Tandis que la Réserve Fédérale américaine a entamé le relèvement de son taux directeur, la Banque du Japon poursuit sa politique très accommodante. Ses marges de manœuvre se resserrent néanmoins en raison de la dépréciation significative du yen qui complique sa politique de contrôle de la courbe des taux. Des ajustements sur ce mécanisme sont anticipés. Le soutien à l’économie devrait persister en 2022 tant sur le plan monétaire que budgétaire, dans un environnement particulièrement difficile pour les industriels japonais, durement affectés par les perturbations sur les chaînes de production mondiales et le ralentissement de l’économie chinoise.
La guerre en Ukraine complique la tâche de la Banque centrale européenne qui doit arbitrer entre lutter contre le risque inflationniste et soutenir la croissance. Lors de sa réunion du 10 mars dernier, les préoccupations concernant l’inflation ont dominé et la fin probable au T3 des achats nets d’actifs dans le cadre du programme APP a été annoncée. La voie est ouverte pour amorcer la remontée du taux de dépôt mais le timing reste très incertain. Le choc inflationniste s’amplifie et la croissance de la zone euro est de plus en plus menacée. La dynamique conjoncturelle préexistante, l’excès d’épargne, les besoins d’investissement et les mesures de soutien budgétaire permettent toutefois de tempérer le risque de stagflation.
A l’inverse de nombreuses banques centrales dans le monde, les autorités monétaires marocaines ont décidé de maintenir leur taux directeur à 1,5%. Pourtant, l’inflation accélère mais la poussée est récente et encore contenue. En 2021, la hausse des prix à la consommation a atteint seulement 1,4% en moyenne annuelle. Elle est de 3,6% en glissement sur un an en février 2022 et la situation va s’aggraver compte tenu des tensions sur les marchés mondiaux des matières premières et de la chute de la production agricole nationale. Les trois quarts de l’accélération de l’inflation ces derniers mois résultent en effet de la hausse des prix des produits alimentaires (+5,5% en février 2022) et des transports (+6%) dont l’origine est essentiellement externe
En dépit des ombres que la guerre en Ukraine fait planer sur l’économie mondiale, la Réserve fédérale des États-Unis annonce une normalisation à marche forcée de sa politique monétaire. L’envolée de l’inflation autant que sa diffusion à de nombreux postes, le retour au plein emploi - et les tensions sur les salaires qui en découlent - sont les principaux arguments mis en avant par l’Institution pour agir. Alors que le caractère auto-entretenu de la hausse des prix fait encore débat, le coup de frein projeté surprend tout de même par son ampleur. Dans une conjoncture accoutumée au faible coût du crédit, il n’est pas sans risque pour la bonne marche des affaires.
Le FOMC a lancé un nouveau cycle de resserrement des taux : ses membres tablent sur six hausses supplémentaires cette année et sur quatre autres en 2023. Compte tenu d’un taux directeur très bas, d’une inflation exceptionnellement élevée et d’une économie robuste, cette orientation restrictive n’a rien de surprenant. La Fed disposant d’un double mandat, le rythme et l’ampleur des relèvements de taux dépendront de l’évolution de l’inflation, mais aussi du taux de chômage. Comme le montrent les cycles de resserrement précédents, les inquiétudes sur le risque de hausse du chômage jouent un rôle important dans la décision de mettre un terme à la politique de restriction monétaire. La banque centrale devra espérer que l’inflation aura suffisamment reculé au moment où ce risque réapparaîtra.
Depuis son lancement, le programme d’achat d’actifs de la Banque centrale européenne a eu un impact significatif sur les marchés financiers, l’activité économique et l’inflation, à travers divers canaux de transmission. Ces derniers mois, les doutes concernant les effets positifs d’achats d’actifs supplémentaires et les inquiétudes au sujet de possibles conséquences négatives grandissent. Dans ce contexte, la BCE a décidé de rompre le lien entre la fin des achats et la remontée des taux directeurs, une décision qui permet d’accroître l’optionalité de la politique du Conseil des gouverneurs. Les dernières projections macroéconomiques de la zone euro nous rappelle la forte incertitude actuelle. Par conséquent, la politique monétaire ne peut être que dépendante aux données.
Le dernier rapport de surveillance du Comité de Bâle (BCBS)1 a mis en évidence qu’en dépit de politiques monétaires très accommodantes, la position de liquidité (immédiatement disponible) des grandes banques américaines2 ne s’était pas améliorée entre le T4 2019 et le T2 2021 contrairement à celle des grandes banques européennes. D’après les premiers éléments publiés, le ratio moyen de liquidité à court terme, Liquidity Coverage Ratio3 (LCR), des premières se serait établi à 116% au T4 2021 contre 119% au T4 2019, celui des secondes à environ 173% contre 141%. Dans les deux cas, les ratios moyens demeurent sensiblement supérieurs aux exigences prudentielles (100%)
Nous nous intéresserons, en premier lieu, à l’ampleur de la révision en hausse des projections d’inflation de la Banque centrale européenne. Cette révision devrait être importante compte tenu des derniers chiffres disponibles, toujours plus élevés (5,8% en février en glissement annuel selon l’estimation flash d’Eurostat, 2,7% pour le sous-jacent) et des développements en cours.
