Les vacances d’été ont véritablement commencé le week-end dernier et d’après les reportages habituels mais aussi d’après les enquêtes, l’activité du tourisme devrait être vigoureuse. La demande contenue joue un rôle important puisque les dépenses touristiques et le nombre de nuitées en hôtels restent inférieures aux niveaux d'avant Covid-19. Un autre facteur à prendre en compte est le fort rebond de la confiance des consommateurs qui évaluent plus positivement les perspectives économiques et leur situation financière et entrevoient une baisse de l'inflation. Le stock d'épargne excédentaire accumulé pendant le confinement peut également jouer un rôle ainsi que des changements dans la répartition des dépenses des ménages. Sur base des perspectives macroéconomiques, cet environnement pourrait toutefois devenir plus compliqué.
Les vacances d’été ont véritablement commencé le week-end dernier et avec elles, les reportages habituels sur les embouteillages sur la route des vacances et les files d’attente dans les aéroports. Le moral dans le secteur du tourisme est au beau fixe. Au mois de mai déjà, Reuters indiquait que, d’après les premières réservations, l’Italie, l’Espagne, la Grèce et le Portugal devraient enregistrer, cette année, des recettes touristiques record[1]. Les enquêtes de la Commission européenne auprès des entreprises montrent que dans les secteurs de « l’hébergement », des « activités de service de restauration et de boissons » et des « agences de voyages, services de réservation des tour-opérateurs et activités connexes », seul un faible pourcentage de répondants estiment que leur activité pâtit d’une insuffisance de la demande (graphique 1).
L’évaluation de la demande dont bénéficie le secteur est donc très positive, à un niveau inégalé depuis 2007, un an avant la crise financière mondiale[2]. Comme l’indique l’article publié par Reuters, la demande contenue des ménages n’y est probablement pas étrangère, loin de là. Le graphique 2 montre que, malgré un fort rebond, le nombre de nuitées dans l’hôtellerie en Allemagne, en Espagne, en France et en Italie reste en deçà des niveaux pré-Covid-19[3]. En 2021 – année des dernières données disponibles – les dépenses des touristes de l’Union européennes (toutes destinations confondues) restaient nettement en deçà du niveau pré-pandémique (graphique 3). L’autre facteur à prendre en compte est le net redressement de la confiance des ménages après le creux atteint en septembre 2022, porté par une meilleure évaluation des perspectives économiques et de la situation financière personnelle.
De plus, les consommateurs s’attendent à un impact plus limité de l’inflation dans les douze prochains mois. Le stock d’épargne excédentaire accumulé pendant le confinement pourrait aussi jouer un rôle. D’après une étude récente, ce stock est en grande partie épuisé aux États-Unis tandis qu’en France, en Allemagne, en Italie et en Espagne, il reste élevé autour de 3 % du PIB[4]. Enfin, les habitudes de dépenses sont peut-être en train de changer, avec une augmentation de la consommation touristique aux dépens d’autres types de dépenses. Ainsi qu’il ressort de la dernière enquête réalisée aux États-Unis, le ménage médian s’attend à un ralentissement de la croissance des dépenses dans les différentes catégories mais à une stabilisation[5] de celles consacrées aux loisirs dans les douze prochains mois. Cependant, cela ne s’applique pas nécessairement à la zone euro, les intentions d’achats importants s’étant nettement améliorées ces derniers mois.
À l’avenir, les perspectives économiques devraient se compliquer avec la perte d’importance progressive de la demande contenue, la résorption de l’excès d’épargne, et les effets sur les dépenses et les arbitrages des consommateurs dus à la stagnation à venir de la croissance au second semestre et au début de l’année prochaine.
William De Vijlder