Les barrières érigées contre la pandémie de Covid-19 ont sévèrement entravé l’économie américaine au deuxième trimestre de 2020, qui a vu le PIB chuter de 9,1%, un record. Si une reprise a suivi, elle est incomplète et, surtout, très inégale, les quelque dix millions d’Américains toujours sans emploi du fait de la crise étant souvent les plus modestes. Le bilan sanitaire s’est, quant à lui, alourdi, plaçant les États-Unis au premier rang des pays les plus endeuillés (près de 200 000 victimes comptabilisées à ce jour). Donald Trump, qui a longtemps minimisé la maladie, doit en gérer les conséquences au moment d’affronter l’élection présidentielle du 3 novembre prochain. Bien que les sondages ne lui soient pas favorables, l’issue du scrutin reste très incertaine.
Le redressement de la croissance économique se poursuit. D’abord principalement tiré par le redémarrage de la production industrielle et de l’investissement, il s’est étendu au cours de l’été notamment grâce au rebond des exportations. L’activité dans les services se redresse également, mais elle reste néanmoins contrainte par la reprise encore timide de la consommation des ménages. Celle-ci semble en effet encore loin d’un retour à la normale. Le taux de chômage est rapidement reparti à la baisse après la fin du confinement, mais son recul s’accompagne d’une montée des emplois précaires et des disparités entre les individus, les moins qualifiés et les jeunes diplômés étant particulièrement fragilisés.
Le choc économique provoqué par la pandémie de Covid-19 sera long à effacer au Japon. Malgré des mesures sanitaires moins restrictives que dans d’autres pays, la chute du PIB japonais en 2020 sera historique. Le rebond attendu pourrait être limité. En effet, la confiance des consommateurs et les indicateurs d’activité des entreprises stagnent, ce qui envoie des signaux mitigés du côté de la demande interne. Cette crise pourrait intensifier les faiblesses de l’économie japonaise : croissance faible, inflation basse et niveau d’endettement public au plus haut. Les politiques économiques resteront expansionnistes, et la démission du Premier ministre Shinzo Abe ne devrait pas conduire à des changements majeurs.
Après le rebond de l’économie plus marqué qu’attendu à la sortie du confinement, la dynamique semble moins allante. Le rattrapage reste incomplet et la fin de l’année, entourée d’incertitudes sur les fronts sanitaire et économique, devrait être marquée par un ralentissement notable de l’activité. Dans notre scénario central, le niveau du PIB ne devrait pas être atteint à l’horizon de la prévision, fin 2021. De plus, les pressions désinflationnistes s’accentuent et l’appréciation de l’euro n’arrange rien. La Banque centrale européenne reste pour l’heure patiente mais se dit prête à intervenir de nouveau. Si cette situation venait à durer, une extension des mesures monétaires d’urgence, à la fois au niveau de l’enveloppe et de la durée du programme, est à prévoir.
Un fort rebond est attendu au troisième trimestre (7,2 %) avec la levée progressive des restrictions. Cependant, la reprise va probablement rester lente et difficile, au moins tant qu’un vaccin ou de meilleurs traitements contre la Covid-19 n’auront pas été trouvés. Grâce à un large recours aux dispositifs de chômage partiel, le marché du travail a assez bien résisté. Cependant, les mesures adoptées ont peut-être aussi contribué à reporter des restructurations nécessaires, ce qui pourrait peser sur la performance économique à long terme. La forte augmentation des dépenses publiques pour atténuer les conséquences économiques de l’épidémie de Covid-19 a contraint les autorités à activer la clause dérogatoire aux règles de limitation de l’endettement public
Après un redémarrage rapide en mai et juin, l’économie est revenue à 95% de son niveau normal en août. L’amélioration se fait néanmoins plus asymptotique à mesure que les effets mécaniques du rattrapage s’estompent, et du fait des fortes disparités sectorielles, des contraintes et des incertitudes sanitaires qui persistent. Le rebond au T3 s’annonce toutefois important (de l’ordre de +15% t/t). C’est au T4 que la croissance retomberait comme un soufflé et que se joue la suite de la reprise. D’où l’importance du plan de relance, de son double rôle d’amortisseur des séquelles de la crise et de renfort du redémarrage en cours. Nous estimons son impact sur la croissance en 2021 à +0,6 point, ce qui la porterait à 6,9% après avoir plongé de 9,8% en 2020.
