Après une contraction historique de l’activité en 2020, la croissance annuelle du PIB de l’Afrique du Sud s’est établie à 4,9% en 2021. Il s’agit du plus haut taux de croissance enregistré depuis 2007. La forte reprise du S1 2021 a été pénalisée par les émeutes qui ont eu lieu au cours de l’été et le retour des restrictions sanitaires face au variant Omicron au T4 2021. Le dynamisme de la reprise devrait continuer à s’essouffler pour atteindre 1,3% en 2022, selon nos prévisions. L’activité continuera en effet d’être structurellement contrainte par un faible potentiel de croissance. La hausse des prix continue d’accélérer
Les signaux d’alarme se multiplient. Alors que la croissance résiste plutôt bien, la dégradation importante des finances publiques sur fond de forte poussée inflationniste inquiète les investisseurs et menace les perspectives. Si la Banque centrale a déjà réagi en relevant son taux directeur, les autorités devront avant tout rassurer sur leur capacité à réduire le déficit budgétaire. Pour l’instant, elles n’y sont pas parvenues. Mais la contrainte financière forte et une dette dangereusement élevée pourraient les pousser à faire des ajustements.
En Éthiopie, la pandémie du coronavirus a déclenché une crise économique qui remet en cause le modèle de développement du pays de ces dix dernières années. Les réformes tardives, les coûts logistiques importants et la pénurie de devises étrangères ont fortement ralenti la modernisation de l’économie. De plus, le conflit interne dans la région du Tigre menace la stabilité politique du pays et aggrave la crise humanitaire. Sans ressources, le pays n’a pas les moyens de faire face aux conséquences économiques de la pandémie et il reste fortement dépendant des aides étrangères. L’endettement en devises est devenu trop important par rapport aux recettes d’exportation. Le pays a demandé une restructuration de sa dette extérieure dans le cadre commun proposé par le G20
À la suite des élections présidentielles du 12 août dernier, à l’issue desquelles le leader de l’opposition zambienne Haikande Hichilema a battu le président sortant Edgar Lungo, le scénario macroéconomique de la Zambie montre des signes d’amélioration, tandis que la relation avec le Fonds monétaire international progresse, un accord portant sur un programme de financement étant attendu dans les prochains mois. La liquidité extérieure s’est renforcée avec le versement, le 23 août dernier, des allocations de nouveaux droits de tirages spécieux (DTS) du FMI. Elles s’élèvent à USD 1,3 milliard soit le montant le plus important derrière ceux de l’Afrique du Sud, du Nigeria et de la RDC
Après la chute de 1,9% de son PIB, le Nigéria ne devrait connaître qu’une reprise modeste en 2021 en raison de la persistance d’importants déséquilibres macroéconomiques. Malgré des premiers signes de stabilisation, l’inflation demeure très élevée, et les multiples ajustements du naira n’ont toujours pas permis de corriger les dysfonctionnements sur le marché des changes. Si la remontée des cours du pétrole devrait alléger quelque peu les tensions sur la liquidité extérieure, il en faudra sans doute plus pour restaurer la confiance des investisseurs. En l’absence de réformes et sans réelle marge de manœuvre budgétaire, l’économie restera vulnérable à des chocs exogènes.
Déjà fragilisée par plusieurs années de faible croissance et de tensions sociales et politiques, l’Afrique du Sud a été durement affectée par la crise du Covid-19. Le PIB a chuté de 7% en 2020 et les finances publiques se sont fortement dégradées. Toutefois, le pays a également bénéficié d’une amélioration sensible de ses comptes extérieurs, et le boom des recettes d’exportation depuis un an a aidé au rebond de l’activité et des recettes fiscales. Cette meilleure performance macroéconomique a rassuré les investisseurs et facilité la couverture des besoins de financement du gouvernement. Les défis à moyen terme restent néanmoins intacts : de vastes et difficiles réformes demeurent indispensables pour élever le potentiel de croissance et assurer la soutenabilité de la dette publique.
