L’annonce, le 6 mars prochain, du budget de printemps par Jeremy Hunt constituera un jeu d’équilibriste pour le chancelier de l’Échiquier britannique. Il a la tâche difficile de devoir soutenir une économie dont l’activité patine et les besoins en investissement s’accroissent tout en parvenant à inverser la trajectoire du déficit public qui s’est détériorée en 2023.
Récemment, un accord a été conclu entre les représentants du Conseil européen, du Parlement européen et de la Commission européenne sur un nouveau cadre de gouvernance économique. Ce cadre porte essentiellement sur une surveillance fondée sur les risques, sur une distinction entre les États membres en fonction de leur situation spécifique, ainsi que sur l’intégration des objectifs en matière de politique budgétaire, de réformes et d’investissements au sein d’un plan budgétaire à moyen terme. Un indicateur opérationnel unique, sous la forme d’une trajectoire de dépenses nettes, devrait faciliter la communication et privilégier le rôle clé des dépenses primaires discrétionnaires au lieu des hausses d’impôts pour ramener les finances publiques sous contrôle
La décision récente de la Cour constitutionnelle fédérale allemande a alimenté le débat sur le frein à l’endettement, qui impose des règles strictes en termes de déficit budgétaire. Au risque de simplifier à l’extrême, la question est de savoir si la politique budgétaire doit être fondée sur une règle de fer ou sur une règle d’or. En imposant la rigueur budgétaire aux gouvernements futurs, le mécanisme du frein à l’endettement renforce la crédibilité de la politique budgétaire. Cependant, l’accent mis sur le déficit budgétaire conduit, sur la base d’hypothèses réalistes, à un repli significatif de la dette publique en pourcentage du PIB
Fort de sa nette victoire à l’élection présidentielle, le nouveau président Javier Milei entend mener au pas de charge la libéralisation et la dérégulation de l’économie. Un décret et une loi « omnibus » d’un peu plus de 1 000 mesures, pour certaines très radicales, sont déjà soumis à l’examen des parlementaires. Ces mesures ont été jugées plutôt favorablement par les marchés et le FMI. Mais, dans un contexte politique et social très tendu, l’économie s’enfonce dans la stagflation et la situation financière du pays reste très précaire. Le gouvernement a déjà discuté d’un nouvel étalement des remboursements de la dette publique domestique avec les banques. Quant à la dette extérieure, un défaut a encore une chance d’être évité avec le soutien du FMI
En dépit du ralentissement économique mondial, la croissance économique indonésienne est restée solide. Les pressions inflationnistes demeurent contenues malgré la hausse des prix du riz. Les finances publiques se sont consolidées et le déficit budgétaire est retourné sous le seuil règlementaire de 3% du PIB un an plus tôt que prévu. Même si la dette est supérieure au niveau d’avant-crise, elle reste modeste et son refinancement est moins dépendant des investissements de portefeuille. L’augmentation de la charge d’intérêts sur la dette est à surveiller car elle réduit les marges de manœuvre budgétaire du gouvernement pour soutenir l’économie
Le gouvernement actuel brigue un troisième mandat aux élections législatives du 15 octobre prochain. Quelle qu’en soit l’issue, le futur gouvernement sera confronté à trois défis majeurs sur le plan économique : un ralentissement marqué de la croissance, une dégradation du déficit budgétaire et une hausse du risque de crédit. Toutefois, cette montée des risques ne constitue pas un réel motif d’inquiétude. Des garde-fous à la hausse de la dette publique existent. Le pays dispose aussi de liquidités extérieures confortables et le secteur bancaire est solide. Le reflux de l’inflation a facilité le changement de cap en matière de politique monétaire mais cela semble prématuré compte tenu des pressions salariales élevées.
La conjoncture économique brésilienne multiplie les bonnes surprises. La croissance et l’emploi résistent bien, l’inflation sous-jacente reflue, les excédents commerciaux battent des records et la monnaie tient bon malgré la remontée du dollar. Dans ce contexte, la banque centrale a amorcé, en août, le desserrement de sa politique monétaire. Ces performances conjuguées à la relance des politiques sociales ont permis à la cote de popularité de Lula de se redresser. À la quête de nouveaux relais de croissance pour réduire les inégalités et accélérer la transition énergétique, le Président a dévoilé le troisième volet de son Pacte d’accélération de la croissance (Novo PAC). Son financement pose toutefois question au vu du nouveau cadre budgétaire
La crise sanitaire et la guerre en Ukraine ont amené de nombreux pays avancés à reconsidérer leurs chaines d’approvisionnement afin de sécuriser certaines productions stratégiques, en les relocalisant, et de mettre en place un cadre favorable à la transition énergétique et écologique.
Le discours d’ouverture de Jerome Powell au symposium de la Réserve fédérale à Jackson Hole était au centre de l’attention et s'est focalisé sur le court terme et l’inflation. Le message à retenir ? La lutte contre l'inflation n’est pas encore terminée – un message repris et appuyé par Christine Lagarde lors de son propre discours.