Au T2 2020, le PIB réel s’est effondré de 12,8 %, retrouvant les niveaux des années 1990. La récession s’explique principalement par la chute de la demande intérieure : les ménages ont réduit leurs dépenses et les investissements ont baissé de 15 %. La contraction économique a été générale. Les signaux sont contrastés dans l’immobilier : les prix ont grimpé au T1 2020 alors que le volume des transactions était en net repli. Les données récentes indiquent un rebond de l’économie, mais le scénario demeure incertain. La vigueur de la reprise dépendra du comportement des entreprises et des ménages, qui sera lui-même fonction de l’évolution de la pandémie. Dans le secteur immobilier, l’année pourrait s’achever sur une forte baisse des prix comme du nombre d’opérations
L’Espagne a enregistré une chute record d’activité de 22,7% au premier semestre 2020. Alors que le déficit public pourrait atteindre plus de 10% du PIB cette année, des décisions délicates se posent désormais à l’exécutif espagnol, notamment concernant les conditions d’attribution du chômage partiel. Le rebond de l’activité industrielle depuis le déconfinement constitue un soutien à la reprise meilleur qu’attendu, mais il ne compense que faiblement les pertes dans les autres secteurs. À l’instar d’autres pays, le dernier trimestre 2020 sera une période charnière pour l’Espagne. Un soutien fort à l’emploi et à l’investissement (grâce au plan de relance présenté cet automne) sera nécessaire, avec un recentrage des aides sur les secteurs durablement impactés par la crise.
La contraction économique (-8,5 %) est moins importante que dans les pays voisins. Les données d’activité confirment un rebond au troisième trimestre malgré le poids des règles de distanciation sociale, en particulier dans les services. Grâce à de solides amortisseurs financiers, l’État est en mesure de supporter les coûts considérables entraînés par la pandémie de Covid-19. Selon les prévisions pour 2021, le déficit devrait s’élever aux environs de 5 % du PIB et la dette publique, dépasser à peine la barre des 60 %. La coalition de centre-droit perdra probablement la majorité lors des prochaines élections législatives en mars 2021. Dans l’hypothèse d’un bon score des socio-démocrates et des verts, la formation d’une «?coalition pourpre?» serait une option possible.
L’économie belge pourrait se contracter de 7,5% cette année, puis croître de 4,6 % en 2012. La tenue de la consommation plaide pour une reprise dynamique mais l’investissement reste hésitant, une faiblesse que les dépenses publiques pourraient en partie compenser. Le pays vient de se doter d’un nouveau gouvernement seize mois après les élections. La nouvelle coalition devra jongler avec les mesures de soutien à court terme et le programme de réduction du déficit à moyen terme.
L’économie finlandaise montrait déjà des signes de fragilité avant que la pandémie de Covid-19 survienne. En effet, la croissance du PIB s’était contractée au dernier trimestre 2019. Malgré cela, la Finlande s’est avérée l’une des économies les plus résilientes d’Europe. La pandémie a été relativement contenue, permettant aux autorités d’imposer des mesures de restriction plus souples que celles des autres pays européens. Une autre explication réside dans le soutien important apporté par le gouvernement.
La bonne gestion de l’épidémie n’a pas permis au Portugal d’éviter un choc économique sévère. Le PIB réel a chuté de 13,9% au T2, principalement sous l’effet d’un plongeon des exportations de biens et services (-36,1% t/t) et de la consommation privée (-14,0% t/t). Le Portugal a pâti de la chute du tourisme et de l’arrêt de l’activité à l’étranger, en particulier en Espagne. Cela pourrait également freiner la reprise, étant donné la recrudescence des contaminations de l’autre côté de la frontière. Cependant, et grâce à des efforts budgétaires consentis ces dernières années, le déficit public pour 2020 devrait être inférieur à celui de ses voisins européens (environ 7,0% du PIB selon les estimations gouvernementales), ce qui offre quelques marges de manœuvre à l’exécutif.
Si le PIB britannique a rebondi depuis mai et a rattrapé la moitié du retard causé par la pandémie de Covid-19, la crise économique est encore loin d’être terminée. De fortes inquiétudes pèsent sur le marché du travail, les programmes de chômage partiel du gouvernement devant s’arrêter dans les prochaines semaines. Dans le même temps, la fin de la période de transition, qui maintient le Royaume-Uni dans le marché unique et l’union douanière de l’Union européenne, approche à grands pas. Des tensions dans les négociations font craindre une sortie sans accord. Cela pourrait avoir des effets de long terme sur l’économie plus importants encore que ceux liés à la crise actuelle.
