Croissance du PIB, inflation, taux d'intérêt et taux de change
D’après les dernières données conjoncturelles, les divergences en termes de croissance entre les États-Unis, l’Europe et le Japon se seraient maintenues en début d’année 2024. En Europe, la conjoncture du 1er trimestre a été une nouvelle fois perturbée par des éléments exceptionnels, cette fois en lien avec la crise en mer Rouge qui a particulièrement affecté la production automobile, et par extension la production industrielle au mois de janvier.
À peine avons-nous obtenu une réponse à nos questions que de nouvelles apparaissent, qui amènent avec elles un changement de paradigme. C’est un phénomène que nous vivons à nouveau. Les récents commentaires de Christine Lagarde et de Jerome Powell nous ont fourni des indications implicites sur le calendrier de la première baisse des taux. L’attention se porte désormais sur la rapidité et l’ampleur de la réduction des taux directeurs
Les récentes déclarations de la Réserve fédérale et de la BCE indiquent clairement que la première baisse des taux d’intérêt approche. Les deux banques centrales tiennent le même discours - cela dépendra des statistiques. Toutefois, si l'on y regarde de plus près, la communication de la BCE est plus opaque que celle de la Réserve Fédérale, qui fournit les projections de taux d’intérêt des membres du comité directeur de la Réserve Fédérale (« dot plot »). Plusieurs approches sont possibles pour tenter de prédire la rapidité et le nombre des baisses de taux directeurs de la BCE dans le présent cycle
Les chiffres clés de l'économie française comparés à ceux des principaux pays européens, l'analyse des données relatives à la population et au marché du travail français, l'activité par secteur, les chiffres des administrations publiques, de l'inflation, des taux et des comptes des entreprises.
Aux États-Unis, la dernière Enquête des prévisionnistes professionnels (SPF) de la Banque de Réserve Fédérale de Philadelphie dresse un tableau plutôt optimiste des perspectives économiques. Une enquête similaire de la BCE table sur une reprise graduelle de la croissance cette année. Dans l'un et l'autre cas, le niveau de désaccord est faible. Il est donc permis d'être confiant sur les perspectives économiques. Toutefois, les scénarios alternatifs sont majoritairement négatifs pour la croissance et conduiraient à une baisse plus nette de l’inflation, tandis que certains d'entre eux ont des implications radicalement différentes du point de vue de l’évolution des rendements obligataires
Aux États-Unis, l’incertitude relative à la politique économique, basée sur la couverture médiatique, a nettement baissé en février, après un rebond en janvier. L’indice est passé de 124 à 97, un plus bas depuis juillet 2023, date de la dernière hausse des taux directeurs. Au regard de la bonne tenue persistante de la croissance et du marché du travail américains, l’horizon conjoncturel semble se dégager, être moins incertain. Le scénario d’un atterrissage en douceur de l’économie est accrédité et le tout conforte la Fed dans sa prudence et sa temporisation avant de baisser les taux.
Croissance du PIB, inflation, taux d'intérêt et de change
La désinflation des prix à la consommation marque le pas en début d’année en Europe et aux États-Unis. Les effets favorables liés à la déflation des prix énergétiques s’estompant, l’inflation sous-jacente, toujours élevée, contribue désormais pour la quasi-totalité à la hausse des prix aux États-Unis. C’est moins vrai en zone euro et au Royaume-Uni, où l’inflation alimentaire contribuait encore pour près d’un tiers à l’inflation totale en janvier. Le reflux de l’inflation en 2023 a conduit dans toutes les zones à un recalage à la baisse des anticipations d’inflation des ménages à court terme (1 an) vers celles de long terme (5 ans)
En février, l’indice PMI composite S&P Global de l’activité mondiale s’est amélioré pour le quatrième mois consécutif (+0,3 point), pour s’établir à 52,1, son niveau le plus élevé depuis juin 2023. Un signal assez clairement encourageant pour l’activité mondiale au cours du 1er trimestre 2024, d’autant plus que cette amélioration est portée par le secteur manufacturier comme celui des services. En février, l’indice mondial PMI dans ces deux secteurs ont, en effet, atteint leur plus haut niveau, depuis août 2022 et juillet 2023, à 50,3 et 52,4, respectivement.
Croissance du PIB, inflation, taux d'intérêt et taux de change.
Croissance du PIB, inflation, taux de change et d'intérêt.
La conjoncture des mois de janvier et février souligne les incertitudes qui entourent 2024, avec, du côté positif, des améliorations dans plusieurs pays sur le climat des affaires et des marchés du travail résilients (Europe) ou toujours dynamiques (États-Unis). Autant d’éléments qui, ajoutés à une trajectoire de désinflation qui ne se diffuse pas encore à tous les secteurs (les services notamment), tendent à repousser dans le temps les anticipations de baisses de taux.
