La Pologne se démarque des pays voisins par une surperformance de son économie. Elle affiche, en outre, une croissance positive ininterrompue de son PIB depuis 1992, à l'exception de 2020. Les perspectives de croissance sont solides en 2025 et en 2026 en dépit des incertitudes liées aux élections présidentielles de mai 2025, et ce, grâce au rebond attendu de l’investissement public. L’inflation accélère à nouveau cette année et ne devrait pas converger vers sa cible avant 2026. Les autorités monétaires vont probablement maintenir leur statu quo dans un premier temps, puis s’orienter vers un assouplissement plus tard dans l’année. Concernant les répercussions du « Trump 2
L’économie a fini l’année 2024 en situation de surchauffe (réaccélération de l’inflation, tensions sur le marché du travail) créé notamment par le prolongement des soutiens publics. Cette situation a engendré en cours d’année une défiance accrue de la part des marchés. Celle-ci s’est cristallisée, en décembre, par d’importantes sorties de capitaux générant des tensions importantes sur la bourse, les taux d’intérêt et le taux de change provoquant une réaction défensive de la part de la banque centrale. En 2025, un tassement graduel de l’activité parait inévitable, la demande intérieure étant contrainte par des mesures de consolidation budgétaire, le durcissement des conditions de crédit, une inflation persistante et un climat des affaires dégradé
L’économie mexicaine ralentit et les perspectives ne sont pas favorables à court terme. Les réformes constitutionnelles adoptées au cours des derniers mois (dont celle du système judiciaire) pèsent sur le cadre institutionnel et pénalisent l’investissement. De plus, la consommation pourrait pâtir du plan de consolidation budgétaire annoncé par le gouvernement. Surtout, le Mexique est l’un des pays les plus vulnérables au changement de politique économique américaine. Les nouvelles mesures migratoires pourraient faire diminuer significativement les transferts d’argent des travailleurs étrangers, soutien important de la croissance du pays. L’application probable de tarifs douaniers aurait également de lourdes conséquences sur l’économie mexicaine en matière de croissance et d’inflation.
L’économie argentine retrouve des couleurs. Depuis la mi-2024, la croissance du PIB est de retour et l’inflation a sensiblement ralenti. Le coût social des coupes sévères dans les dépenses publiques est élevé mais le budget de l’État est excédentaire pour la première fois depuis 2010. L’impact récessif initial de l’austérité budgétaire a permis également aux comptes extérieurs de revenir dans le vert. Les exportations ont été aussi très dynamiques malgré la faiblesse des prix des matières premières agricoles. Pour l’instant, les réserves de change de la banque centrale restent insuffisantes pour lever le contrôle des changes avant les élections de mi-mandat (octobre) ; le renouvellement d’un accord avec le FMI est déjà un prérequis
La croissance économique est bridée par les restrictions de production pétrolière décidées par l’OPEP +. Hors hydrocarbures, l’activité demeure néanmoins solide, tirée par la consommation et la politique d’investissements massifs des autorités dans le cadre du programme de diversification économique Vision 2030. Cette solidité s’accompagne d’importants déficits budgétaires et désormais courants nécessitant des émissions de dette records. Heureusement, les marges de manœuvre financières restent confortables. En revanche, la nouvelle présidence de Trump pourrait bouleverser en profondeur de nombreux équilibres.
Le soutien massif de bailleurs internationaux a redonné un certain optimisme aux perspectives économiques égyptiennes. La dépréciation du taux de change est sous contrôle et l’inflation est clairement sur une trajectoire baissière, ce qui devrait permettre un assouplissement de la politique monétaire. Néanmoins, les problèmes structurels demeurent et ne se résorberont que très progressivement, tant au niveau des finances publiques que des comptes extérieurs. La politique de la nouvelle administration américaine devrait avoir des conséquences limitées sur les comptes extérieurs égyptiens.
Au Kenya, poursuivre la consolidation budgétaire s’avère de plus en plus difficile. Les efforts demandés à la population ont suscité une forte contestation, qui a contraint le gouvernement à retirer son projet de loi de finances élaboré avec le FMI. Désormais, pour l’exercice en cours, le déficit serait réduit principalement par une baisse des dépenses, ce qui pèse sur la croissance économique. Si cette alternative offre un bref répit, une hausse pérenne des recettes publiques demeure essentielle pour assurer la soutenabilité de la dette et conserver à moyen terme le soutien financier du FMI. Celui-ci pourrait s’avérer d’autant plus nécessaire que le retour de Donald Trump à la Maison Blanche pourrait poser de nouveaux risques pour les comptes publics et extérieurs du Kenya.
Les dernières actualités économiques.
Lors de sa première réunion de 2025, qui se tiendra les 28 et 29 janvier, la Réserve fédérale (Fed) devrait opter pour le statu quo et maintenir sa cible de taux à +4,25% - +4,5%. Cela marquerait, d’après nos prévisions, le début d’une pause qui se prolongerait jusque mi-2026, en raison du regain d’inflation attendu qui découlerait de la politique économique de Donald Trump.
