Cinq mois plus tard, ces paroles de M. Draghi se révèlent prémonitoires. La croissance marque nettement le pas, et ce pour diverses raisons : fléchissement du cycle d’investissement mondial, ralentissement des échanges mondiaux, repli de la croissance en Chine, facteurs spécifiques à certains pays comme l’Allemagne, l’Italie et la France, longue période d’incertitude générale, etc. Résultat, les importants goulets d’étranglement sur le marché du travail ont commencé à se résorber. De plus, la croissance de la rémunération par salarié, quoique forte, s’est légèrement repliée, bien qu’il soit trop tôt pour parler d’une nouvelle tendance. Ce contexte plus difficile freine le processus de répercussion des hausses salariales sur l’inflation pour que cette dernière converge vers l’objectif de la BCE. C’est ce que confirment les dernières données sur l’inflation avec un IPCH sous-jacent en hausse de 0,8 % en mars par rapport à 2018. Il y a quelque chose de tragique à observer un ralentissement de la croissance importé, conjugué à des chocs d’incertitude également extérieurs. La phase de croissance très robuste engagée dans la zone euro apparaît de ce fait écourtée et touchée par un fléchissement prématuré. Cette évolution a, à son tour, réduit l’efficacité de la politique monétaire expansionniste, ne laissant d’autre choix à la BCE que de commencer à envisager de nouvelles mesures. À cet égard, les détails de la nouvelle opération de refinancement à long terme ciblée (TLTRO) sont attendus avec impatience.