Le fret maritime mondial s’est stabilisé en février après la remontée brutale du mois précédent consécutive à l‘escalade des tensions en mer Rouge. L’indice Freightos est actuellement stable, une décrue s’observant même sur les trajets entre la Chine et l’Europe, voies de navigation les plus directement affectées par le conflit au Proche-Orient et par la remontée des coûts de transport. L’indice synthétique de tensions sur les chaînes de valeur, publié par la Réserve fédérale de New York, est resté inchangé au mois de janvier mais il devrait remonter en février, en raison de l’allongement des délais de livraison dont font état les indices PMI.
Croissance du PIB, inflation, taux d'intérêt et de change.
Après une brève accalmie en décembre, l’incertitude sur la politique économique américaine, basée sur la couverture médiatique, est repartie à la hausse en janvier. Cette résurgence est probablement à relier à la persistance de l’inflation, qui s’est maintenue au-dessus de 3% en janvier (3,1% sur un an selon l’indice des prix à la consommation du BLS) et qui s’est révélée supérieure aux attentes du consensus (2,9%). Lors de la réunion de mi-décembre, le comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a précisé qu’il ne serait pas opportun de réduire les taux en l’absence de certitude quant à la trajectoire descendante et durable de l’inflation vers son objectif à 2%.
L’indice PMI composite mondial a encore marqué une hausse pour le troisième mois consécutif en janvier (51,8 contre 51 en décembre), atteignant ainsi son plus haut niveau depuis juin 2023. Cette amélioration de l’activité globale est portée par l’ensemble des secteurs. En janvier, l’indice mondial PMI dans le secteur manufacturier et celui du secteur des services ont atteint leur plus haut niveau, respectivement, depuis août 2022 et juillet 2023.
Croissance du PIB, inflation, taux de change et d'intérêt
L’inflation headline est restée stable ces derniers mois aux États-Unis, dans la zone euro et au Royaume-Uni tandis qu’elle a baissé au Japon. Le recul de l’inflation sous-jacente est, quant à lui, généralisé et il se poursuit. Les indicateurs agrégés de pressions sur les prix, calculés à l’aide des enquêtes PMI, continuent de se détériorer, sur fond d’allongement des délais de livraison lié aux perturbations actuelles sur le commerce maritime mondial. Les indicateurs PMI relatifs aux prix des intrants sont également en hausse aux États-Unis et au Royaume-Uni.
GDP growth, inflation, interest and exchange rates
Le narratif du « dernier kilomètre », très répandu dans la sphère des banques centrales en 2023, reflète la crainte qu’après un déclin important de l’inflation, de nouvelles baisses serait difficiles à obtenir. Cependant, il semble qu’il soit de plus en plus remis en question. Le compte rendu de la réunion de décembre 2023 du Conseil des gouverneurs de la BCE mentionne qu’il a été l’objet de débats. Il semblerait que la désinflation de 2023 ait été plus rapide que lors d’épisodes précédents, soulevant des doutes quant à la pertinence de ce narratif. Un article de la Réserve fédérale d’Atlanta analyse le sujet pour le périmètre des États-Unis
Les répercussions du conflit en mer Rouge sur le transport maritime mondial sont déjà notables. Si le prix du fret maritime est, à ce stade, encore très en dessous des niveaux observés en 2021, lors du redémarrage de l’économie mondiale post-confinement, la hausse au cours du mois de janvier 2024 a été abrupte. L’indice Freightos (graphique 5) indique, en moyenne, un triplement des coûts de transport par rapport à la fin de l’année dernière. Du fait de leurs positionnements géographiques, la Chine et l’Europe sont les régions les plus directement affectées par ces perturbations, et font déjà face à des hausses de coûts de transport allant d’un facteur trois (trajet Chine-Europe) à cinq (trajet Europe-Chine)
Dernières données sur la croissance du PIB, l'inflation, les taux d'intérêt et de change.
L’année 2023 s’est terminée sur une note d’espoir suscitée par les anticipations de baisses de taux et les signes de stabilisation, voire de redressement, des enquêtes de confiance. Cette note d’espoir ne s’est pas dissipée en ce début d’année 2024. Sauf nouveau choc, le retour de l’inflation à la cible de 2% apparaît en bonne voie. Il ouvre la voie à un début d’assouplissement monétaire attendu au deuxième trimestre. Cette double baisse, de l’inflation et des taux, et l’évolution encourageante de la plupart des données économiques nourrissent le scénario d’un soft landing. Les risques et les points d’attention ne manquent toutefois pas. Les tensions géopolitiques restent fortes et susceptibles de perturber ce scénario, notamment par leur impact inflationniste