Malgré un marché du travail tendu, l’économie britannique montre des signes évidents de ralentissement de la croissance alors que l’inflation atteint un plus haut depuis 40 ans. En moyenne mobile sur trois mois, d’après l’estimation mensuelle du PIB publiée par l’ONS, la croissance britannique a été nulle en juillet, légèrement en dessous des attentes (+0,1%). Ce chiffre masque des évolutions mensuelles plus marquées.
En 2021, les négociations salariales ont été difficiles dans un contexte de reprise économique fragile et inégale. Les hausses de salaires devraient être plus élevées en 2022 sans toutefois compenser les effets de la forte inflation. Le très puissant syndicat allemand, IG Metall, a obtenu une revalorisation des salaires inédite depuis 30 ans dans le secteur de la métallurgie : +6,5%. Mais cette progression est à relativiser puisque l’accord a été signé sur 18 mois, ce qui ramène le taux de croissance annuel à +4,5 % en 2022. Les négociations salariales en Allemagne s’effectuent principalement de façon centralisée (secteur, branche)
Le marché de l’emploi en Espagne continue de surprendre favorablement, avec près de 263 000 postes nets supplémentaires au cours du premier semestre 2022[1]. Au-delà du volume, c’est la nature des embauches qui a été profondément modifiée, en février dernier, par la réforme sur le droit du travail dont la principale mesure visait à durcir les conditions de recours aux contrats précaires. Les effets ne se sont pas fait attendre : les contrats à durée indéterminée ont bondi de plus de 1 130 000 depuis le début de l’année, soit une hausse de 12%
La bonne tenue de l’emploi témoigne d’une certaine résilience de l’économie espagnole aux chocs économiques multiples auxquels elle est confrontée. Selon l’office pour l’emploi espagnol (SEPE), 33 366 actifs supplémentaires (+0,2% m/m) se sont inscrits à la sécurité sociale en mai, treizième mois consécutif de progression. Le gouvernement s’attend, par ailleurs, à une nouvelle hausse en juin. Le chômage se replie, quant à lui, de 41 069 en mai, atteignant ainsi son plus bas niveau depuis 2008, porté par une nouvelle baisse de 21 974 chez les jeunes (25 ans et moins).
La croissance américaine a fait l’objet d’une légère révision à la baisse au T1 2022 (-0,1 point), ce qui porte la contraction du PIB à -1,5% en rythme trimestriel annualisé, alors que les anticipations misaient sur une révision moins marquée (-1,3% en rythme trimestriel annualisé). Cette correction est imputable à un déstockage plus important qu’annoncé (-1,1 point de contribution) ainsi qu’à une moindre contribution de l’investissement (+1,2 point), notamment résidentiel. Ces révisions sont en partie compensées par la hausse de la consommation des biens comme des services (+2,1 points). De leur côté, la hausse des exportations et celle des importations de biens se sont neutralisées, laissant la contribution du commerce extérieur inchangée (-3,2 points).
Même si l’Espagne n’est pas l’économie européenne la plus exposée « structurellement » à la guerre en Ukraine, le choc sur les prix énergétiques s’avère très important. L’inflation dépassera certainement les 10% sur un an au cours du printemps. Les manifestations qui ont émaillé le pays, en réponse à la hausse du prix des carburants, ont perturbé l’activité, mais la croissance devrait être peu impactée. Les créations d’emplois ont résisté au T1. La confiance des ménages et les anticipations de commandes des entreprises ont toutefois chuté fortement, ce qui aura des répercussions sur les dynamiques d’embauches
La large victoire du parti socialiste d’Antonio Costa aux élections législatives de février permet une stabilité politique bienvenue dans le contexte économique actuel. Si le Portugal ne subit pas un choc inflationniste aussi important que la plupart des autres pays européens, et alors que l’État a introduit des mesures de soutien, les enquêtes d’opinion ont toutefois décroché en mars. Il reste à voir jusqu’où cette détérioration altèrera la dynamique des embauches qui reste, pour l’heure, bien orientée. Le taux de chômage, au cours de l’hiver, était proche des niveaux enregistrés au début des années 2000.
