À l’issue de sa réunion du 16 juin, le Comité de politique monétaire (MPC) de la Banque d’Angleterre a procédé, sans surprise, à une nouvelle hausse de son taux directeur, la cinquième consécutive de 25 points de base, le portant à 1,25%. Ce durcissement, d’ampleur modeste comparativement à la hausse de 75 pb décidée par la Fed, vise à concilier la lutte contre la poussée inflationniste qui se poursuit toujours à un rythme soutenu (+2,5% m/m non corrigé des variations saisonnières en avril, soit 9% en glissement annuel) sans trop peser sur une économie déjà très négativement affectée par le choc inflationniste. L’augmentation des prix du gaz (+67% m/m) et de l’électricité (+40% m/m) touche plus particulièrement les ménages, dont le pouvoir d’achat a considérablement diminué. Leur confiance s’établit à son plus bas historique selon l’indice GfK (-40 en mai), tirée par des anticipations très négatives concernant la situation générale de l’économie britannique (-56) et leur situation financière (-25) pour les douze mois à venir.
Pour faire face à cette baisse du pouvoir d’achat des ménages, le chancelier de l’Échiquier Rishi Sunak s’est résolu à mettre en place un plan de soutien. Selon le HM Treasury, un peu plus de 10% des ménages britanniques les plus vulnérables devraient recevoir au moins GBP 1 200 cette année[1]. Ce plan de soutien comprend notamment le versement, en deux fois, de GBP 650 pour faire face à la hausse du coût de la vie ainsi que le doublement (GBP 400) de la réduction sur les factures énergétiques en octobre. Ces dernières pourraient en effet augmenter de plus de 40% (soit GBP 800) par an et par foyer en octobre selon l’autorité britannique de l’énergie (Ofgem).
Afin de limiter l’impact sur le déficit budgétaire, le HMT prévoit de financer une partie de ces mesures par une taxe temporaire (au maximum jusqu’en 2025) de 25% sur les bénéfices des entreprises de pétrole et de gaz, qui atteignent des montants exceptionnels avec la hausse du pétrole depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Mais les entreprises bénéficieraient, par ailleurs, d’une déduction d’impôt de 90% pour chaque GBP 1 investie dans les projets d’extraction de pétrole et de gaz. Cette déduction d’impôt pourrait encourager le lancement de plusieurs dizaines de nouveaux projets d’hydrocarbures, dont la capacité de production serait équivalente à près de 1,9 milliard de barils de pétrole. Si une telle production aurait un impact baissier opportun sur les prix de l’énergie, en augmentant l’offre d’hydrocarbures, les conséquences négatives en matière climatique sont, à l’inverse, malvenues. La consommation de ces barils entraînerait une émission de 899 millions de tonnes de gaz à effet de serre, ce qui est incompatible avec les engagements britanniques en matière climatique.
Entre la volonté d’accroître l’offre d’énergie fossile et l’accélération de la transition énergétique, le gouvernement britannique a fait son choix. Ciblant une augmentation de l’offre plutôt qu’une réduction de la demande, il n’encourage pas les économies d’énergie, élément pourtant essentiel. Favorable au secteur des énergies fossiles, cette politique n’accélère pas non plus la transition vers des sources d’énergie bas-carbone. Concilier soutien au pouvoir d’achat face à l’inflation et accélération de la transition énergétique reste épineux.