La Norvège a non seulement été affectée par la pandémie de Covid-19 mais elle a aussi dû faire face à une forte chute des prix de son principal produit d’exportation : le pétrole. Néanmoins, ce double choc a été largement amorti, du fait notamment de la structure de l’économie norvégienne et de la réponse des autorités. Le pays se situe désormais parmi les mieux positionnés pour sortir de la crise. De fait, l’économie norvégienne montre déjà des signes concrets de reprise.
Assouplissement du confinement oblige, la confiance des entreprises s’est notablement améliorée, tandis que l’activité et la demande ont mécaniquement rebondi. À court terme, le resserrement de l’écart entre les niveaux d’activité normaux et ceux observés devrait progressivement induire une certaine normalisation des taux de croissance. La croissance devrait être soutenue par un effet de rattrapage de la consommation, les coups de pouce monétaire et budgétaire, et la possibilité pour les ménages de puiser dans l’épargne forcée accumulée pendant le confinement. L’évolution des incertitudes sera déterminante. La situation sanitaire n’est pas maîtrisée dans certains pays et l’on craint potentiellement un emballement
En partie paralysée par l’épidémie de Covid-19, l’économie américaine aura connu, au printemps 2020, sa pire récession depuis 1946. La perte d’activité, proche de 10% au deuxième trimestre, se réduit toutefois depuis le mois de mai, la principale question étant de savoir ce qui pourra, in fine, être récupéré. À l’approche de l’été, l’amélioration des enquêtes auprès des chefs d’entreprise, tout comme le rebond boursier, témoignaient d’anticipations assez optimistes, peut-être trop. Dopés par les injections de liquidité de la Réserve fédérale, les marchés sous-estimeraient le risque de défaillance d’entreprises, dont la dette s’est beaucoup alourdie. Les dernières statistiques concernant la progression de la maladie étaient, quant à elles, mauvaises.
L’économie se redresse progressivement depuis mars, et le rebond vigoureux du PIB devrait lui permettre de récupérer rapidement le terrain perdu au premier trimestre. Cependant, le choc provoqué par l’épidémie et le confinement a fragilisé un grand nombre de secteurs (notamment les industries exportatrices), de sociétés (les micro entreprises et les PME en particulier) et de ménages (notamment ceux à bas revenus). La banque centrale assouplit prudemment les conditions de crédit et le gouvernement a introduit un plan de relance estimé à environ 5 points de PIB pour 2020. L’investissement public dans les infrastructures reste un instrument privilégié, mais les aides destinées aux entreprises et aux ménages devraient également soutenir la demande privée.
Comme la grande majorité des économies, le Japon entrera en récession en 2020. Le rebond anticipé en 2021 pourrait être relativement limité. Les derniers indicateurs conjoncturels font état d’une situation économique encore nettement dégradée par rapport à une période normale. Le levier budgétaire est actionné, une nouvelle fois, dans une ampleur importante. Le risque de hausse des coûts de financement en lien avec la hausse attendue de la dette publique devrait être largement atténué par la politique monétaire menée par la Banque du Japon, notamment par le biais de la Yield Curve Control.
Alors que dans les pays membres de la zone euro la 1ère vague épidémique semble avoir être maîtrisée, ces derniers font désormais face à d’importantes difficultés économiques. Si les dernières nouvelles sur le front des indicateurs avancés de l’activité font état d’un début de redressement, la route sera longue. Les pertes d’activité enregistrées au plus fort de la crise seront difficiles à absorber intégralement. Les politiques publiques sont cruciales. La probabilité est importante de voir, dans les prochains mois, une forte hausse du chômage, notamment de longue durée, et se multiplier les faillites d’entreprises. La Banque centrale européenne assure aux États des conditions de financement très avantageuses
Avec la levée progressive des restrictions liées au confinement, l’activité économique a donné des signes de rebond. Le plan de relance du gouvernement pourrait donner un nouveau coup de fouet à la croissance et contribuer à réduire les émissions de dioxyde de carbone. La perspective d’un programme de relance de l’Union européenne est une bonne nouvelle pour le secteur manufacturier allemand orienté vers les exportations. Cependant, en l’absence de vaccin ou de traitements plus efficaces contre la Covid-19, la reprise sera probablement semée d’embûches. Le PIB ne devrait pas retrouver ses niveaux de pré-pandémie avant 2022.