Selon l’estimation flash d’Eurostat, l’inflation dans la zone euro s’est élevée à 7,5% a/a en mars, marquant une nouvelle hausse très importante (+1,6 point par rapport à février). L’inflation reste en grande partie énergétique – la composante « énergie » contribue à hauteur de 4,9 points de pourcentage à ce chiffre, soit 65% du total – mais les autres composantes (alimentation, produits manufacturés, services) se renforcent également et contribuent chacune à hauteur d’environ 1 point. L’inflation se généralise donc et tous les pays de la zone euro sont concernés par le mouvement récent d’accélération, bien qu’à des degrés divers.
La France a terminé l’année 2021 avec le taux d’emploi le plus élevé depuis les années soixante-dix, le taux de chômage le plus bas depuis 2008 et un record de créations d’emplois depuis l’après-guerre. Ce dynamisme de l’emploi est imputable pour moitié au rebond des créations d’emplois dans les secteurs les plus affectés par la crise de la Covid-19 (dont la restauration et l’intérim). La pandémie a également soutenu l’emploi dans la santé et l’éducation. Le secteur privé marchand porte néanmoins encore la trace de la crise sanitaire : l’emploi y est inférieur de 1,3% au niveau qu’il aurait atteint si sa croissance observée entre 2017-19 s’était poursuivie jusqu’à fin 2021 (un même calcul sur le PIB réel donne un écart de 2,2%)
En dépit des ombres que la guerre en Ukraine fait planer sur l’économie mondiale, la Réserve fédérale des États-Unis annonce une normalisation à marche forcée de sa politique monétaire. L’envolée de l’inflation autant que sa diffusion à de nombreux postes, le retour au plein emploi - et les tensions sur les salaires qui en découlent - sont les principaux arguments mis en avant par l’Institution pour agir. Alors que le caractère auto-entretenu de la hausse des prix fait encore débat, le coup de frein projeté surprend tout de même par son ampleur. Dans une conjoncture accoutumée au faible coût du crédit, il n’est pas sans risque pour la bonne marche des affaires.
D’après les deux indicateurs de santé financière des entreprises - le nombre de défaillances et le taux de marge - la situation des entreprises françaises s’est nettement améliorée entre 2016 et 2021. Le nombre de défaillances a baissé de moitié, permettant de sauvegarder 210 000 emplois sur la période, dont 170 000 au cours de la pandémie. Le taux de marge a augmenté de 1,4 point de pourcentage et le poids de la fiscalité a reflué. La politique budgétaire a joué un rôle majeur avec la baisse des impôts de production et de l’impôt sur les sociétés, ainsi que la hausse des subventions aux entreprises pendant la pandémie. L’année 2022 s’annonce moins favorable, notamment du fait des pressions inflationnistes
Les créations d’emplois au sein de la zone euro ont été très importantes en 2021. Cela a permis de ramener le taux de chômage à un niveau historiquement bas. Mais cette dynamique s’est aussi traduite par des difficultés de recrutement et un manque de main d’œuvre. Les pénuries de main d’œuvre les plus contraignantes frappent l’Allemagne (dans tous les secteurs), en lien avec un faible taux de chômage, et les plus faibles touchent l’Italie dont le marché du travail est le moins dynamique de la zone (hiérarchie vérifiée quel que soit le secteur). En France, les tensions sont plus vives dans le secteur de la construction et plus modérées par ailleurs
Les entreprises de la zone euro font état de pénuries records de main-d’œuvre. Si celles-ci sont en partie de nature cyclique, certains facteurs structurels interviennent. D’après l’enquête annuelle 2020 de la BEI sur les investissements, la disponibilité de personnel qualifié arrive en deuxième position des principaux facteurs pesant sur les décisions d’investissement à long terme dans la zone euro. Les pénuries structurelles de main-d’œuvre pèsent sur la croissance du PIB, en affectant la formation de capital, l’innovation et la productivité
