Les annonces du 2 avril, dévoilant une augmentation massive et généralisée (quoique différenciée par pays) des droits de douane américains, constituent un tournant majeur. Reste encore à déterminer quelles en seront toutes les conséquences. Qu’elles soient négatives, au premier chef pour les États-Unis, ne fait pas de doute. Les turbulences sur les marchés financiers américains en attestent déjà. Même en cas de désescalade (notre scénario central), une incertitude extrêmement importante demeure et l’activité s’en trouvera durablement pénalisée.
Les dernières activités économiques
Une conséquence directe et immédiate des annonces de Donald Trump du 2 avril sur les droits de douane, qui n’ont de réciproques et réduits que le nom, a été d’accentuer les risques baissiers sur l’économie américaine et de sérieusement secouer les marchés financiers. D’après nos prévisions, l’économie américaine accuserait un ralentissement marqué mais échapperait à la récession, sous l’hypothèse optimiste d’une désescalade dans la guerre commerciale et d’une atténuation de l’incertitude.
Après la surperformance de 2023-2024, la croissance américaine est attendue en net ralentissement sous l’effet des chocs d’incertitude et tarifaire provoqués par la nouvelle administration. Les craintes de récession font un retour remarqué. Dans le même temps, l’inflation enregistrerait un rebond marqué sous l’effet des droits de douane supplémentaires. Face à la stagflation qui se dessine, la Fed devrait se garder d’assouplir sa politique monétaire en 2025.
Le scénario économique de la zone euro reste suspendu à l’évolution du conflit commercial et à la mise en œuvre de possibles droits de douane réciproques américains de 20%. La hausse des dépenses militaires soutiendra néanmoins le PIB. Dans ce contexte, et bien que des signaux légèrement positifs émergent dans l’industrie, les difficultés structurelles de secteurs tournés vers l’exportation, comme la chimie, la sidérurgie et l’automobile, pourraient se prolonger.
Dans un contexte de concurrence internationale renforcée et de tensions commerciales liées à la nouvelle politique tarifaire des États-Unis, l’économie allemande voit ses moteurs de croissance traditionnels remis en question. À court terme, la hausse des droits de douane imposée par l’administration Trump pèsera sur les exportations et accentuera le climat d’incertitude économique.
La croissance française devrait toucher un point bas en 2025, en raison d’incertitudes politiques et commerciales. Elle se redresserait en 2026, soutenue par une hausse de la consommation publique portée notamment par les dépenses de défense et par l’accélération attendue de la croissance allemande. Cet environnement européen plus porteur prendrait donc le dessus en 2026 sur le choc lié à la hausse des tarifs douaniers américains.
Le léger rebond du T4 2024 a permis au PIB italien de croître de 0,5% en 2024. En 2025, la croissance atteindrait 0,8%, puis 1,3% en 2026. Elle resterait modérée tout au long du premier semestre, puis s'accélérerait en fin d'année, portée principalement par la consommation, elle-même soutenue par la progression du revenu disponible.
Au cours des deux prochaines années, la croissance espagnole devrait être plus forte qu’anticipé dans notre dernier numéro d’EcoPerspectives. La poursuite de la désinflation et la bonne performance du marché du travail continueraient de porter la demande intérieure, au détriment du commerce extérieur.
À peine constituée, la nouvelle coalition gouvernementale a dû affronter les pressions des syndicats protestataires et les critiques concernant des prévisions économiques optimistes. La croissance belge reste positive mais inférieure à sa tendance de moyen terme. Les dépenses d'investissement pourraient marquer le pas tandis que la mauvaise dynamique du commerce extérieur pèse toujours sur le PIB. En revanche, le marché immobilier semble se redresser, les prix ayant continué de progresser malgré tout.
Moins sanctionné que ses voisins européens, le Royaume-Uni n’aura néanmoins pas échappé au tarif plancher de 10% sur les droits de douane américains. Les répercussions négatives sur l’activité s’ajouteront aux freins domestiques préexistants. Le taux d’épargne des ménages remonte dans un contexte d’inflation élevée. L’accroissement des investissements en défense au Royaume-Uni et ailleurs en Europe aura un effet positif sur le PIB, mais qui sera a priori compensé à court terme par les conséquences de la guerre commerciale.
Le Japon se dirige vers une année sans rythme de croissance. La demande intérieure reste contrainte, les salaires nominaux progressant moins rapidement que l’inflation. Par ailleurs, la politique commerciale des États-Unis, premier marché japonais à l’exportation, fait peser un risque baissier sur l’économie. L’ajustement monétaire mené par la Banque du Japon se voit remis en cause par la fragilité de la croissance et les développements américains.