L’économie a plutôt bien résisté au choc de la pandémie jusqu’à présent. La croissance a certes fortement décéléré en 2020, mais elle est restée positive. Surtout, elle devrait rebondir fortement cette année, soutenue par la demande domestique et une décrispation du contexte politique après un cycle électoral chargé. Comparé à d’autres pays africains, la situation de la dette soulève également moins d’inquiétudes. Néanmoins, la détérioration marquée des finances publiques en 2020 appelle à une consolidation qui pourrait s’avérer difficile sans une hausse durable des recettes fiscales. Cela risque aussi de peser à terme sur les perspectives de croissance d’une économie de plus en plus dépendante des investissements publics.
Alors que le Kenya a échappé à la récession en 2020, le choc de la Covid-19 est venu exacerber les vulnérabilités économiques du pays. Le risque de surendettement public est particulièrement élevé et, malgré le soutien financier apporté par les créditeurs multi et bilatéraux, la gestion du budget restera un défi à court et moyen terme. Le niveau mais aussi la structure de la dette exposent le gouvernement à un risque de solvabilité. Heureusement, des réformes sont attendues pour infléchir ce risque, et le programme que le FMI a récemment accordé aux autorités kenyanes pourrait permettre d’appuyer ces efforts et contribuer à rassurer les investisseurs étrangers.
L’économie du Nigéria a enregistré une contraction de 1,8% en 2020 en raison de la pandémie et du retournement des cours du pétrole. Les perspectives de rebond sont faibles avec une croissance attendue par le FMI à 2,5% en 2021. L’absence de visibilité sur l’évolution du régime de change constitue l’un des principaux freins à l’activité. Le ministre des Finances a récemment déclaré que le gouvernement allait utiliser le taux Nafex (cours de référence sur le marché), ce qui impliquerait une dévaluation du taux officiel de 7,5%. L’annonce a été démentie par le gouverneur de la Banque centrale mais la pression monte
Le défaut récent de la Zambie sur sa dette souveraine fait planer l’ombre d’une vague imminente de restructurations en Afrique subsaharienne. Le choc de la Covid-19 a sensiblement accru le risque de surendettement dans plusieurs pays africains en exacerbant les vulnérabilités accumulées au cours de la dernière décennie. Le soutien à la liquidité, dans le cadre de l’initiative de suspension du service de la dette (ISSD) et les lignes de financement d’urgence ont apporté une aide temporaire à de nombreux pays de la région. Les problèmes de solvabilité persistent néanmoins et la perspective de restructurations se renforce. Dans ce contexte, la méthodologie du FMI et de la Banque mondiale reste l’outil le mieux adapté pour évaluer la soutenabilité des dettes pour les pays à faible revenu
Le pays devrait enregistrer son taux de croissance du PIB le plus faible depuis 2003. Même si le coronavirus a relativement épargné la population, la conjoncture économique s’est considérablement dégradée : le pays subit à la fois un choc domestique et une baisse des revenus extérieurs qui exerce une pression sur les réserves de change, déjà structurellement faibles. L’aide financière des bailleurs de fonds internationaux limite à court terme le risque de liquidité mais le contexte actuel souligne largement la nécessité de réformes. En parallèle, subsiste un risque politique accru avec l’émergence de tensions socio-politiques dont les enjeux sont significatifs pour la stabilité politique et économique du pays.
La crise liée à l’épidémie de Covid-19 a frappé une économie qui était déjà en récession depuis la mi-2019. Au T2 2020 (période du confinement le plus strict), le PIB réel s’est effondré de 16% t/t corrigé des variations saisonnières. L’activité s’est fortement contractée dans tous les secteurs, avant de commencer à redémarrer lentement. Le redressement de la croissance à partir du second semestre devrait rester difficile. Le PIB réel devrait chuter de 8,5% sur l’ensemble de cette année, puis croître de seulement 2,5% en 2021. L’activité devrait en effet rester contrainte par le faible potentiel de croissance de l’Afrique du Sud, qui s’explique notamment par des freins structurels importants tels que l’insuffisance du capital humain et des infrastructures
Alors que le pays est en récession pour la cinquième année consécutive, avec 4 % prévu en 2020 selon les dernières estimations, la crise actuelle agit comme un catalyseur des vulnérabilités préexistantes et assombrit les perspectives économiques du pays. La baisse du cours du pétrole et de sa production, conjuguée à la dépréciation de la devise, intensifie la pression sur ses capacités de financements extérieurs et la soutenabilité de sa dette. L’Angola a enregistré une chute importante du niveau de ses réserves en devises qui pourraient devenir insuffisantes à mesure que le déficit de financement augmente. En cours de négociations, le soutien attendu des créanciers bilatéraux (et en particulier la Chine) devient vital.
