Eurobank Ergasias Services and Holdings, National Bank of Greece, Alpha Services and Holdings et Piraeus Financial Holdings (respectivement, les premier à quatrième plus grands groupes bancaires grecs par les fonds propres CET1) ont obtenu le 5 juin 2024 l’autorisation de la Banque centrale européenne de retourner à leurs actionnaires 24%, en moyenne pondérée, de leur résultat net 2023. Cette distribution d’un montant total de EUR 875 mn, dont 93% versés sous forme de dividendes, est une première depuis 2008 pour ces banques, qui représentent environ 90% de l’actif total du système bancaire grec.
Comme prévu, la BCE a abaissé son taux directeur, malgré la révision à la hausse des anticipations d’inflation de ses prévisionnistes. Aux États-Unis, le très bon rapport sur le marché du travail pour le mois de mai rendra probablement la Fed encore plus prudente dans sa décision d’une première baisse de taux. Tant que nous n’aurons pas de resynchronisation (et que les deux banques centrales ne seront pas toutes deux engagées dans un cycle de baisse de leurs taux), la désynchronisation devrait s’accentuer. Cela reflète la différence dans le cycle de désinflation observée actuellement entre les États-Unis et la zone euro. On redoute que cela n’affaiblisse l’euro par rapport au dollar et ne pèse sur l’autonomie politique de la BCE. Ces craintes ne sont pas justifiées
Croissance du PIB, inflation, taux d'intérêt et de change.
Le resserrement monétaire drastique engagé par la Fed à compter de mars 2022 pour répondre à l’envolée de l’inflation a entraîné dans son sillage les taux d’intérêt sur les emprunts immobiliers. La forte remontée de ces derniers a contribué à une détérioration importante des indicateurs de demande sur le marché immobilier résidentiel américain (notamment les demandes de prêt et les ventes de logements dans l’ancien). Néanmoins, le dynamisme des autres secteurs de l’économie américaine et la bonne santé financière des ménages a évité que la crise immobilière ne se transforme en crise systémique
La réunion du 6 juin de la BCE, ainsi que la déclaration et la conférence de presse qui suivront, sont très attendues, non pas parce que l’issue est incertaine mais parce qu’elle devrait marquer le début du cycle de baisse de taux de la BCE. Quelques points à noter :
Aux US, face à l'augmentation significative des taux d’intérêt officiels, les entreprises ont affiché une résilience surprenante. Cette résilience peut-elle perdurer dans un environnement de « taux élevés plus longtemps » ? Le dernier Rapport de la Réserve fédérale sur la stabilité financière se veut rassurant. Ce rapport établit une comparaison entre les rendements et les spreads des obligations privées par rapport à leur distribution historique. Par ailleurs, la résilience des résultats confère aux entreprises une forte capacité à assurer le service de leur dette
Cette année, il est fort probable que la BCE abaissera son taux directeur avant la Fed. Cette suite d’événements est devenue un sujet de débat parmi les observateurs des banques centrales, comme si la BCE allait sauter la file d’attente et refuser d’attendre que la Fed ait assoupli sa politique. Mais est-ce important si la BCE baisse ses taux avant la Fed ? La réponse est non.
Aux États-Unis, dans un environnement de resserrement monétaire drastique, la résilience des entreprises a contribué à celle de l’économie tout entière via différents canaux (niveaux d'effectifs, investissements, croissance des résultats et des dividendes, etc.). Cette résilience des entreprises s'est appuyée sur différents facteurs financiers : rentabilité des entreprises, niveaux de trésorerie accumulée au cours de la pandémie de COVID-19, assouplissement des conditions de financement sur les marchés, important volume d’émission de dette à taux fixe bas au cours de la pandémie
Échaudée par la crise des marchés monétaires qu’elle n’avait pas anticipée lors de sa première expérience de resserrement quantitatif (Quantitative Tightening, QT), la Réserve fédérale (Fed) entend mieux piloter la réduction de son bilan. Cela suppose de détruire une partie des réserves que les banques détiennent auprès d’elle sans créer de pénurie de monnaie centrale, au regard des exigences de liquidité imposées aux banques.
Aux États-Unis, le désendettement des ménages, les emprunts hypothécaires à taux fixe l'amélioration des revenus sur les produits financiers en lien avec la hausse des taux d’intérêt et des dividendes, conjugués à l'amélioration du patrimoine net des ménages ont contribué à la résilience des ménages dans un environnement de rapide resserrement monétaire. Néanmoins, une certaine prudence s'impose. Par nature, les données agrégées ne rendent pas compte de l'hétérogénéité de la situation financière des ménages. Dans un environnement où les taux restent élevés plus longtemps que prévu, il faudra suivre de près la catégorie la plus fragile car une détérioration importante des finances de ces ménages pourrait avoir des effets indirects sur l'économie américaine dans son ensemble.
