Si la trajectoire du climat des affaires pouvait en mai laisser augurer une récession à venir, celle de juin est plus ambivalente. Certes, la nouvelle baisse de l’ISM manufacturier, à 46 en juin, a porté ce dernier à son plus bas niveau depuis la crise de 2008 (hors période de Covid). Le message de l’ISM non-manufacturier est toutefois clairement divergent avec un rebond à 53,9 en juin contre 50,3 en mai.
Les enquêtes liées au consommateur soulignent elles-aussi une amélioration : celles du Conference Board et de l’Université du Michigan ont rebondi en juin, rebond confirmé en juillet pour cette dernière (à 72,6, niveau inédit depuis septembre 2021), alors même que l’inflation a poursuivi son repli en juin à 3% a/a (-1,9 pp en deux mois). Ce repli se confirme et se diffuse puisque l’inflation sous-jacente n’atteint plus que 4,8% a/a en juin (plus bas niveau depuis octobre 2021).
Cette désinflation graduelle a engendré une stabilité des taux directeurs lors de la réunion du FOMC (13-14 juin). Nous pensons toutefois que la prochaine réunion (25-26 juillet) devrait conduire à une hausse de 25 bp, notamment parce la vigueur du marché du travail devrait ralentir la décrue de l’inflation sous-jacente. Si les créations d’emplois (hors emploi agricole) ont quelque peu ralenti en juin (à 209K), elles restent importantes et ont enregistré un chiffre encore supérieur en mai (306K).
L’estimation GDPNow de la Réserve fédérale d’Atlanta s’est plutôt raffermie ces dernières semaines, (+0,6% t/t le 18 juillet contre +0,5% t/t il y a un mois), en cohérence avec les signaux positifs perceptibles dans les enquêtes. Ceci souligne que, non seulement, la croissance aurait été positive au 2e trimestre, mais que le momentum se serait même encore un peu amélioré au début du 3e. Cette estimation GDPNow est soutenue en termes de niveau par la forte croissance de l’investissement privé (+9,4% t/t au T2) estimée par la Fed d’Atlanta dans le contexte de la nette croissance de l’investissement manufacturier. En parallèle, la révision à la hausse de l’estimation de la croissance de la consommation privée est notable (de 1,2 à 2,4% t/t au T2).
Stéphane Colliac (achevé de rédiger le 19/07/2023)