Le Conseil des gouverneurs a chargé des comités de l'Eurosystème d'examiner ses options en matière de politique monétaire. Compte tenu de son insistance à propos de sa détermination, la BCE, à l’issue de sa réunion de jeudi dernier, a exprimé pour l’essentiel son engagement à assouplir sa politique lors de sa réunion du 12 septembre prochain. Conscient de l'importance pour la BCE de défendre sa crédibilité en matière de ciblage de l'inflation, Mario Draghi a très clairement signifié son mécontentement face à l’inflation actuelle et à ses perspectives, ajoutant que la politique monétaire resterait très accommodante encore longtemps.
Jerome Powell, président de la Fed, a indiqué, dans une allocution prononcée cette semaine devant le Congrès, que la politique monétaire américaine serait assouplie en raison des préoccupations que suscite la croissance mondiale, ce qui pourrait amener l’inflation à un niveau trop bas. Les propos de Mario Draghi, président de la BCE, à la fin du mois dernier, allaient dans le même sens. Malgré la montée des risques, le taux de chômage reste proche de son niveau naturel. Or, on peut supposer que, dans une économie de plein emploi, la détente monétaire sera moins efficace qu’en situation de récession. De plus, cela pourrait nourrir des inquiétudes concernant la stabilité financière et finir par réduire les chances de succès des mesures de politique monétaire visant à doper l’inflation.
A Sintra, Mario Draghi, le président de la BCE, a évoqué un possible nouvel assouplissement de la politique monétaire européenne. Même message de la part du FOMC : il faut s’attendre à de prochaines baisses des taux aux Etats-Unis. Cette synchronisation des politiques monétaires s’explique par des problèmes communs (une inflation trop faible par rapport à l’objectif) et des préoccupations partagées, en particulier la montée des incertitudes au niveau mondial. Si la situation persiste, l’orientation accommodante des politiques monétaires finira par perdre de son efficacité.
La BCE a légèrement assoupli sa politique monétaire en prolongeant sa forward guidance sur les taux directeurs. Par ailleurs, les conditions de la troisième campagne de TLTRO III sont un peu moins généreuses que les précédentes. Un débat s’est ouvert au sein du Conseil des gouverneurs sur la manière de réagir en cas d’aggravation de la situation. Au vu des fondamentaux de la zone euro, la BCE n’est pas pressée, pour le moment, de réagir à la prolongation des incertitudes. Une manière de ne pas brûler trop vite ses cartouches.
Les taux d’intérêt attachés à la dette américaine connaissent un recul significatif depuis quelques mois. Tombé à 2,1%, le coût des emprunts à dix ans de l’Etat fédéral est au plus bas depuis septembre 2017. Le président Donald Trump peut donc se réjouir : le dollar lui offre ce privilège de pouvoir creuser les déficits pratiquement sans limite ; en face, l’appétit pour les titres du Trésor américain semble inépuisable. L’engouement pour la dette fédérale et le repli des rendements associé a toutefois valeur d’alerte : il indique que les investisseurs, en quête de valeurs refuges, forment des anticipations plus prudentes ; aux Etats-Unis, le recul des taux d’intérêt à long terme est aussi le témoin de la dégradation du climat des affaires.
