Au 1er trimestre 2024, les défaillances d’entreprises ont atteint près de 15 000 unités. C’est à peine moins qu’au 4e trimestre 2023 qui avait été marqué par une nette remontée. Si la construction et le commerce cumulent le plus de difficultés avec une hausse notable d’entreprises touchées, dans ces secteurs les défaillances restent en deçà des plus hauts historiques. A contrario, des records ont été battus dans les services aux entreprises ou dans les services de transport et d’entreposage.
Les indicateurs économiques pour les deux premiers mois de 2024 attestent d’une légère amélioration de l’activité, principalement tirée par le secteur manufacturier exportateur. La croissance de la production industrielle a atteint +7% en g.a. en volume en janvier-février 2024 contre +6% au T4 2023, et l’investissement manufacturier s’est également légèrement renforcé. Il s’est accru de +9,4% en g.a. en valeur sur les deux premiers mois, après +6,5% sur l’ensemble de 2023.
Les chiffres clés de l'économie française comparés à ceux des principaux pays européens, l'analyse des données relatives à la population et au marché du travail français, l'activité par secteur, les chiffres des administrations publiques, de l'inflation, des taux et des comptes des entreprises.
Aux États-Unis, l’incertitude relative à la politique économique, basée sur la couverture médiatique, a nettement baissé en février, après un rebond en janvier. L’indice est passé de 124 à 97, un plus bas depuis juillet 2023, date de la dernière hausse des taux directeurs. Au regard de la bonne tenue persistante de la croissance et du marché du travail américains, l’horizon conjoncturel semble se dégager, être moins incertain. Le scénario d’un atterrissage en douceur de l’économie est accrédité et le tout conforte la Fed dans sa prudence et sa temporisation avant de baisser les taux.
Après un plus bas (depuis plus de 30 ans) atteint fin 2021, à 16,4% de la population active, le taux de chômage des jeunes (15-24 ans) est, depuis, légèrement remonté : 17,5% au 4e trimestre 2023 (contre 16,7% au 1er trimestre). Ce taux est certes près de 3 points supérieur à la moyenne de la zone euro mais reste nettement inférieur à celui enregistré en 2019 (20,8%).
Pour tenir ses engagements climatiques, l’Union européenne (UE) doit viser une baisse de 90% de ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2040 (par rapport à 1990) selon une recommandation récente de la Commission. Cela signifie multiplier en peu de temps les investissements dans les énergies renouvelables, les réseaux électriques, les infrastructures de transports, la rénovation thermique des bâtiments. Il en résulte une surcharge financière importante (évaluée entre 58 et 66 milliards d’euros par an en France) mais aussi une quête exacerbée de moyens technologiques et humains
La conjoncture des mois de janvier et février souligne les incertitudes qui entourent 2024, avec, du côté positif, des améliorations dans plusieurs pays sur le climat des affaires et des marchés du travail résilients (Europe) ou toujours dynamiques (États-Unis). Autant d’éléments qui, ajoutés à une trajectoire de désinflation qui ne se diffuse pas encore à tous les secteurs (les services notamment), tendent à repousser dans le temps les anticipations de baisses de taux.
Avec une croissance nulle au dernier trimestre 2023, la zone euro a échappé de peu à la récession, mais l’activité reste sur un fil. Sur l‘ensemble de l’année 2023, la hausse du PIB réel s’est établie à seulement 0,5% et l’acquis de croissance pour 2024 est nul, du fait d’un second semestre plus faible encore que le premier. Néanmoins, notre nowcast indique actuellement une croissance de 0,3% t/t au premier trimestre 2024, supérieure au chiffre de nos prévisions de décembre dernier.
Après trois trimestres de croissance nulle sur les cinq derniers trimestres (entre le T4 2022 et le T4 2023), nous anticipons une croissance modérée au 1er trimestre à 0,1% t/t (même si notre nowcast et la prévision de l’Insee suggèrent un chiffre un peu plus élevé, de +0,2%).
