La guerre en Ukraine, comme toute guerre, est d’abord un drame humain. Elle est aussi une épreuve économique de plus pour les sociétés et gouvernements de nombreux pays, à peine remis de l’épidémie de Covid-19. Déjà sous tension, les prix du pétrole, du gaz, du blé, des oléagineux ou de la plupart des métaux connaissent une flambée inédite. Les taux d’inflation, pourtant records, du début d’année 2022 vont encore augmenter, touchant en premier lieu des postes sensibles comme l’alimentation.
Face au choc et contrairement à l’Union européenne, dont la dépendance énergétique à la Russie reste forte , les États-Unis ne sont pas les plus exposés. Premiers producteurs d’hydrocarbures, ils peuvent même pallier, au moins en partie, le déficit de production russe. Mais dans un contexte général plus incertain, donc moins propice à la dépense, ils ne sont pas non plus immunisés. Au-delà du retournement boursier, quelques indices du climat des affaires comme celui de la Réserve fédérale de Philadelphie ou encore l’Empire manufacturing index témoignent déjà d’une conjoncture moins euphorique.
Pour la Réserve fédérale des États-Unis (Fed), qui envisage de resserrer la politique monétaire, l’équation se complique. Son président Jerome Powell a récemment réaffirmé son intention d’augmenter d’au moins un quart de point les taux directeurs le 16 mars. Sans doute possède-t-il encore de solides arguments, au premier rang desquels la hausse des loyers, qui devient le principal moteur de l’inflation américaine et qui s’accompagne d’une rapide expansion du crédit hypothécaire. Mais au-delà ? Tout en annonçant plusieurs tours de vis monétaires et une réduction relativement rapide de la taille de son bilan, la Fed a toujours conditionné l’évolution de sa politique à celle des données conjoncturelles. Parions qu’elle y sera particulièrement sensible dans les mois à venir.
Jean-Luc Proutat