Après un choc récessif massif, l’économie française donne, depuis mai, des signes d’un redressement assez rapide, au point de réveiller les espoirs d’une reprise en V. Le rebond de l’indice composite PMI de Markit et de la consommation des ménages en biens est spectaculaire et encourageant. Mais il est largement mécanique et va se tasser à mesure que l’effet rattrapage s’estompera. L’écart restant par rapport au niveau d’avant-crise sera probablement comblé plus lentement que le terrain déjà regagné. En cause : l’hétérogénéité sectorielle, le risque sanitaire, les séquelles de la crise. Selon nos prévisions, la reprise aurait un profil en U (-11,1% en 2020, +5,9% en 2021). Nous voyons les risques équilibrés, notamment grâce aux mesures de soutien déjà prises et en préparation.
L’épidémie de Covid-19 qui a frappé l’Italie avant les autres pays de l’Union européenne, a eu des effets très dommageables sur l’économie. Au premier trimestre 2020, le PIB réel a chuté de 5,3 %. La contraction a touché des pans entiers de l’économie, en particulier, l’industrie manufacturière, les services et la construction. En outre, la contribution de la demande intérieure a été négative (-5,5 %). Les ménages italiens ont redoublé de prudence, réduisant les dépenses au-delà de la baisse du revenu : la propension à épargner a grimpé à 12,5 %. De plus, la pandémie a durement frappé le marché du travail : les catégories défavorisées, comme les travailleurs peu qualifiés, ceux aux contrats précaires et les jeunes ont été les plus durement affectés par le confinement.
La contraction économique historique du premier semestre laisse planer de sérieux doutes sur la reprise à venir. Même si la phase de déconfinement s’est pour l’heure bien déroulée, l’emploi peine à se redresser. L’activité touristique reste sous la menace d’une résurgence de l’épidémie en Europe. Par ailleurs, le creusement du déficit public va obliger le Premier ministre, Pedro Sanchez, à dessiner un plan de relance serré, arbitrant entre urgence sociale et investissement d’avenir. Un équilibre difficile qui va cristalliser les tensions au sein de la coalition gouvernementale
D’après nos prévisions, le PIB de la Belgique devrait baisser de 11,1 % cette année et rebondir de 5,9 % l’année prochaine. Le taux de chômage pourrait atteindre 9 %, son niveau le plus élevé en vingt-deux ans. Les différents gouvernements ont annoncé des mesures pour lutter contre l’impact du Covid-19, mais les pourparlers en vue de la formation d’un gouvernement fédéral sont toujours en cours, ce qui complique la donne. La dette publique devant atteindre 123 % du PIB à la fin de l’année, la marge de manœuvre est limitée, mais la nécessité d’engager des dépenses est une priorité, tout au moins pour le moment.
Malgré une bonne gestion de l’épidémie, la Grèce ne va pas échapper à une forte récession en 2020. Le tourisme, qui compte pour près de 20% de l’activité du pays, n’offre aucune certitude de reprise solide. Les risques d’une résurgence de foyers épidémiques en Europe vont peser sur ce secteur pendant de nombreux mois encore. Le système bancaire grec va être davantage fragilisé et la dette publique va s’accroître fortement. Cependant, le soutien de la Banque centrale européenne a été renforcé en mars avec la création du PEPP, qui permet à la BCE d’acheter de la dette souveraine grecque. Les taux souverains sont restés sous contrôle. Dans un tel contexte, l’élaboration d’un plan de relance devrait inciter le gouvernement à développer de nouveaux secteurs, détachés du tourisme.
EcoPerspectives est la revue trimestrielle consacrée aux économies avancées (pays membres de l’Organisation de développement et de coopération économiques) et à la Chine.
Cette publication permet de brosser le tableau d’une économie avancée au regard de ses indicateurs trimestriels et de se tourner vers l’avenir pour mieux comprendre et anticiper les principales problématiques économiques du pays étudié.
Pour EcoPerspectives, les économistes de l’équipe en charge des économies avancées réalisent un suivi régulier des principaux indicateurs conjoncturels d’une sélection de pays. Nos experts s’appuient notamment sur les prévisions trimestrielles réalisées par BNP Paribas (croissance, inflation, taux de change, taux d’intérêt, prix du pétrole). Chaque économiste analyse la conjoncture économique d’un ou plusieurs pays, au regard des indicateurs disponibles afin d’en suivre l’évolution, notamment l’indice de la production industrielle, le produit intérieur brut (PIB) trimestriel et les prévisions d’inflation, l’indice des prix à la consommation (IPC) et ceux des prix à la production (IPP), ou encore les chiffres de l’emploi et du chômage. L’évolution de l’opinion des différents acteurs est également suivie et analysée (confiance des ménages, climat des affaires). L’auteur commente les principaux facteurs qui orientent et déterminent l’activité économique du pays étudié et les perspectives conjoncturelles du trimestre à venir.