L’emploi en Espagne continue de surprendre favorablement cet automne. Le nombre d’actifs affiliés à la sécurité sociale s’est accru en octobre (+102 474) pour atteindre un niveau record de 19 662 163. D’importantes créations de poste sont enregistrées dans des secteurs qui ont pour partie « bénéficié » de la crise sanitaire et des changements structurels que celle-ci a engendrés ou amplifiés (information et communication, santé, activités sanitaires et sociales, logistique et transport). Le taux de chômage reste élevé (14,6% en septembre), tout comme le sous-emploi (7,4% de la population active totale), mais le taux d’activité des 16-64 ans atteint un niveau historiquement élevé (75,8% au T3 2021)
La crise de 2008 a provoqué en Espagne – comme dans la plupart des pays occidentaux – un plongeon sans précédent de l’emploi industriel dont les stigmates perdurent. L’emploi manufacturier reste, en effet, inférieur de près de 500 000 postes au niveau de 2008. Une partie de ce déclin reflète néanmoins une réorientation de plus en plus importante des firmes industrielles vers des offres de services, ce qui n’est pas une mauvaise chose. Avec la crise de la Covid-19 et le plan de relance et de résilience (PRR) de EUR 69,5 mds, qui sera déployé au cours des cinq prochaines années, le renforcement de l’industrie en Espagne est redevenu un enjeu central aux yeux des autorités. Un quart du PRR sera ainsi dédié à cet objectif
Pour juger du retour à meilleure fortune du marché du travail français, on peut s’appuyer sur les deux indicateurs retenus par le gouvernement dans le cadre de la réforme en cours de l’assurance-chômage : 1/ le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A doit avoir diminué d’au moins 130 000 sur 6 mois ; 2/ les déclarations d’embauche de plus d’un mois (hors intérim) doivent, concomitamment, dépasser les 2,7 millions cumulés sur 4 mois glissants. En juin 2021, le double critère d’amélioration est satisfait. C’est moins une surprise pour les déclarations d’embauche que pour les inscriptions à Pôle emploi, la barre semblant plus facile à franchir pour les premières que pour les secondes. Ce premier signal positif[1] doit encore s’inscrire dans la durée mais cela semble en bonne voie
Avec l’arrivée de la Covid-19, le taux d’activité des Américains, soit la part dans la population des personnes qui exercent ou recherchent un emploi, est tombé à un niveau historiquement bas : à peine 74% des 20-64 ans en avril 2020, du jamais vu aux États-Unis. Si ce taux rebondit depuis quelques mois, il n’a pas retrouvé son niveau d’avant-crise. Ainsi, près de 3 millions d’Américains qui étaient présents sur le marché du travail avant la pandémie, manquent toujours à l’appel. Cette « sortie des radars » touche surtout les catégories sociales peu qualifiées et faiblement rémunérées
Le marché du travail devrait jouer un rôle crucial dans la reprise par son impact sur les revenus et les dépenses des ménages. À cet égard, plusieurs éléments incitent à l’optimisme. Les dernières enquêtes auprès des chefs d’entreprises indiquent une nouvelle hausse des intentions de recrutement tandis que les anticipations de chômage des ménages ont reculé en deçà de leur niveau prépandémie. Les intentions d’achats importants des ménages au cours des douze prochains mois ont déjà augmenté, une tendance qui devrait se poursuivre à la faveur de l’amélioration de la situation financière et de la diminution de l’incertitude sur le revenu.
