Croissance du PIB, inflation, taux d'intérêt et taux de change.
Confrontées à une inflation qui dépassait largement leurs objectifs, plusieurs banques centrales du monde développé ont été obligées de remonter agressivement leurs taux officiels. Malgré ces actions, l’activité est restée assez résiliente.
Aux États-Unis, l‘inflation sous-jacente a de nouveau baissé en août, tout comme la croissance des salaires. En zone euro, l’inflation headline est repassée, depuis juillet, légèrement en dessous de la mesure sous-jacente. La situation au Royaume-Uni reste la plus dégradée mais les dernières évolutions sont plutôt positives. Au Japon, le nouveau contexte inflationniste entraîne un réajustement à la hausse des anticipations de marché.
Le volume des échanges mondiaux de biens (exportations et importations combinées) a poursuivi son recul durant les premiers mois de l’été mais la tendance doit être mise en perspective : hormis pour quelques secteurs, et principalement l’automobile, le rattrapage de la demande post-pandémie semble en quasi-totalité comblé. La trajectoire des échanges de biens revient donc à des niveaux plus cohérents avec la tendance qui prévalait avant la Covid-19.
Croissance du PIB, inflation, taux d'intérêt et taux de change
Le chef économiste de BNP Paribas, William De Vijlder reçoit Hélène Baudchon, responsable de l'équipe OCDE des Études Économiques ; Richard Malle, Responsable mondial de la recherche de BNP Paribas Real Estate et François Faure, Responsable Équipe Pays émergents et Risque Pays. En ce mois de septembre 2023, ils font le point sur la conjoncture mondiale dans un contexte inflationniste, de relèvement des taux d'intérêt et de resserrement monétaire des banques centrales
Dans l’univers des banques centrales, les apparences sont trompeuses. Le dernier relèvement des taux de la Banque centrale européenne a été jugé dovish (accommodant) tandis que la pause décidée par la Réserve fédérale américaine a été qualifiée de hawkish (restrictive). Ces réactions montrent qu’au-delà de la décision sur les taux, le message qui l’accompagne a aussi son importance. Celui de la BCE a été perçu comme indiquant que le taux terminal avait été atteint. Aux États-Unis, les dernières projections de taux d’intérêt (dot plot) des membres du FOMC indiquent une nouvelle hausse avant la fin de l’année, avec un taux des fonds fédéraux qui devrait rester élevé pendant longtemps
L’indice du risque géopolitique, qui est également fondé sur la couverture médiatique, a récemment baissé après une hausse durant les deux premières semaines d’août. Au-delà d’une volatilité assez importante, il est sans tendance depuis le début de l’année.
Aux mois d’août et de septembre, les indicateurs économiques des principales économies de l’OCDE soulignent une détérioration à plus ou moins brève échéance. Les enquêtes sur le climat des affaires au Royaume-Uni et en zone euro – et, en particulier, en Allemagne et en France – signalent un affaiblissement déjà marqué de la conjoncture. Aux États-Unis, il est anticipé, notamment par les ménages. Il interviendrait, selon nos prévisions, à partir du 4e trimestre. Le Japon fait exception, avec le maintien du PMI des services à un niveau élevé.
Croissance du PIB, mesure de l'inflation, taux d'intérêt et taux de change.
Les chercheurs s’accordent généralement sur un point : le vieillissement de la population est préjudiciable à la croissance économique car la population en âge de travailler diminue. Leurs avis sont plus partagés concernant son impact sur l’inflation qui dépend, entre autres, du comportement de consommation et d’épargne de chaque âge. Les évolutions salariales vont jouer un rôle clé. Une baisse de la population active pourrait créer des goulets d’étranglement structurels sur le marché du travail dans certains secteurs, déclencher une « guerre des talents » et obliger les entreprises à verser des salaires plus élevés et à augmenter leurs prix de vente, avec des répercussions possibles sur le reste de l’économie
Selon son estimation finale, l’indice PMI composite S&P Global de l’activité mondiale s’est replié pour le septième mois consécutif en août. La perte d’élan de la croissance mondiale au milieu du 3e trimestre est manifeste, un signal négatif renforcé par le niveau de l’indice, qui atteint tout juste 50 (contre 51,6 en juillet), soit le seuil séparant l’expansion de la contraction.