Après une chute vertigineuse de 42% par rapport à la moyenne euro-dollar entre janvier et août 2018, dont la moitié sur le seul mois d’août, la livre turque (TRY) a rebondi de 15% entre septembre et décembre, dans le sillage de la hausse massive des taux d’intérêt par la banque centrale (CBRT). Mais elle s’est de nouveau dépréciée de 10% au cours des deux derniers mois, sur fond de stagflation. La volatilité du taux de change s’est accentuée du fait notamment de l’incertitude quant au niveau réel des réserves de change dites « libres ». Les sorties nettes d’investissements de portefeuille de la part des non-résidents en monnaie locale ont atteint USD 1,4 md en mars-avril, les investisseurs étrangers s’étant de nouveau désengagés du marché actions et encore davantage du marché obligataire
Depuis le 20 mars dernier, les banques américaines se prêtent au jour le jour la monnaie centrale à un taux qui excède celui auquel la Réserve fédérale américaine (Fed) rémunère leurs comptes courants. Dans un contexte de réserves en banque centrale abondantes (au regard des standards d’avant-crise), cette hiérarchie (inédite) des taux monétaires peut surprendre. Elle traduit les tensions qui s’exercent, depuis l’an dernier, sur la liquidité centrale : du côté de la demande (en hausse en raison des exigences réglementaires de liquidité) comme du côté de l’offre (en baisse en raison d’un attrait renforcé des marchés de mise en pension)
La BCE a revu sensiblement à la baisse ses projections de croissance pour 2019. L’inflation serait plus modérée sur l’ensemble de l’horizon de prévision. Le président M. Draghi reconnait un niveau particulièrement élevé d’incertitudes, mais indique que la bonne tenue du marché du travail soutient l’activité. Les taux directeurs n’augmenteront pas en 2019. Une nouvelle vague de prêts à long terme (TLTRO), d’une maturité de deux ans, sera enclenchée à compter de septembre 2019 et jusqu’en mars 2021.
La Réserve Fédérale lance une vaste revue de sa politique monétaire. Les conclusions seront rendues publiques au premier semestre 2020. Trois questions seront posées : la politique monétaire doit-elle prendre en compte les écarts par rapport à l’objectif d'inflation ? Ses outils sont-ils adéquats? Comment peut-elle améliorer sa communication? Cette initiative mérite d'être saluée, la Fed montrant sa volonté de se préparer à une prochaine récession. La BCE étant confrontée à des défis comparables, les conclusions des réflexions de la Fed seront suivies de près à Francfort.
En zone euro, les taux du marché monétaire évoluent en territoire négatif depuis plus de quatre ans ; ceux des emprunts d’Etat ou d’entreprises les mieux notés restent inférieurs à 1%. D’abord vue comme une adaptation exceptionnelle à la crise, cette distribution des taux d’intérêt au voisinage de zéro perdure. Pour certains, cette longue parenthèse finirait tout de même par se refermer avec l’arrêt des achats nets de titres de la Banque centrale européenne, puis la remontée possible des taux directeurs, après l’été 2019. Pour d’autres, le décor a définitivement changé ; un peu comme au Japon, l’affaissement des taux d’intérêt en zone euro acterait de l’épuisement du potentiel ainsi que d’une quasi disparition de l’inflation
Les flux annuels de placements financiers des ménages français en numéraire et en dépôts (dépôts à vue, livrets d’épargne et épargne logement, principalement), d’une part, et en assurance-vie et épargne retraite, d’autre part, évoluent en opposition de phase. Dans un contexte de faible coût d’opportunité à la détention de dépôts bancaires, les premiers dépassent les seconds depuis le troisième trimestre 2016. Un début de rééquilibrage se dessine toutefois depuis le deuxième semestre 2017 : le léger élargissement de la collecte nette en assurance-vie s’est accompagné d’une modération des flux d’épargne vers les dépôts. Ce mouvement a exclusivement profité aux contrats en unités de comptes dont les cotisations brutes1 étaient, en 2018, au plus haut depuis 2000
La Securities and Exchange Commission* (SEC) a adopté en 2014 une réforme visant à réduire le champ des fonds monétaires à valeur liquidative constante. Les fonds investis en dette privée (prime funds) ont dû abandonner ce modèle tandis que les fonds investis en dette publique (government funds) ont conservé la possibilité d’émettre des parts à capital garanti**. A partir d’octobre 2015, cette réforme a conduit à une réallocation massive des liquidités placées auprès des prime funds vers les government funds. Les banques étrangères, emprunteuses traditionnelles auprès des prime funds, ont ainsi été privées d’un accès au dollar, tandis que le Trésor américain et les agences fédérales bénéficiaient d’un afflux de ressources