En 2021, une hausse de l’emploi et du taux de chômage est attendue mais l’incertitude quant à son ampleur est grande. Le risque est que cette remontée soit limitée pour l’emploi et importante pour le taux de chômage.La croissance de l’emploi sera soutenue par le plan France Relance. L’ampleur de son redressement est néanmoins pour partie liée à la vigueur de la reprise. Mais elle restera aussi, et surtout, contrainte par l’effet retardé de la chute massive de l’activité en 2020, l’augmentation des défaillances d’entreprises, l’hétérogénéité sectorielle, le retour en activité des personnes en chômage partiel et les efforts de reconstitution des gains de productivité et des marges des entreprises
Aux États-Unis, les plans de relance « historiques » se suivent mais ne se ressemblent pas. Proche de 2 300 milliards de dollars, l’American Jobs Plan voulu par le président Biden se distingue de l’American Rescue Plan, adopté en mars et d’un montant de 1 900 milliards de dollars, en ce sens qu’il vise le long terme et ambitionne d’être intégralement financé par l’impôt. Axée sur la défense des intérêts stratégiques américains, sa philosophie est proche de celle de l’American Recovery and Reinvestment Act de 2009. Le cadre multilatéral n’est toutefois pas ignoré, dans la mesure où l’administration Biden cherche aussi à faire de son Plan un instrument d’harmonisation fiscale au niveau international.
En 2020, l’impact de la pandémie de Covid-19 sur le marché du travail français a été bien moins marqué que sur le PIB : celui-ci a chuté de 8,2% en moyenne annuelle tandis que l’emploi salarié privé n’a baissé que de 1,7%, le taux de chômage s’inscrivant même en légère baisse par rapport à 2019 (-0,4 point en moyenne annuelle). Il faut voir derrière cet impact négatif contenu l’effet des mesures d’urgence, notamment le renforcement important du dispositif de chômage partiel
Bien que le pic de la seconde vague semble avoir été atteint mi-novembre, les perspectives économiques, notamment sur le marché du travail, restent en Grèce, et comme dans bien des pays, préoccupantes. L’indice des consommateurs sur les perspectives de chômage, publié par la Commission européenne, est ainsi reparti à la hausse, atteignant en novembre son niveau le plus élevé depuis août 2013. Les chiffres tangibles du chômage fournis par le service des statistiques grecques ont traditionnellement un retard important : les données les plus récentes sont pour août
Le démocrate Joe Biden apparaît bien placé dans les sondages pour remporter l’élection présidentielle du 3 novembre 2020 face au républicain Donald Trump. En raison d’un mode de scrutin particulier, le résultat est pourtant loin d’être acquis ; menacé de contestations, il pourrait, en outre, se faire attendre. Le bilan de la présidence Trump, qu’il convient pour plus d’honnêteté d’arrêter avant la crise sanitaire, est mitigé. Si l’économie, l’emploi et, plus encore, la Bourse, ont crû rapidement, les finances publiques ont connu une dérive inédite en temps de paix, tandis que les inégalités se sont creusées. L’inflation des droits de douane a peu fait pour réduire le déficit commercial. La protection de l’environnement a gravement régressé
Trente ans après la réunification, les disparités de revenus persistent. Les nouveaux Länder connaissent toujours un déficit de productivité, celle-ci étant inférieure d’environ 20 % à celle du reste du pays. Les inégalités de revenus les plus marquées concernent le secteur manufacturier, les sièges des entreprises et les centres de recherche restant concentrés dans la partie ouest du pays. Attirés par des rémunérations plus élevées et un meilleur niveau de vie, de nombreux jeunes ont migré d’est en ouest. Entre 1991 et 2016, les nouveaux Länder ont ainsi perdu environ un quart de leur population en âge de travailler. L’Est et l’Ouest se sont rapprochés sur le plan démographique
Les données économiques récentes se sont améliorées à la faveur des mesures de déconfinement, ce qui pourrait induire un sentiment de confort illusoire. Les effets liés à la gravité de la crise se feront sentir sur le long terme. Parmi les facteurs clés : la hausse du chômage et les anticipations de chômage qui pèsent sur les dépenses des ménages, en raison d’une perte de revenu et de la constitution d’une épargne de précaution. Malgré la reprise économique, les grandes banques centrales de l’Eurosystème s’attendent à une augmentation du chômage en 2021. Face à une visibilité qui reste faible et à des pressions élevées sur leurs bénéfices, de nombreuses entreprises n’ont d’autre choix que de réduire leurs effectifs.