Les enquêtes de conjoncture de janvier auprès des entreprises espagnoles révèlent des signes d’amélioration. L’indice PMI composite montre en effet une expansion de l’activité (51,5), notamment portée par la performance toujours solide du secteur des services (52,1). Le secteur manufacturier semble, lui aussi, avoir un peu plus le vent dans le dos en ce début d’année. Après dix mois de contraction, le PMI associé indique des signes de redressement (49,2 ; +3,1 points), les entreprises signalant une moindre détérioration de tous les sous-indicateurs, hormis celui relatif aux délais de livraisons (44,5 ; -3,5 points)
Le début de l’année 2024 a été marqué par le dynamisme, d’une ampleur inattendue, des créations nettes d’emplois salariés non-agricoles. Celles-ci ont atteint +353k en janvier (+30k m/m ), ce qui constitue un record depuis plus d’1 an. De plus, ce chiffre s’est accompagné d’une révision significative des données de décembre (330k, contre +216k initialement). En parallèle, les taux de chômage (+3,7%) et d’activité (+62,5%) sont demeurés stables.
La situation économique au Royaume-Uni a continué de se détériorer au quatrième trimestre 2023. Le PIB réel s’est contracté de 0,3% t/t après une baisse de 0,1% t/t au T3. Même si l‘activité reste - tout juste - dans le vert sur l’ensemble de l’année 2023 (progression de 0,1%), elle s’est dégradée au fil des trimestres, ce qui a conduit à un acquis de croissance négatif pour 2024. Les perspectives de croissance pour cette année sont d’autant plus défavorables que l’activité stagnerait au premier semestre avant une reprise, peu soutenue, à partir de l’été.
Le Japon est entré en récession technique au second semestre 2023. En effet, la première estimation du PIB au T4 fait état d’une modeste contraction de -0,1% t/t faisant suite à un recul plus important de -0,8% t/t au trimestre précédent. Fait plus symbolique, le Japon a perdu son statut de troisième économie mondiale (en PIB nominal) au profit de l’Allemagne. Néanmoins, la vigueur de l’activité au premier semestre 2023 avait doté l’économie japonaise d’un acquis de croissance notable, permettant au taux de croissance annuel moyen de s’élever à +1,9% pour l’année (contre +0,9% en 2022).
Après une brève accalmie en décembre, l’incertitude sur la politique économique américaine, basée sur la couverture médiatique, est repartie à la hausse en janvier. Cette résurgence est probablement à relier à la persistance de l’inflation, qui s’est maintenue au-dessus de 3% en janvier (3,1% sur un an selon l’indice des prix à la consommation du BLS) et qui s’est révélée supérieure aux attentes du consensus (2,9%). Lors de la réunion de mi-décembre, le comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a précisé qu’il ne serait pas opportun de réduire les taux en l’absence de certitude quant à la trajectoire descendante et durable de l’inflation vers son objectif à 2%.
La dernière enquête Tankan de la Banque du Japon, publiée en décembre, met en lumière les importantes pénuries de main d’œuvre et difficultés de recrutement dans le pays. Celles-ci touchent la totalité des secteurs et atteignent même des niveaux records dans près d’un quart d’entre eux. Afin d’en faciliter l’interprétation, les données que nous présentons dans ce graphique sont converties en Z-score, soit le nombre d’écart-type séparant chaque indice de sa moyenne de long terme (calculée sur la période 1974-2023).
En Europe, la croissance a marqué un net ralentissement au 3e trimestre (-0,1% t/t en zone euro et 0% au Royaume-Uni). Les premières données disponibles pour le 4e trimestre montrent que l’année se termine sur cette note plus négative, ce dont rend compte notre nowcast pour la zone euro, à -0,1% pour le 4e trimestre.
La fin d’année s’annonce difficile en zone euro, un constat qui se dégage des indicateurs flash PMI pour le mois de décembre. L’indice composite, qui recule de 0,6 point à 47, est sous le seuil de 50 (en zone de contraction donc), pour le septième mois consécutif. L’indice sur l’emploi ne décroche pas, mais baisse progressivement depuis le mois d’avril pour s’établir à 49,6 en décembre, son plus bas niveau en trois ans. A 6,5% en novembre, le taux de chômage en zone euro s’est stabilisé à un niveau historiquement bas, qui s’apparente de plus en plus à un plancher. Nous anticipons une légère remontée du taux de chômage dans les prochains mois, cohérente avec l’évolution actuelle des indices PMI
Les indicateurs de climat des affaires soulignent une situation toujours dégradée, laissant craindre un nouveau trimestre de contraction de l’activité (-0,1% t/t au T4 selon nos prévisions), après déjà 4 trimestres de stagnation ou de repli (dont -0,1% t/t au T3). En effet, les indices liés aux conditions contemporaines dans les enquêtes de l’IFO ou du ZEW restent proches des plus bas historiques, que ce soit dans l’industrie ou dans les services. Si une amélioration est attendue, elle proviendrait d’un début d’anticipation d’assouplissement monétaire par la BCE en 2024, qui reste encore incertain pour l’instant.
