L’inflation, après s’être stabilisée en mai, a ralenti en juin, passant de 8,7% à 7,9%, tandis que sa mesure sous-jacente a reculé de 7,1% à 6,9%. Ce rapport, s’il contient des nouvelles positives comme la décélération des prix alimentaires (17,3% a/a), de l’hôtellerie et restauration (9,5% a/a) ou encore des biens ménagers (6,5% a/a), ne rassurera pas totalement la Banque d’Angleterre (BoE). Les pressions inflationnistes restent en effet importantes, s’accentuant même dans certains secteurs, notamment dans la communication (9,5% a/a), les services de santé (8,2% a/a) ou la culture et les loisirs (6,7% a/a). En variation 3m/3m annualisée, l’indice sous-jacent atteint un nouveau record à 11,6%, tiré par les services (+12,7%). Nous prévoyons donc une poursuite du resserrement monétaire de la BoE lors de sa réunion d’août, avec une hausse de 50 pb de son taux directeur.
Le rapport du marché du travail du mois de juillet était, quant à lui, contrasté. D’un côté, la croissance des salaires, stable à 7,3% a/a en mai, inquiète par sa vigueur ainsi que par son caractère de plus en plus diffus, renforçant le mécanisme de la boucle prix-salaire. La proposition finale du gouvernement concernant les revalorisations salariales dans la fonction publique, (5 à 7% en fonction des secteurs), devrait contribuer à maintenir une croissance des salaires élevée dans le pays. Les rémunérations dans le secteur public affichaient une hausse de 5,7% en g.a. en mai. D’un autre côté, les données préliminaires pour l’emploi montrent un ralentissement du marché du travail qui jouerait un rôle à moyen terme dans la réduction de la croissance des salaires. L’estimation provisoire pour le mois de juin indique en effet une perte nette de 9 000 emplois, alors que le taux de chômage a dépassé la barre des 4% pour la première fois depuis janvier 2022. Enfin, le nombre d’emplois vacants a chuté de 85 000 (-7,6% 3m/3m) sur la période allant de mars à mai.
L’activité économique au Royaume-Uni devrait conserver son atonie jusqu’à la fin de l’année 2024 et traverser une période de récession technique au 1er semestre 2024 selon nos prévisions. Pour 2023, nous anticipons une croissance de 0,4%. La persistance de l’inflation devrait pousser la BOE à porter son taux directeur à 5,75% au cours du 3e trimestre, ce qui pèsera sur l’investissement.
Guillaume Derrien avec la collaboration de Louis Morillon (stagiaire). Achevé de rédiger le 19/07/2023.