Selon une étude non publiée menée au sein du mécanisme de supervision bancaire unique (SSM) de la zone euro, s’il exerçait ses fonctions dans la zone euro, le superviseur américain serait plus sévère, en matière d’exigences de fonds propres pondérés, à l’égard des banques d’importance systémique (G-SIB) qui y sont établies que ne l’est le superviseur unique de la zone euro. La méthodologie de l’exercice qui fonde cette conclusion n’a pas été partagée. Or, elle semble bien complexe à définir.
Donald Trump redevient, ce 20 janvier 2025, le président des États-Unis. Auréolé d’un « mandat clair », le Républicain compte mettre sa victoire à profit en s’attaquant à ses sujets de prédilection. Il retrouve le Bureau ovale alors que l’on assiste à l’un des plus grands rallyes sur le dollar de l’histoire. Le taux de change effectif réel du billet vert atteint aujourd’hui un niveau comparable à celui qui a débouché sur l’accord du Plaza de 1985, avec une probabilité élevée que son appréciation se poursuive. Ce mouvement est de nature à contrarier le nouveau président prompt à pourfendre les devises faibles qui pénaliseraient l’industrie américaine
Le marché du travail continue de se détériorer au Royaume-Uni. Selon les données fiscales (PAYE) publiées ce 21 janvier par l'ONS, le nombre de salariés outre-Manche a reculé de 46 922 (-0,2% m/m) en décembre. C’est la plus forte baisse sur un mois depuis novembre 2021, qui s’ajoute à un recul de -0,1% en novembre. Le glissement sur un an chute drastiquement et passe sous la ligne du zéro (-8 407) pour la première fois depuis avril 2021.
L'économie mondiale est confrontée à une longue liste d'incertitudes : croissance, inflation, taux d'intérêt, aléas politiques, géopolitiques, tarifaires, etc. Lorsque l'incertitude est exceptionnellement élevée, comme c'est le cas aujourd'hui, l'environnement économique devient intrinsèquement instable et peut évoluer soudainement et radicalement. Cela constitue un vent contraire économique, car les entreprises qui sont fortement exposées à ces sources d'incertitude peuvent reporter leurs décisions d'investissement et d'embauche. Cela pourrait peser sur la confiance des ménages, déclenchant une réduction des dépenses discrétionnaires. Les marchés financiers peuvent également devenir plus volatils car les investisseurs raccourcissent leur horizon d'investissement
Si la décision de la Banque d’Angleterre (BoE) de maintenir ses taux directeurs inchangés, à 4,75%, était conforme aux attentes du marché, le vote de trois membres du MPC en faveur d’une baisse de 25 points de base l’était moins. Cette semaine, riche sur le plan des indicateurs économiques au Royaume-Uni, aura certainement fait évoluer les lignes, entre une inflation en hausse en novembre et des craintes manifestement accrues qu’une politique monétaire trop restrictive ne fasse dérailler la reprise économique. La BoE a d’ailleurs révisé à la baisse sa prévision de croissance pour le T4, passant de 0,3% à 0,0%.
La Réserve fédérale conclut l’année 2024 avec une baisse de sa cible de taux (-25 pb), qui s’établit désormais entre +4,25% et +4,5%. Dans le même temps, les anticipations médianes des membres du Comité (FOMC) passent de quatre à deux baisses pour l’année 2025. La réponse des marchés financiers a été brutale.
2024 aura notamment été marquée par les progrès supplémentaires sur le front de la désinflation, aux Etats-Unis comme dans la zone euro, des progrès suffisants pour ouvrir la voie aux baisses de taux. 2025 pourrait toutefois être assez différente de 2024, avec des trajectoires anticipées d’inflation divergentes entre les Etats-Unis et la zone euro et donc, une déconnexion des politiques monétaires (statu quo monétaire prolongé pour la Fed, poursuite des baisses de taux graduelles pour la BCE).
Malgré des flux nets de dette publique à long terme négatifs sur la période 2021-2023 (voir graphique), la Chine reste en tête des pays qui prêtent le plus aux États d’Afrique subsaharienne, devant la France, le Royaume-Uni et les États-Unis. Cependant, la dette publique à long terme due à la Chine s’est contractée de 4,5% en dollars courants entre 2019 et 2023 alors que celle due à l’ensemble des créanciers de la région a augmenté de 15,6%.
L'année 2024 touche à sa fin, mais les incertitudes politiques et économiques persistent et devraient se prolonger en 2025, sous de nouvelles formes. La plateforme programmatique de Donald Trump est connue. En revanche, les mesures qui seront effectivement mises en œuvre leur calendrier et leurs répercussions économiques font partie des grandes inconnues connues de 2025. En tout état de cause, l’incertitude en elle-même représente un frein important à la croissance l’année prochaine. Une convergence des taux de croissance entre les États-Unis et la zone euro devrait s’amorcer dans le courant de 2025, via un ralentissement de la croissance américaine
Croissance du PIB, inflation, taux d'intérêt et de change.