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Brésil : L'économie fait de la résistance

02/05/2024
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Après avoir stagné au deuxième semestre 2023, l’activité économique se raffermit depuis quelques mois, soutenue entre autres par la résilience de l’emploi. Ce bon début d’année ne s’imposait pourtant pas comme une évidence au vu de la divergence de nombreux indicateurs. Le rythme des baisses des taux devrait ralentir au deuxième semestre 2024. En effet, l’assouplissement monétaire se heurte à une désinflation plus lente qu’anticipé et à des risques haussiers sur les anticipations d’inflation. Ces dernières sont écornées par la révision des objectifs budgétaires pour 2025-28 et un interventionnisme plus prononcé de l’État, soucieux de relancer l’investissement. Le sommet annuel du G20 en novembre prochain et la tenue de la COP30 l’année prochaine donneront l’occasion au Brésil de renforcer son leadership du Sud global en soutien des questions environnementales, de lutte contre la pauvreté et de redistribution.

La conjoncture déjoue les attentes (une fois de plus)

PRÉVISIONS

Comme au cours des trois dernières années, les indicateurs d’activité du premier trimestre ont été beaucoup mieux orientés qu’anticipé : dans le sillage du rebond engagé en décembre dernier, l’indicateur avancé du PIB (IBC-Br) a continué de progresser en janvier et février 2024, tandis que les enquêtes PMI du mois de mars indiquent une expansion de l’activité dans les services et le secteur manufacturier.

Ces données conjoncturelles ont mis à mal le scénario d’un ralentissement de l’économie auguré par la stagnation du PIB au deuxième semestre 2023. L’épidémie record de dengue que traverse le pays (plus de 3 millions de cas recensés) ne semble pour l’instant pas peser significativement sur la croissance du PIB.

La consommation a été le moteur de la reprise économique soutenue par la hausse de transferts[1] et la bonne tenue de l’emploi. Contrairement aux anticipations, le marché du travail ne montre toujours pas de signes d’essoufflement. Corrigé des variations saisonnières, le chômage a sensiblement reflué au premier trimestre tandis que les revenus moyens (en termes réels) ont continué de progresser (9e mois consécutif de hausse en février). Ces évolutions favorables expliquent la solide progression des ventes de détail ainsi que celle des activités de services.

Pourtant, la lecture de certains indicateurs pouvait laisser douter de la vigueur du raffermissement de l’activité : baisse de la production industrielle, repli de la confiance des ménages (en janvier et février), tassement des exportations de biens en volume au T1 (+0,9% vs. T4 2023). L’octroi de crédit n’a pas connu de sursaut particulier (en glissement annuel, la progression du crédit en termes réels est stable autour de 3,5% depuis septembre 2023). En parallèle, le marché boursier (-15% en dollar) et la monnaie (-7,5% contre le dollar) ont connu des déconvenues depuis le début de l’année – au point de sous-performer la plupart des grands pays émergents et autres exportateurs nets de pétrole. Sur les deux premiers mois de l’année, Le marché actions a notamment enregistré près de USD 3,6 mds des sorties nettes de capitaux de la part des non-résidents.

Des soutiens budgétaires multiformes