Les signes de refroidissement de la conjoncture française se sont accentués en décembre, avec le nouveau repli du PMI composite flash à 43,7 (44,6 en novembre). Le PMI manufacturier est en deçà de 50 depuis 11 mois et touche en décembre un nouveau point bas, comme celui relatif aux services.
La croissance économique ralentit en Italie. Après une contraction de 0,4% t/t au T2, l’activité économique n’a progressé que de 0,1% t/t au T3, frôlant donc le surplace ce trimestre-là. Celle-ci a été portée par les dépenses de consommation (+0,6% t/t, contribution de 0,4 point) et le commerce extérieur (contribution de +0,8 point). Néanmoins, ces évolutions positives ont été contrebalancées par un fort déstockage. De son côté, l’investissement a enregistré une variation trimestrielle de -0,1% au T3.
Contrairement à la tendance observée au sein des trois autres grands pays de la zone euro, l’Espagne enregistre en novembre une baisse plus mesurée de son inflation. Selon l’INE, la progression de l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) a ralenti de 0,2 pp à 3,3% a/a ce mois-ci (quand le reflux atteint 0,7 point en France et en Allemagne, et 1,1 point en Italie). À en croire les évolutions récentes de l’indice des prix à la production, qui enregistrait en octobre son huitième mois consécutif de déflation1 (-7,8% a/a), cette décélération des prix devrait se poursuivre, voire s’accentuer, au cours des prochains mois.
L’enquête ISM indique une amélioration de l’activité non-manufacturière aux États-Unis en novembre, l’indice associé s’élevant à 52,7 (+0,9pp). En revanche, l‘ISM manufacturier est resté stable, à 46,7, se situant en zone de contraction pour le treizième mois consécutif. Dans ce secteur, l’amélioration des nouvelles commandes a été contrebalancée par la détérioration de la production et des embauches. Ce résultat conforte notre prévision d’un ralentissement de l’économie au T4, avec un taux de croissance du PIB qui atteindrait +0,4% t/t (contre +1,3% au T3 et +0,6% selon le GDPNow de la Fed d’Atlanta). Cependant, l’éventualité d’une récession s’éloigne progressivement, et nous ne prévoyons désormais qu’un trimestre de contraction en 2024 (-0,3% t/t au T2, après une stabilité au T1).
Avec la désinflation plus franche des prix à la consommation et des salaires, la décision de la Banque d’Angleterre de conserver les taux directeurs inchangés lors de la réunion du 14 décembre était largement attendue. Néanmoins, et comme en zone euro, le signal d’un pivot monétaire n’est pas venu. D’ailleurs, les trois membres du MPC en faveur d’une nouvelle remontée de taux en novembre ont maintenu leur position en décembre.
La révision des chiffres de croissance japonais a été défavorable, débouchant sur une baisse plus importante du PIB au 3e trimestre qu’initialement estimée (-0,7% t/t contre -0,5% t/t). L’ajustement est largement dû à un déstockage plus important : la contribution négative a été portée de -0,3 point de pourcentage (pp) à -0,5 pp. Les autres révisions notables sont venues de l’investissement résidentiel (qui passe de -0,1% t/t à -0,5% t/t), de la consommation privée (0,0% t/t à -0,2% t/t) et de l’investissement public (-0,5% t/t à -0,8% t/t). La faible consommation des ménages s’explique par des salaires réels en contraction pour le 19e mois consécutif en variation annuelle (-2,3% a/a en octobre). Au total, la demande privée ôte ainsi 0,6 pp à la croissance trimestrielle au T3.