Opérationnel depuis le 30 octobre 2019, le tiering vise à limiter le coût du taux négatif (-0,5%) pour les banques de zone euro en exonérant de ce tribut une partie de leurs réserves excédentaires[1]. Ce dispositif exonérait les banques de la zone euro de EUR 4,3 mds en décembre 2020, leur charge résiduelle s’élevant à EUR 9,8 mds. La charge des intérêts négatifs a toutefois connu une progression continue depuis avril 2020, plus sensible durant le second trimestre 2020, en raison de la forte croissance des réserves excédentaires. Cette hausse trouve en partie son origine dans l’augmentation des encours des opérations de refinancement à plus long terme ciblées (TLTRO III), dont les conditions ont été temporairement assouplies (entre juin 2020 et juin 2021) en réponse à l’épidémie de Covid-19. En fonction notamment de l’évolution des prêts au secteur privé non financier accordés par la banque emprunteuse, lesdites conditions seront au mieux inférieures (-1%) au pire égales (-0,5%) au taux négatif appliqué aux réserves excédentaires, permettant ainsi de compenser le coût des taux négatifs sur les dépôts[2].
Une partie conséquente de la hausse des réserves excédentaires a toutefois pour contrepartie les opérations de refinancement à plus long terme d’urgence face à la pandémie (PELTRO, -0,25%), et surtout d’autres ressources bancaires lorsqu’elle découle des achats de titres effectués par l’Eurosystème (quantitative easing). Si, au vu de l’évolution du crédit au secteur privé, les intérêts annuellement reçus par les banques de la zone euro dans le cadre de leur refinancement devraient être plus proches de l’extrémité supérieure (EUR 15 mds) que de l’extrémité inférieure (EUR 8 mds) de la fourchette, et compenser ainsi la charge des intérêts négatifs appliqués aux réserves excédentaires (de l’ordre de EUR 13 mds annuels) entre juin 2020 et juin 2021, il pourrait en aller différemment avec la fin des conditions exceptionnelles des TLTRO III, à partir de juin 2021.