Selon le gouvernement, le déficit budgétaire atteindra 11,4% du PIB cette année, contre 4,7% attendus initialement, en raison de la crise de la Covid-19. Surtout, les perspectives de moyen terme ne tablent pas sur un retour du déficit en deçà de 5% avant 2024. Cette dynamique inquiète. La couverture des besoins de financement s’annonce difficile. Alors que la majeure partie des financements extérieurs a été mobilisée, l’État va devoir se tourner vers le marché local de la dette. Or, les conditions y sont onéreuses, ce qui va entraîner un gonflement des charges d’intérêts à un niveau très élevé (50% des recettes du gouvernement en 2020). Une autre option serait d’accroître le recours au financement monétaire. Un programme d’achat d’actifs par la banque centrale est en place (2,6% du PIB)
Le choc provoqué par l’épidémie de Covid-19 est violent et frappe une économie déjà très fragile. La croissance économique n’a atteint que 0,8% en moyenne au cours des cinq dernières années et le pays est en récession depuis déjà la mi-2019. En 2020, la contraction de l’économie sera sans précédent, tout comme la dégradation des finances publiques. Le pays pourrait ne retrouver son niveau de PIB réel d’avant la crise qu’en 2025. Le gouvernement ajuste habilement sa stratégie de financement pour couvrir ses besoins, qui augmentent fortement avec la mise en œuvre du plan de relance budgétaire. Le soutien des créanciers multilatéraux, attendu à court terme, rassure mais la dynamique de dette publique va rester préoccupante à moyen terme.
Bien que contenue sur le plan sanitaire, la pandémie du coronavirus associée au retournement des cours du pétrole aura des conséquences économiques sévères. Sans réelle marge de manœuvre budgétaire, le gouvernement a introduit un plan de soutien à l’économie très modeste, alors que l’érosion rapide des réserves de change provoquée par des sorties importantes de capitaux et la chute des exportations pétrolières met le naira sous pression. La fragilisation des comptes publics et externes, malgré le soutien des bailleurs de fonds, obère ainsi toute perspective de reprise. Seulement quatre ans après sa dernière récession, le PIB devrait de nouveau se contracter significativement en 2020. En l’absence de remontée des cours du pétrole, le rebond sera modeste en 2021.
L’économie devrait être mise à rude épreuve en 2020 en raison des effets de l'épidémie de coronavirus, alors que la croissance réelle du PIB s’était déjà modérée l'an dernier. Le ralentissement de la croissance limitera davantage la marge de manœuvre budgétaire, d’autant plus que les recettes en devises vont également être grevées par des conditions climatiques défavorables. En outre, les rivalités politiques compliquent la mise en œuvre de la politique budgétaire. L'impossibilité de réduire les déficits dégradera la soutenabilité de la dette souveraine à moyen terme. De plus, l’assouplissement monétaire et les mesures d’urgence introduites dans le système bancaire pourraient remettre en cause les progrès liés à la récente abrogation de la loi sur le plafonnement des intérêts.
Pour soutenir la croissance économique, le gouvernement éthiopien abandonne son modèle économique centré sur l’investissement public financé par la dette, pour adopter une stratégie d’ouverture aux capitaux étrangers. Des entreprises publiques seront privatisées et les restrictions aux investissements étrangers sont levées. Dans l’immédiat, l’aide approuvée dernièrement par le FMI vise à remédier aux pénuries de devises, en échange d’une gestion plus stricte des entreprises publiques. La libéralisation du taux de change sera progressive afin d’éviter les tensions inflationnistes et leurs conséquences sociales.
