait être nulle en 2024, après déjà seulement 0,4% en 2023.
L’incertitude portant sur la politique économique américaine, basée sur la couverture médiatique, a baissé en juin après un rebond en mai. L’indice d’incertitude économique de la Commission européenne a fléchi en juin à la faveur de la diminution de l’incertitude dans les différents secteurs d’activité, hormis l’industrie où l’indice est resté stable.
Alors que l’on pouvait espérer que le reflux en cours de l’inflation soutiendrait plus nettement la confiance des ménages, celle-ci, et par voie de conséquence la consommation, reste contrainte. En cause : l’impact de la remontée des taux d’intérêt sur les intentions d’achats en France comme en Allemagne.
Les effets sur l’économie espagnole de la remontée des taux d’intérêt et de la baisse du pouvoir d’achat des ménages devraient se durcir au fil de l’année. La poursuite des créations d’emplois permet, pour le moment, d’amortir le choc.
Prolongeant une dégradation observée en avril, le climat des affaires de l’Insee s’est de nouveau replié au mois de mai pour s’établir à 100, un plus bas depuis avril 2021. La détérioration concerne tous les secteurs et en particulier l’industrie manufacturière où l’indice de confiance passe même à 99, en deçà de sa moyenne de long-terme (100) pour la première fois depuis mars 2021. En parallèle, les tensions inflationnistes continuent de se modérer.
Au vu des indicateurs conjoncturels pour le mois d’avril 2023, le redressement de la croissance économique chinoise s’essouffle rapidement. Certes, l’abandon encore récent de toutes les restrictions sanitaires (décembre 2022) et les effets de rattrapage post-Covid continuent de soutenir la demande des ménages. En revanche, l’activité liée aux autres composantes de la demande tourne au ralenti.
Les nouvelles commandes à l’industrie ont fortement diminué en Allemagne au mois de mars, après une progression assez franche en février. Au global, ces évolutions se compensent. Une progression très modérée sur le 1er trimestre (0,2% t/t) en découle, cohérente avec la croissance du PIB, publiée à 0% t/t pour le T1.
L’économie française a enregistré une croissance du PIB de 0,2% t/t au 1er trimestre, partagée entre facteurs de résilience et de faiblesse.
Les chiffres clés de l'économie française comparés à ceux des principaux pays européens, l'analyse des données relatives à la population et au marché du travail français, l'activité par secteur, les chiffres des administrations publiques, de l'inflation, des taux et des comptes des entreprises.
L’enquête de la Commission européenne sur la confiance des ménages fait état, depuis quatre mois, d’une amélioration très nette du côté des ménages allemands, portée par le redressement de leurs anticipations au regard de la situation économique. À l’inverse, la confiance des ménages français, déprimée, ne donne encore aucun signe de redressement. Leurs évaluations de la situation passée divergent également puisque celle de l’Allemagne s’améliore aussi, bien que dans une moindre ampleur.
L’enquête de la Réserve fédérale américaine auprès des responsables du crédit (SLOOS) éclaire sur la manière dont les changements de politique monétaire influent sur les critères d’octroi et la demande attendue de prêts. Au vu de la dernière enquête et des relations historiques, la croissance moyenne du volume des investissements des entreprises et des ménages sera très probablement négative au cours des prochains trimestres. De plus, des travaux de recherche récents montrent que, depuis 2009, l’impact maximal de la politique monétaire sur l’inflation pourrait être atteint plus rapidement
Calendriers commentés des principaux indicateurs économiques de la semaine écoulée et de la semaine à venir.
Le redressement du climat des affaires signale un risque à la hausse sur notre prévision actuelle d'une contraction du PIB espagnol au T1 2023. L’indicateur composite PMI est repassé au-dessus de la barre des 50 en janvier (51,6), cinq mois après avoir basculé sous ce seuil. Ce rebond est attribuable aux services (52,7), tandis que l‘activité manufacturière demeure en zone de contraction (48,4). Si la production industrielle a progressé de 0,8% m/m en décembre et de 2,8% en 2022, elle a tout juste comblé son déficit par rapport à 2019.
En janvier, les enquêtes ISM sur le climat des affaires ont envoyé des signaux contrastés : l’indice du secteur manufacturier a continué de se dégrader, s’enfonçant en zone de contraction (47,4), tandis que celui du secteur non-manufacturier a fortement rebondi (à 55,2), effaçant quasiment entièrement sa chute de décembre.
Le reflux de la Covid-19 se poursuit pour la cinquième semaine consécutive dans le monde. L’indicateur de substitution hebdomadaire du PIB s’est nettement redressé en Allemagne, en France, en Belgique et en Italie, alors qu’il demeure relativement stable en Espagne. Aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Japon, l’indicateur se distingue par une hausse sur les derniers points.