Le mercredi 5 mars, le rendement du Bund à 10 ans a augmenté de 30 points de base, soit la plus forte hausse depuis la chute du mur de Berlin. Il a continué à augmenter les jours suivants, atteignant un pic le 11 mars. L'élément déclencheur a été l'annonce faite par Friedrich Merz (CDU) et les dirigeants de la CSU et du SPD lors d'une conférence de presse nocturne le mardi 4 mars 2025, durant laquelle ils avaient annoncé leur accord pour :réformer le frein à l'endettementexempter du frein à l’endettement les dépenses de défense supérieures à 1 % du PIB créer un fonds de 500 milliards d'euros pour les investissements dans les infrastructures.L'évolution du marché obligataire allemand a eu des répercussions importantes sur les marchés de la zone euro mais ce n'est pas une surprise.
Les dernières actualités économiques.
L’administration Trump a annoncé la semaine dernière des droits de douane contre le monde entier qui, ajoutés à ceux des semaines précédentes, vont porter le tarif extérieur moyen des États Unis à 22%, contre 2,5% à fin 2024. La réaction des marchés financiers est sans appel et suggère des craintes encore plus sérieuses pour la croissance américaine que pour la croissance mondiale. Beaucoup d’inconnues demeurent, mais ce scénario est le plus plausible. Pour les partenaires commerciaux des États-Unis, mieux vaudrait résister à la tentation de l’escalade et au contraire mettre les bouchées doubles pour renforcer les moteurs de la croissance domestique. L’Europe est particulièrement bien positionnée pour y parvenir.
Comment Pékin réagira aux prochaines mesures protectionnistes américaines ? La Banque centrale va-t-elle laisser le yuan se déprécier pour compenser l’effet des hausses de droits de douane sur la compétitivité prix des exportations chinoises ?
Le message délivré par Pékin début mars lors du rassemblement annuel de l’Assemblée nationale populaire est clair : quelles que soient les difficultés liées aux rivalités commerciales et technologiques avec les États-Unis, l’économie chinoise devra atteindre une croissance proche de 5% en 2025. La cible est inchangée depuis 2023, et semble particulièrement ambitieuse cette année. En effet, la demande extérieure, moteur de la croissance chinoise en 2024, devrait s’affaiblir considérablement sous l’effet de la montée des mesures protectionnistes à l’encontre de la Chine. Les autorités comptent sur la demande intérieure pour prendre le relais, mais celle-ci se heurte à des freins encore puissants
Sans surprise, le FOMC a maintenu la cible de taux des Fed Funds à 4,25% - 4,5% lors de la réunion des 18 et 19 mars. Jerome Powell et le Comité commencent à intégrer les risques baissiers sur l’activité et haussiers pour l’inflation. À court terme, la stabilité des dot plots, la relativisation des risques de long terme liés aux tarifs douaniers et le maintien du message de patience visent, en creux, à offrir des gages de stabilité au milieu du tumulte actuel. Selon notre scénario, le FOMC réduirait le taux directeur assez fortement en 2026.
Échaudée par la crise des marchés monétaires, qu’elle n’avait pas anticipée, lors de son premier resserrement quantitatif (Quantitative Tightening, QT1), la Réserve fédérale américaine (Fed) entend piloter le deuxième (QT2) avec grande prudence.Cela suppose de réduire son portefeuille de titres sans créer de pénurie de monnaie centrale, au regard des exigences de liquidité imposées aux banques soumises au dispositif Bâle 3. À défaut de pouvoir estimer le montant optimal de réserves en banque centrale nécessaire à la bonne transmission de sa politique monétaire, la Fed se donne pour objectif de ramener le stock de réserves à un niveau suffisamment « ample »
Les inquiétudes concernant la croissance américaine grandissent. La crainte d’un rebond de l’inflation et le choc d’incertitude politique pèsent sur le sentiment des ménages et des entreprises. Les premières données d’activité du T1 2025 s’ajoutent aux signaux d’une détérioration en cours. Il est, par ailleurs, à ce stade peu probable de voir la Réserve fédérale (Fed) venir au secours de l’économie. Tour d’horizon rapide des avertissements envoyés par la conjoncture américaine.
Nous sommes à près d’une semaine d’un vote qui pourrait changer la face de l’Allemagne. Le 18 mars, le Bundestag décidera de l’adoption de deux projets structurants portant sur la défense et les infrastructures. Un plan budgétaire massif qui pourrait dépasser les EUR 1 000 Mds sur les 10 prochaines années et relancer la croissance allemande, aux abonnés absents depuis près de 3 ans.