PIB, inflation, taux d'intérêt et taux de change
Face à l’urgence climatique, beaucoup de pays ont entamé leur transition écologique, la guerre en Ukraine n’ayant fait qu’accélérer le mouvement. Après leur envolée de 2022, les investissements dans les énergies « propres » devraient marquer un nouveau record en 2023 : USD 1 800 mds environ à l’échelle mondiale, soit 1,7 point de PIB d’après les estimations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). À défaut de s’être interrompue, la quête de nouveaux gisements fossiles mobilise désormais moins de capitaux (USD 1 200 mds environ).
Croissance, inflation, taux d'intérêt et taux de change
Les enquêtes de conjoncture du mois de septembre envoient des signaux divergents. La confiance des ménages se dégrade dans la plupart des pays, ce qui, dans certains cas (France, Espagne), souligne un léger regain d’inflation. Ce reflux de la confiance s’accompagne aussi, en règle générale, d’une baisse des intentions d’achats de biens durables, que l’on peut relier au niveau élevé des taux d’intérêt ainsi qu’à l’anticipation d’une détérioration modérée du marché du travail.
Aux États-Unis et dans plusieurs pays européens, les besoins bruts de financement du secteur public devraient rester importants alors que la réduction de la taille des bilans des banques centrales – le resserrement quantitatif - complique les choses. L'impact sur les rendements obligataires dépendra de la capacité des investisseurs à prendre des risques
En zone euro, l’indice d’incertitude économique de la Commission européenne s’est également redressé en septembre. Sa tendance à la baisse, visible depuis l’automne 2022, tend à s’estomper. L’incertitude ressentie augmente dans quasiment tous les secteurs d’activité, le secteur de la construction faisant exception avec une nouvelle baisse.
Croissance, inflation, taux d'intérêt et taux de change.
Le cycle de hausses des taux touche à sa fin. La poursuite de l’affaiblissement de l’activité économique et de la baisse de l’inflation, que nous anticipons à l’horizon de la fin de l’année, devrait inciter la Fed, la BCE et la BoE à ne plus relever leurs taux directeurs. Un resserrement supplémentaire ne peut toutefois être écarté. Les hausses de taux ne seraient pas suivies tout de suite d’un assouplissement : pour continuer de lutter contre l’inflation, l’action monétaire passerait par le maintien des taux directeurs à leur niveau actuel jusqu’à la mi-2024 d’après nos prévisions. Les premières baisses de taux interviendraient alors pour accompagner le reflux plus net de l’inflation et neutraliser son effet haussier sur les taux directeurs réels
Le troisième trimestre 2023 s’est achevé sur une huitième baisse consécutive de l’indice PMI composite de S&P Global. C’est la preuve de plus en plus tangible d’un ralentissement de l’économie mondiale et le signal négatif est renforcé par le niveau de l’indice proche désormais du seuil des 50 séparant la zone d’expansion de la zone de contraction de l’activité (50,5 contre 50,6 en août). Alors que le PMI manufacturier atteint 49,1 (contre 49,0 en août), indiquant toujours une contraction, le PMI services a continué de se détériorer pour le huitième mois d’affilée.
Croissance du PIB, inflation, taux d'intérêt et taux de change.
Confrontées à une inflation qui dépassait largement leurs objectifs, plusieurs banques centrales du monde développé ont été obligées de remonter agressivement leurs taux officiels. Malgré ces actions, l’activité est restée assez résiliente.
Aux États-Unis, l‘inflation sous-jacente a de nouveau baissé en août, tout comme la croissance des salaires. En zone euro, l’inflation headline est repassée, depuis juillet, légèrement en dessous de la mesure sous-jacente. La situation au Royaume-Uni reste la plus dégradée mais les dernières évolutions sont plutôt positives. Au Japon, le nouveau contexte inflationniste entraîne un réajustement à la hausse des anticipations de marché.
Le volume des échanges mondiaux de biens (exportations et importations combinées) a poursuivi son recul durant les premiers mois de l’été mais la tendance doit être mise en perspective : hormis pour quelques secteurs, et principalement l’automobile, le rattrapage de la demande post-pandémie semble en quasi-totalité comblé. La trajectoire des échanges de biens revient donc à des niveaux plus cohérents avec la tendance qui prévalait avant la Covid-19.