Comment caractériser le cycle économique actuel ? Qu'il s'agisse de la transmission monétaire, du ralentissement de la croissance ou encore de la désinflation, la lenteur semble être de mise. De plus, les perspectives de reprise, qui marqueront le début d'un nouveau cycle, promettent d'être placées sous le même signe.
Les décisions des banques centrales influencent les marchés, les ménages et les entreprises. Il est donc nécessaire de comprendre comment les banques centrales réagiront aux développements économiques. Dans le cas de la BCE et de la FED, les fonctions de réaction sont similaires mais les messages divergent en raison des différences en termes de contexte économique, particulièrement les taux d’intérêt réels.
La Grèce, le Portugal et, dans une moindre mesure, l’Espagne, ont affiché une baisse notable de leurs déficits publics en 2022. Selon les résultats préliminaires d’Eurostat publiés le 21 avril, le déficit primaire s’est, en effet, réduit de près de moitié en Espagne (-2,4% du PIB), il a été résorbé en Grèce, tandis que le Portugal affiche à nouveau un excédent (1,6% du PIB). En Grèce et au Portugal, le déficit public est repassé sous la limite des 3% de PIB fixée par le pacte de croissance et de stabilité, sur laquelle ils s’étaient déjà réalignés entre 2016 et 2019. Bien qu’en nette baisse, le déficit en Espagne reste conséquent, à 4,8% du PIB
Traditionnellement, la politique monétaire est axée sur le maintien de la stabilité des prix tandis que la politique budgétaire vise d’autres objectifs. Lorsque l’inflation est très inférieure (supérieure) à la cible dans la durée, la politique monétaire peut devenir, du fait de cette séparation des rôles, extrêmement accommodante (restrictive). En conséquence, les taux d’intérêt connaissent une importante amplitude cyclique, qui peut entraîner des conséquences indésirables pour l’économie et menacer la stabilité financière. Des simulations montrent qu’une approche coordonnée entre politiques monétaire et budgétaire diminue l’ampleur cumulée optimale des baisses (hausses) de taux. Cependant, une telle approche serait probablement très difficile à mettre en pratique.
La stabilité des prix, la stabilité financière et la soutenabilité de la dette font partie des conditions nécessaires au développement équilibré d’une économie sur le long terme. On peut ainsi les voir comme les piliers de « l’édifice économique ». La faiblesse ou la fragilité d’un seul d’entre eux (ex. : une inflation bien supérieure à l’objectif, des prix d’actifs surévalués, ou un ratio de dette publique élevé et en forte hausse) peut affecter la solidité des deux autres, et affaiblir la structure dans son ensemble.Cela pose la question de la relation entre ces trois conditions. Compte tenu de ces interactions, il est important que chaque politique— monétaire, budgétaire ou orientée vers la stabilité financière — soit menée en tenant compte de son influence sur les autres objectifs
En dépit de la guerre en Ukraine, l’économie polonaise a enregistré une croissance annuelle relativement solide en 2022. Elle a été néanmoins très erratique avec de fortes baisses au T2 et au T4. Pour 2023, malgré un acquis de croissance négatif, la récession sera probablement évitée en raison du maintien du soutien budgétaire. Les pressions inflationnistes restent fortes à court terme en raison des pressions salariales et du retour du taux de TVA sur l’énergie à son taux initial. Le blocage temporaire des fonds européens depuis 2022 peut, a priori, susciter des inquiétudes dans un contexte où les comptes publics et externes restent dégradés. Toutefois, l’afflux d’investissements directs étrangers constitue un amortisseur notable. En 2022, ces flux ont plus que compensé le déficit courant
L’économie algérienne bénéficie d’une conjoncture favorable, quasi inédite depuis une décennie. L’année 2022 a ainsi été marquée par le retour des excédents jumeaux grâce à l’envolée des cours mondiaux des hydrocarbures et une modération inattendue du soutien budgétaire. Malgré un environnement international fragile, les perspectives 2023 sont bien orientées et les risques macroéconomiques sont contenus. Néanmoins, la persistance d’une inflation élevée est un risque à surveiller. Surtout, l’envolée des dépenses publiques prévue dans la loi de finances pourrait alimenter de nouveaux déséquilibres macroéconomiques à moyen terme sans pour autant soutenir fortement l’activité économique.
Après des années de sous-investissements dans son réseau électrique, l’Afrique du Sud subit des délestages électriques quotidiens dont l’intensité n’a fait qu’augmenter sur les derniers mois. L’activité économique s’en trouve fortement impactée. Le rétablissement des capacités de production d’électricité sera lent, ce qui pèsera fortement en 2023 sur la croissance et sur la balance commerciale. Les contraintes sur l’offre contribueront à maintenir une inflation élevée, tandis que le taux de chômage est préoccupant. Dans ces conditions, le parti au pouvoir, l’ANC, sera poussé à revoir à la baisse sa trajectoire de consolidation budgétaire. Par ailleurs, la reprise partielle de la dette de l’entreprise d’électricité Eskom contribuera à augmenter fortement la dette publique.