Le message de la Réserve fédérale à l’issue de la réunion du comité directeur des 30 avril-1er mai, était sans équivoque. Il faudra attendre encore avant d’acquérir le degré de confiance suffisant sur les perspectives d’inflation qui justifierait une baisse des taux des fonds fédéraux. Voici donc le retour d'un scénario « High for longer » (l’hypothèse que les taux restent élevés plus longtemps que prévu) pour les taux des fonds fédéraux, comme à l'automne 2023. En l'état actuel des choses, la grande question consiste à savoir dans quelle mesure l’économie peut rester résiliente si les Fed funds demeurent à leur niveau actuel jusqu'à l’automne, voire au-delà, ou si le risque d'un atterrissage brutal s’est accru
Le débat sur la souveraineté monétaire au sein des pays émergents refait surface, avec d’un côté le projet du président argentin Javier Milei de dollariser son économie, et de l’autre la tentation de plusieurs dirigeants de pays d’Afrique de l’Ouest d’abandonner le franc CFA. D’un point de vue strictement économique, la dollarisation est efficace pour éteindre les incendies inflationnistes. Mais, pour être soutenable dans la durée, elle impose des contraintes fortes sur la politique budgétaire et la nature des investissements étrangers
Le 15 mai 2024, Lee Hsien Loong, Premier ministre de Singapour depuis vingt ans, cédera les rênes du pouvoir à son actuel vice-Premier ministre Lawrence Wong. Ce changement ne devrait altérer ni la gestion très disciplinée des politiques monétaire et budgétaire, ni la stratégie de développement économique du gouvernement, qui vise, en particulier, à adapter le pays au changement climatique et à rehausser son potentiel de croissance. En 2024, l’activité économique devrait se renforcer modérément, notamment grâce à une amélioration du cycle électronique mondial ; les tensions inflationnistes devraient continuer de se réduire, mais elles resteront à un niveau historiquement élevé. Dans ce contexte, les autorités devraient maintenir inchangées les conditions de politique monétaire cette année
La prochaine réunion du FOMC, ainsi que la déclaration et la conférence de presse qui suivront le 1er mai 2024 sont très attendues. En effet, le changement de ton adopté par la Fed ces dernières semaines semble indiquer que les baisses de taux arriveront plus tard que prévu.
Le débat sur la souveraineté monétaire au sein des pays émergents refait surface, avec d’un côté le projet du président argentin Javier Milei de dollariser son économie, et de l’autre la tentation de plusieurs dirigeants de pays d’Afrique de l’Ouest d’abandonner le franc CFA. L’abandon du franc CFA dans le but de recouvrer la flexibilité d’un régime de taux de change sans ancrage et une plus grande autonomie de la politique monétaire, est un argument soit fragile en théorie, soit peu convaincant en pratique.
Les tensions à la baisse sur les monnaies d’Asie se sont légèrement accentuées la semaine dernière dans un climat géopolitique et monétaire devenu moins favorable. La crainte d’une hausse des prix internationaux du pétrole en raison du conflit au Moyen-Orient d’une part, et le changement de ton de la Réserve fédérale américaine d’autre part, expliquent les récentes tensions. Mais la roupie indienne a, jusqu’à présent, mieux résisté que les autres monnaies d’Asie.
Historiquement, on observe une corrélation très étroite entre les variations des rendements des Treasuries et du Bund allemand. Cela est pertinent dans le contexte actuel dans la mesure où le biais plus restrictif dans les messages récents de la Réserve Fédérale pourrait continuer à exercer une pression haussière sur les taux d’intérêt à long terme aux États-Unis et sur les rendements obligataires en zone euro. Depuis le début de l'année toutefois, l'augmentation des rendements du Bund est moins importante qu’attendu au regard de la relation statistique passée. Cette évolution reflète sans doute la conviction des investisseurs que la BCE commencera à baisser ses taux directeurs avant la Réserve Fédérale
Les informations nouvelles sur la croissance, l'inflation et la politique monétaire influencent les marchés obligataires et boursiers. Si l'incidence sur les obligations est manifeste, celle sur les actions est plus complexe. Par conséquent, la corrélation entre les cours des obligations et les cours des actions fluctue au fil du temps. Depuis 2000, elle est surtout négative, donnant lieu à un effet de diversification qui sous-tend la demande d'obligations, même lorsque les rendements sont très bas. Sans surprise, au cours du récent cycle de resserrement de la Réserve fédérale, la corrélation est redevenue positive
2024 devrait être l'année où la Réserve fédérale, la BCE comme la Banque d’Angleterre commenceront à baisser leurs taux directeurs, principalement pour accompagner la baisse de l’inflation. Le timing de la première baisse de taux reste toutefois incertain, de même que le nombre de baisses attendues. Les conditions d’une première baisse des taux en juin semblent en passe d’être réunies pour la BCE, qui, selon nos prévisions, précèderait ainsi de peu la Fed, dont la première baisse de taux est attendue non plus en juin mais en juillet. En outre, l’éventualité que la Fed ne baisse pas du tout ses taux cette année gagne en probabilité au regard de la résistance de la croissance et de l’inflation. Un tel statu quo monétaire de la Fed pourrait avoir plus de conséquences négatives que positives.
Les chiffres de l’inflation américaine au mois de mars, à nouveau plus élevés qu’attendu, ont eu raison de notre scénario d’une première baisse des taux synchrone, au mois de juin, par la Fed, la BCE et la BoE. Nous tablons désormais sur deux baisses de taux seulement pour la Fed en 2024 : la première en juillet et la seconde en décembre. L’éventualité que la Fed ne baisse pas du tout ses taux cette année gagne en probabilité. Du côté de la BCE, nous maintenons que la première baisse des taux interviendrait en juin mais nous écartons finalement la prévision d’une nouvelle baisse dès juillet pour retenir un scénario d’assouplissement plus progressif d’une baisse par trimestre (en juin, septembre et décembre). La BCE engagerait donc le cycle de baisse de ses taux avant celui de la Fed.
Aux États-Unis, l’incertitude sur la politique économique, basée sur la couverture médiatique, est légèrement repartie à la hausse en mars, après une baisse marquée en février. Ce redressement peut être imputé, en partie, au chiffre de l’inflation du mois de février (3,2% sur un an selon l’indice des prix à la consommation du BLS). En se révélant supérieure aux attentes du consensus (3,1%), cette hausse repousse encore la perspective d’un assouplissement de la politique monétaire de la Fed.