Croissance du PIB, inflation, taux d'intérêt et taux de change
Dans l’univers des banques centrales, les apparences sont trompeuses. Le dernier relèvement des taux de la Banque centrale européenne a été jugé dovish (accommodant) tandis que la pause décidée par la Réserve fédérale américaine a été qualifiée de hawkish (restrictive). Ces réactions montrent qu’au-delà de la décision sur les taux, le message qui l’accompagne a aussi son importance. Celui de la BCE a été perçu comme indiquant que le taux terminal avait été atteint. Aux États-Unis, les dernières projections de taux d’intérêt (dot plot) des membres du FOMC indiquent une nouvelle hausse avant la fin de l’année, avec un taux des fonds fédéraux qui devrait rester élevé pendant longtemps
L’indice du risque géopolitique, qui est également fondé sur la couverture médiatique, a récemment baissé après une hausse durant les deux premières semaines d’août. Au-delà d’une volatilité assez importante, il est sans tendance depuis le début de l’année.
Aux mois d’août et de septembre, les indicateurs économiques des principales économies de l’OCDE soulignent une détérioration à plus ou moins brève échéance. Les enquêtes sur le climat des affaires au Royaume-Uni et en zone euro – et, en particulier, en Allemagne et en France – signalent un affaiblissement déjà marqué de la conjoncture. Aux États-Unis, il est anticipé, notamment par les ménages. Il interviendrait, selon nos prévisions, à partir du 4e trimestre. Le Japon fait exception, avec le maintien du PMI des services à un niveau élevé.
Croissance du PIB, mesure de l'inflation, taux d'intérêt et taux de change.
Les chercheurs s’accordent généralement sur un point : le vieillissement de la population est préjudiciable à la croissance économique car la population en âge de travailler diminue. Leurs avis sont plus partagés concernant son impact sur l’inflation qui dépend, entre autres, du comportement de consommation et d’épargne de chaque âge. Les évolutions salariales vont jouer un rôle clé. Une baisse de la population active pourrait créer des goulets d’étranglement structurels sur le marché du travail dans certains secteurs, déclencher une « guerre des talents » et obliger les entreprises à verser des salaires plus élevés et à augmenter leurs prix de vente, avec des répercussions possibles sur le reste de l’économie
Selon son estimation finale, l’indice PMI composite S&P Global de l’activité mondiale s’est replié pour le septième mois consécutif en août. La perte d’élan de la croissance mondiale au milieu du 3e trimestre est manifeste, un signal négatif renforcé par le niveau de l’indice, qui atteint tout juste 50 (contre 51,6 en juillet), soit le seuil séparant l’expansion de la contraction.
Les faits stylisés sont des schémas récurrents existant entre les variables économiques et entre les variables économiques et les marchés financiers. Ils sont conditionnés par l’environnement économique et déterminent les attentes des ménages, des entreprises et des investisseurs. Ils sont également utilisés dans l'élaboration des prévisions économiques. Dans le cycle actuel, la pertinence de certains faits stylisés soulève quelques doutes. Aux États-Unis, l’économie continue de croître malgré une inversion significative de la courbe des taux et des hausses de taux agressives. Dans la zone euro, le marché du travail a jusqu’à présent été résilient malgré les actions de la BCE
À Jackson Hole le 25 août 2023, Jerome Powell a livré une analyse détaillée de l’inflation américaine. Il a notamment mis l’accent sur les trois grandes composantes de l’inflation sous-jacente qui permettront de suivre les progrès réalisés sur le chemin de la désinflation. On y voit deux tendances encourageantes – la baisse importante de l’inflation des biens (hors énergie et alimentation) et le début de reflux de l’inflation des services liés au logement – mais aussi, et surtout, une troisième tendance, préoccupante : l’absence de baisse dans les autres services.
Depuis peu, la Réserve fédérale comme la Banque centrale européenne emploient fréquemment le terme « incertitude », une donnée dont elles doivent tenir compte dans leurs décisions de politique monétaire. De même, les ménages, les entreprises et les investisseurs sont confrontés à différents types d’incertitude : l’incertitude entourant l’état exact de l’économie, celle sur la politique économique à venir et la politique monétaire en particulier, celle sur la transmission des chocs passés – i.e. les relèvements de taux d’intérêt – et les risques engendrés par des événements (géopolitiques, climatiques, etc.) susceptibles d’impacter l’économie