La BCE a augmenté ses taux directeurs de 450 points de base depuis juillet 2022. Ce resserrement de la politique monétaire est inédit par son amplitude depuis la création de la zone euro. Ce resserrement se diffuse aux taux des prêts et des dépôt bancaires, ce qui est tout à fait en ligne avec l’objectif de la politique monétaire qui est de freiner la demande agrégée et de ramener l’inflation vers la cible de 2%. Pour mémoire, l’inflation qui se situait encore à +5,2%, en glissement annuel, au mois d’août. Le renchérissement du crédit freine sa demande (ce que confirment les résultats des BLS successives publiées par la BCE). Le freinage appuyé de l’encours des crédits bancaires s’est même traduit, en juillet 2023, par un recul de la masse monétaire M3, pour la première fois depuis 2010.
En raison des anticipations de relèvement des taux directeurs par le marché, certains taux bancaires influencés par les taux de marché à moyen et long terme, comme les taux des DAT longs ou ceux des prêts à taux fixe ont commencé d’augmenter plus de six mois avant le relèvement effectif des taux directeurs, le 27 juillet 2022. Ce ne fut pas le cas des taux variables dont la hausse a été plus tardive, concomitante à celle des taux directeurs et du marché monétaire.
Bien que plus tardive que la hausse des taux fixes, celle des taux variables s’est révélée plus sensible en cumul entre janvier 2022 et juillet 2023, ce qui est cohérent avec l’inversion de la pente des taux que nous observons depuis le début de 2023.
La hausse des taux variables est non seulement de plus forte ampleur mais sa portée est beaucoup plus étendue : elle s’applique non seulement aux nouveaux emprunteurs, mais aussi et surtout – et c’est la grande différence avec les taux fixes - aux emprunteurs en cours, qui subissent dès lors une augmentation significative de leurs charges financières. C’est un processus qui est certes de nature à renforcer l’efficacité du resserrement de la politique monétaire et la contraction de la demande dans les pays de la zone euro dans lesquels la part des prêts à l’habitat à taux variable est relativement élevée (Finlande, Portugal, dans une moindre mesure Italie et Espagne) mais c’est également un aspect susceptible d’impliquer, à terme, un alourdissement du coût du risque plus important pour les banques des pays concernés.