Le 22 février dernier, le Trésor sud-africain a présenté son cadre budgétaire à la veille de la nouvelle année fiscale qui débutera au 1er avril. Après une légère réévaluation à la hausse du solde budgétaire depuis le mois d’octobre 2022, le Trésor table désormais sur un excédent primaire dès l’année fiscale en cours. Cette performance devrait se consolider progressivement au cours des trois prochaines années.
Les risques à la baisse s’accumulent sur la croissance française, tant et si bien qu’elle pourrait se révéler inférieure à ce que prévoit le projet de loi de finances du gouvernement. En effet, le soutien des finances publiques, notamment au pouvoir d’achat, reste conséquent.En 2023, nous estimons que la croissance devrait être inférieure de 1 point de pourcentage à l’hypothèse du gouvernement. Cela implique un écart limité entre un déficit à 5,4% du PIB lors de l’exécution budgétaire et le niveau prévu de 5% du PIB du projet de loi de finances.Les risques apparaissent mesurés, entre une détérioration du marché du travail, qui devrait rester relativement contenue, et une remontée logique des défaillances d’entreprises, dont le niveau devrait néanmoins rester inférieur à celui de 2019
Les industriels japonais se reposent de plus en plus sur l’activité de leurs filiales basées à l’étranger comme source de débouchés. Les ventes des entreprises manufacturières, réalisées par ces filiales, s’élevaient en effet, au deuxième trimestre 2022, à JPY 38,8 trilliards (USD 299,7 mds), un record. Cela représentait 28% des ventes totales des entreprises manufacturières japonaises si l’on additionne les ventes des filiales à l’étranger et celles des entreprises implantées sur le territoire national. Ce pourcentage constitue également un nouveau pic historique
L’intronisation dimanche dernier de Giorgia Meloni au poste de présidente du Conseil italien ne doit pas faire oublier les débuts difficiles de la nouvelle coalition au pouvoir. En effet, des fissures sont déjà apparues entre les différents partenaires de l’alliance de droite. En sus des dissensions politiques, le contexte économique italien est également propice à générer des tensions. La plupart des indicateurs du baromètre ont poursuivi leur dégradation ces dernières semaines, à la fois du côté des indices centrés sur les entreprises et de ceux portant sur les ménages.
Alors que le gouvernement allemand a déjà mis en œuvre une batterie de mesures budgétaires pour un montant de EUR 65 mds (soit 1,8% du PIB), Olaf Scholz a annoncé le 29 septembre dernier « une double dose », selon ses propres termes, avec l’instauration d’un bouclier énergétique d’une enveloppe maximum de EUR 200 mds. L’ensemble de l’enveloppe ne devrait pas être consommé, mais seulement la moitié d’après les premières estimations. Après deux décennies de rigueur, l’Allemagne entre dans une nouvelle ère budgétaire alors que son bien le plus précieux, l’industrie, est en pleine crise.
Gabriel Boric, le candidat de la très large coalition de gauche, a remporté le deuxième tour de l’élection présidentielle en décembre dernier. Il a pris ses fonctions mi-mars et fait déjà face à de nombreux défis. Son discours de politique générale, prononcé au début du mois de juin, puis la présentation de la réforme fiscale à la fin de ce même mois confirment sa volonté de mettre en œuvre une politique économique et sociale différente de celle de ses prédécesseurs. Il ambitionne d’amorcer, au cours de son mandat, une « transition verte » rapide, mais aussi de trouver un « juste équilibre » entre le besoin de réformes, en faveur de plus de justice sociale, et la nécessité de rester « fiscalement responsable »
L’accélération de la croissance, le ralentissement de l’inflation, la baisse du chômage et l’interruption du cycle de resserrement monétaire distinguent le Brésil de la plupart des grandes économies. Ces évolutions, largement imputables à l’action de la politique budgétaire (hausse des transferts, réduction des taxes et du prix des carburants), compliquent la tâche des autorités monétaires car elles compensent l’effet restrictif de leur politique. Au second semestre 2022, la relance budgétaire devrait limiter le ralentissement attendu de l’activité. Les bonnes performances économiques ont permis aux actifs financiers brésiliens de résister malgré la tenue des élections générales et un contexte mondial dégradé.
Deux ans après le choc de la pandémie, la Tunisie est durement frappée par les conséquences du conflit en Ukraine. L’envolée des prix des matières premières conduit à une dégradation dangereuse des comptes extérieurs et des finances publiques. L’inflation atteint des niveaux historiquement élevés, pénalisant un peu plus l’activité économique, qui peine à retrouver de l’allant depuis la crise de 2020. En l’absence de marge de manœuvre financière, la Tunisie espère obtenir l’appui du FMI pour apaiser les tensions macroéconomiques. Il y a urgence.