Le Mozambique doit d’urgence nouer un nouvel accord avec le FMI qui a suspendu sa coopération en 2016, après la découverte d’une dette cachée d’environ 1,2 milliard de dollars. Un premier défaut sur un Eurobond émis en 2013 pour un montant de 850 millions des dollars, destiné à financer des patrouilleurs militaires, avait conduit à une première restructuration. Après un nouveau défaut en janvier 2017, un autre accord de restructuration (environ 900 millions de dollars) a été passé en septembre dernier. Malgré tout, la solvabilité de l’Etat Mozambicain reste très fragile
La croissance économique n’a pas dépassé 1% par an en moyenne depuis 2015, et s’est encore affaiblie au S1 2019. Les exportations souffrent du ralentissement de la demande mondiale et les contraintes structurelles internes pèsent sur l’investissement, en chute constante depuis début 2018. D’importantes coupures d’électricité ont affecté l’activité en 2019 : conséquences des difficultés de l’entreprise publique Eskom, elles illustrent l’énorme déficit d’infrastructures du pays. Seules des avancées dans le processus de réformes structurelles permettront de redresser l’investissement à moyen terme. En attendant, la croissance du PIB réel devrait rester faible (attendue à 0,4% en 2019 et 0,8% en 2020) et la marge de manœuvre des autorités pour stimuler la demande est très réduite
Le pays a renoué ses relations avec le FMI et obtenu une aide financière à la fin de 2018. Sous la supervision du Fonds, une légère reprise est attendue à court terme mais les perspectives restent moroses en raison de tensions persistantes sur la liquidité en devise, des difficultés du système bancaire et de la fragilité de l’environnement extérieur. Dans un contexte de hausse de la volatilité des prix du pétrole, l’Angola continue de dépendre du secteur des hydrocarbures comme source de croissance, de recettes fiscales et de revenus en devises. Des mesures ont été adoptées pour attirer les investisseurs étrangers, mais les IDE restent limités. Des réformes budgétaires ont également été introduites, mais la marge de manœuvre du gouvernement reste mince.
La croissance économique est prévue à seulement 0,4% en 2019, après s’être établie à 1% par an en moyenne entre 2015 et 2018. La marge de manœuvre du gouvernement Ramaphosa pour réformer est étroite et de fortes contraintes structurelles continuent d’entraver la croissance. Illustration de l’ampleur du déficit d’infrastructures du pays, d’importantes coupures d’électricité ont affecté l’activité au cours des premiers mois de l’année. Les graves difficultés financières de l’entreprise publique Eskom, à l’origine de ces coupures, ont également forcé l’Etat à débloquer des fonds supplémentaires pour lui venir en aide. Son dernier plan de sauvetage accélère le dérapage des déficits publics et pèse un peu plus sur la solvabilité du gouvernement à moyen terme.
La première économie d’Afrique sub-saharienne tourne au ralenti. Si le rééquilibrage des comptes externes affiche quelques progrès, le niveau des importations reste très en deçà de celui d’avant-crise. La reconstitution des réserves de change s’accompagne d’une aggravation de la vulnérabilité financière, qui in fine pèse sur l’orientation de la politique monétaire en raison de la volonté des autorités de maintenir un taux de change stable. La fragilisation des comptes publics constitue une contrainte supplémentaire. A court terme, et malgré son potentiel élevé, la croissance économique prévue restera inférieure à la poussée démographique
L’apaisement politique et les nombreuses réformes visant à améliorer le climat des affaires ont permis un redressement de la situation macroéconomique depuis 2018. En revanche, la situation budgétaire du pays reste fragile : d’une part, les déficits budgétaires se sont élevés à 8% du PIB en moyenne sur les cinq dernières années, et, de l’autre, les intérêts de la dette ont atteint 21% des revenus estimés en 2018 contre 13% en 2014. Par ailleurs, le recours croissant à des emprunts extérieurs non concessionnels accroît la vulnérabilité de l’économie kényane : en mai dernier, le Kenya a émis un 3e Eurobond pour 2,1 milliards de dollars, en deux tranches d’une maturité de 7 et 12 ans
Le Nigéria se relève difficilement du choc pétrolier de 2014. Si l’économie est sortie de récession, la croissance demeure faible (1,9% en 2018) et ce n’est pas la récente décision de la banque centrale d’abaisser son taux directeur qui devrait changer la donne. Compte tenu de l’inflation élevée, il est encore trop tôt pour anticiper la poursuite de l’assouplissement de la politique monétaire. La défense du peg alors que la stabilité des comptes externes reste encore fragile constitue une contrainte supplémentaire. Entre envolée des intérêts de la dette et faible mobilisation des ressources publiques, les marges de manœuvre budgétaires sont également réduites. Difficile donc d’entrevoir un redressement rapide de l’économie, à moins d’une intensification des réformes.