À en juger par les récentes enquêtes de conjoncture, bon nombre d’économies avancées atteindraient leur vitesse limite en termes de croissance économique, ce qui n’est pas sans conséquences. Il en résulte un risque haussier d’inflation que reconnaissent aussi bien la Réserve fédérale américaine que la BCE. Les pénuries de main-d’œuvre peuvent accélérer les hausses de salaires, mais aussi soutenir la confiance et la consommation des ménages. De plus, les goulets d’étranglement du côté de l’offre devraient stimuler l’investissement des entreprises. Toutefois, à terme, atteindre la vitesse limite peut être source de volatilité économique ultérieure. Enfin, cela peut compliquer l’analyse lorsque l’on cherche à savoir si le fléchissement du moral des chefs d’entreprises est dû à la demande ou à l’offre.
Les économistes sont friands de métaphores pour expliquer leur point de vue. En matière de cycles économiques, ils se réfèrent très souvent à la vitesse. Lorsque la croissance marque le pas, on dit parfois que l’économie « cale » pour décrire une situation dans laquelle le ralentissement s’autoentretient du fait d’une baisse de la confiance, de coupes dans les investissements et les plans d’embauche, etc. A contrario, le cercle vertueux de la reprise est comparé à la vitesse de libération de l’attraction terrestre. La croissance s’alimente d’elle-même et les dispositifs de soutien à l’économie deviennent alors superflus. Il peut arriver que la hausse de la demande soit telle que l’offre ne peut suivre. Des goulets d’étranglement se forment alors et l’économie atteint sa vitesse limite.