L’obstacle des élections présidentielles franchi, les préoccupations autour de l’économie italienne se sont centrées encore davantage sur les risques liés à l’envolée de l’inflation et à la normalisation à venir de la politique monétaire de la Banque centrale européenne. Les taux à dix ans sur les obligations d’État italiennes ont grimpé de près de 50 points de base depuis le début du mois de février, et le seuil des 2% pourrait être franchi très prochainement.
Au Royaume-Uni comme ailleurs, le retour en force de l’inflation ne laisse pas de surprendre et pousse la Banque centrale à agir. Le Comité de politique monétaire (MPC) s’attend à ce que la hausse annuelle des prix atteigne 7% en avril (elle dépasse actuellement 5%), du jamais-vu depuis trois décennies. Il renchérit par conséquent le loyer de l’argent. Fixé à 0,1% pendant la crise, le taux d’intérêt directeur de la Banque d’Angleterre a été porté à 0,25% en décembre, puis à 0,50% en février. D’autres hausses suivront, l’objectif du MPC - qui épouse les anticipations du marché - étant de porter le Bank rate à 1,50% en milieu d’année 2023.
Malgré une amélioration significative des indicateurs macroéconomiques depuis cinq ans, la liquidité en devises reste une source de vulnérabilité importante pour l’économie égyptienne. La position extérieure nette des banques commerciales est en détérioration continue depuis un an ; elle était négative de plus de USD 10 mds en décembre dernier, de loin le plus bas niveau atteint depuis dix ans. Parallèlement, les réserves de change brutes de la banque centrale n’ont que très légèrement progressé sur un an. Cette détérioration de la position extérieure de l’ensemble du système bancaire est le reflet de celle des comptes extérieurs. Le déficit du compte courant se creuse avec le fort rebond des importations
La dernière conférence de presse de Christine Lagarde montre l’évolution assez significative de la position du Conseil des gouverneurs de la BCE en matière de perspectives d’inflation. Depuis la réunion de décembre dernier, les risques à la hausse ont augmenté, ce qui préoccupe les membres du Conseil. Les marchés financiers y ont vu le signal que la première remontée des taux pourrait avoir lieu plus tôt qu’attendu. Les rendements obligataires ont ainsi sensiblement augmenté. La forward guidance de la BCE, que l’on peut également considérer comme l’illustration de sa fonction de réaction, suggère de fixer les taux d’intérêt sur la base de règles et de conditions précises en termes de perspectives d’inflation et d’évolution récente des prix
Lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion du FOMC la semaine dernière, Jerome Powell a été on ne peut plus clair. Compte tenu des deux objectifs du Comité — inflation et emploi maximum — les données plaident pour un relèvement des taux d’intérêt dès le mois de mars et probablement plusieurs hausses de taux par la suite. Les décisions s’appuieront « sur les données disponibles et sur l’évolution des perspectives ». Cette dépendance aux données traduit la crainte d’un resserrement excessif et rend la politique monétaire difficile à prévoir. Plus vite la Fed donnera des tours de vis, plus la probabilité qu’elle fasse une pause pour voir comment l’économie réagit sera grande.
Il y a deux manières d’accueillir la toute dernière livraison des comptes nationaux aux États-Unis. La première, chaleureuse, applaudira le chiffre élevé de la croissance du quatrième trimestre de 2021 (6,7% en rythme annualisé, r.a.) et l’effacement quasi complet des séquelles économiques de la Covid, le niveau d’activité ayant d’ores et déjà rejoint sa trajectoire pré-pandémique. La seconde, plus circonspecte, relèvera que l’investissement a continué de faire du sur-place et que la performance eût été moindre (ramenée à 1,6% r.a.) sans la contribution exceptionnelle des stocks.
Pour la première fois depuis mai 2019, le rendement du Bund à 10 ans est récemment revenu en territoire positif. Trois facteurs expliquent cette évolution. Premièrement, l’habituel effet d’entraînement mondial des évolutions sur le marché américain des emprunts d’État où, à la suite du durcissement de ton de la Réserve fédérale, les rendements étaient sur une tendance haussière depuis début décembre 2021. Deuxièmement, les marchés intègrent l’arrêt du programme d’achats d’urgence face à la pandémie (PEPP) et la réduction (tapering) des achats d’actifs nets par la Banque centrale européenne. S’ajoute, enfin, la perspective d’un relèvement des taux directeurs par la BCE. Les marchés obligataires américain et allemand sont fortement corrélés depuis 2021
La croissance économique chinoise a ralenti à 4% en glissement annuel (g.a.) au T4 2021, contre 4,9% au T3. Dans l’industrie, la situation s’est redressée légèrement au cours du T4 2021 après un été très perturbé par des coupures d’électricité et des contraintes d’approvisionnement. La croissance industrielle est ainsi passée de 3,1% en g.a. en septembre à 4,3% en décembre. À très court terme, cependant, la production et les exportations du secteur manufacturier devraient souffrir des effets de la nouvelle vague épidémique (confinements, perturbations dans les usines et le transport des marchandises).
Les pays émergents terminent l’année 2021 avec une détérioration de la balance perspectives/risques. Pour 2022, le ralentissement de la croissance sera plus important que prévu avec éventuellement un risque d’instabilité sociale à l’image des soubresauts au Kazakhstan. Au cours des trois derniers mois, la Turquie s’est illustrée par une mini-crise financière. La politique monétaire et de change mise sur les exportations et l’investissement pour soutenir la croissance et rétablir les grands équilibres à moyen terme mais au prix d’une forte instabilité financière à court terme. C’est un pari osé qui pourrait contraindre les autorités à recourir à un véritable contrôle des changes au lieu des mesures incitatives prises jusqu’à présent.
Depuis novembre 2020, les opérations de mise en pension de titres1, réalisées par la Réserve fédérale américaine (Fed) auprès de banques centrales étrangères (Foreign Repo Pool, FRRP), se sont nettement élargies. Les principales contreparties de la Fed peuvent être identifiées à l’aide de deux séries statistiques.La structure des réserves de change officielles2 indique les montants de dépôts (au sens large, y compris dans le cadre de prises en pension) effectués par chacune des économies « auprès de banques centrales étrangères, de la Banque des Règlements Internationaux et du Fonds Monétaire International »
La Réserve fédérale ne plaisante plus. Face au dérapage inédit de l’inflation (6,9% sur un an en novembre dernier, probablement à peine moins en décembre), elle va resserrer sa politique monétaire, davantage que prévu. Au-delà des statistiques d’inflation, c’est la situation du marché du travail, jugée « tendue » par les membres du FOMC, qui autorise le changement de cap.
Coïncidence rare du calendrier, les quatre principales banques centrales - la Réserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne, la Banque d’Angleterre et la Banque du Japon - ont tenu leur réunion de politique monétaire la semaine dernière. Elles visent toutes un objectif d’inflation de 2%. Les décisions prises à cette occasion ont fait ressortir le rôle des différences d’approche, d’environnement économique et de perspectives. Quoi qu’il en soit, les banques centrales ont en commun la volonté de réagir si les circonstances l’exigent. Compte tenu de l’inquiétude croissante provoquée par le variant Omicron, les données seront déterminantes dans l’orientation de la politique monétaire.
Après la récession soudaine, profonde et atypique de 2020, provoquée par la pandémie de Covid-19, l’année 2021 a également inédite à plusieurs égards. Les goulets d’étranglement du côté de l’offre et les perturbations des chaînes d’approvisionnement, thèmes dominants en 2021, ont freiné la croissance, directement mais aussi indirectement, en entraînant une remontée de l’inflation à des niveaux inédits depuis des décennies. Dans l’hypothèse d’une maîtrise progressive de la pandémie grâce à une meilleure couverture vaccinale, nous devrions assister en 2022 à une normalisation en termes de croissance, d’inflation et de politique monétaire.
Aux États-Unis, le dérapage des prix n’en finit plus et cesse d’être regardé avec complaisance par la Réserve fédérale, qui pourrait précipiter la fin de son assouplissement quantitatif. L’inflation concerne aussi les prix des actifs, immobiliers ou boursiers, qui atteignent des sommets. À moins que l’émergence du variant Omicron du coronavirus ne change radicalement la donne, tout concourt au relèvement des taux d’intérêt directeurs en 2022, peut-être dès l’été.
La crise de l’immobilier, le maintien de la stratégie zéro covid face aux résurgences de l’épidémie, et la fragilité persistante de la consommation des ménages sont parmi les principaux facteurs de risque pesant sur la croissance chinoise. À court terme, les autorités devraient renforcer prudemment leur soutien monétaire et budgétaire à l’activité, tout en maintenant le cap de l’assainissement du marché immobilier, de la réduction des risques financiers et du resserrement réglementaire.
Augmenter ou ne pas augmenter les taux d’intérêt ? Telle est la question qui se pose la Banque d’Angleterre, alors que l’inflation accélère en même temps que les contaminations à la Covid-19, dont le nouveau variant « Omicron » inquiète. Au moment aussi où l’activité économique, en très fort rebond jusqu’à l’été 2021, perd le soutien de la dépense publique et donne quelques signes d’accalmie.
La reprise dans les pays émergents depuis la mi-2020 s’est accompagnée d’un durcissement monétaire en Amérique latine et en Europe mais pas en Asie jusqu’à présent (à l’exception de la Corée du Sud). Le niveau et la trajectoire de l’inflation en sont les principales raisons. Elle est forte et accélère en Amérique latine et en Europe, plus modérée et encore contenue en Asie