Croissance, inflation, taux d'intérêt et taux de change
Les faits stylisés sont des schémas récurrents existant entre les variables économiques et entre les variables économiques et les marchés financiers. Ils sont conditionnés par l’environnement économique et déterminent les attentes des ménages, des entreprises et des investisseurs. Ils sont également utilisés dans l'élaboration des prévisions économiques. Dans le cycle actuel, la pertinence de certains faits stylisés soulève quelques doutes. Aux États-Unis, l’économie continue de croître malgré une inversion significative de la courbe des taux et des hausses de taux agressives. Dans la zone euro, le marché du travail a jusqu’à présent été résilient malgré les actions de la BCE
À Jackson Hole le 25 août 2023, Jerome Powell a livré une analyse détaillée de l’inflation américaine. Il a notamment mis l’accent sur les trois grandes composantes de l’inflation sous-jacente qui permettront de suivre les progrès réalisés sur le chemin de la désinflation. On y voit deux tendances encourageantes – la baisse importante de l’inflation des biens (hors énergie et alimentation) et le début de reflux de l’inflation des services liés au logement – mais aussi, et surtout, une troisième tendance, préoccupante : l’absence de baisse dans les autres services.
Depuis peu, la Réserve fédérale comme la Banque centrale européenne emploient fréquemment le terme « incertitude », une donnée dont elles doivent tenir compte dans leurs décisions de politique monétaire. De même, les ménages, les entreprises et les investisseurs sont confrontés à différents types d’incertitude : l’incertitude entourant l’état exact de l’économie, celle sur la politique économique à venir et la politique monétaire en particulier, celle sur la transmission des chocs passés – i.e. les relèvements de taux d’intérêt – et les risques engendrés par des événements (géopolitiques, climatiques, etc.) susceptibles d’impacter l’économie
Chiffres du PIB et de l'inflation, taux d'intérêt et taux de change.
Qu’il émane de l’agence européenne Copernicus ou de la NOAA américaine[1], le constat est le même : en juillet 2023, la moyenne des températures mesurées à la surface du globe a battu un record absolu, sur terre comme en mer. Les relevés scientifiques confirment ainsi, s’il en était encore besoin, que le changement climatique est là, que ses effets s’accentuent, et qu’il n’épargne personne.
Records de températures en Chine et aux États-Unis, incendies géants au Canada, sécheresses historiques en Espagne et au Maroc, etc. : l’été 2023, qui se présente comme le plus chaud jamais enregistré, confirme, s'il en était encore besoin, que le changement climatique est là, que ses effets s’accentuent, et qu’il n’épargne personne. Son origine réside dans un phénomène connu de longue date, puisque identifié pour la première fois en 1824 par le mathématicien français Joseph Fourier : l’effet de serre, en l’occurrence celui que provoquent les activités humaines en rejetant dans l’atmosphère quantité de gaz du même nom.Il s’agit d’un processus cumulatif qui, sauf à risquer un réchauffement planétaire intolérable, devra s’interrompre
Dans les prochains trimestres, la croissance économique devrait ralentir aux États-Unis et dans la zone euro, tandis que l’inflation sous-jacente devrait marquer nettement le pas. Les délais de transmission de la politique monétaire à l’économie étant longs et variables, l’impact de la hausse des taux ne s’est pas encore tout à fait matérialisé. Le processus prend plus de temps que prévu et l’attente se fait longue. Aux États-Unis, l’économie a été particulièrement résiliente malgré le recul récent de certaines données. Dans la zone euro, le marché du travail reste dynamique mais de nombreux chiffres s’inscrivent en repli, y compris dans les services
La greenflation (ou inflation verte) désigne le plus souvent l’inflation liée aux politiques publiques et privées mises en place dans le cadre de la transition écologique.Adapter les modes de production à des technologies bas carbone, moins émettrices de gaz à effet de serre, demandera, d’une part, des investissements massifs et coûteux qui renchériront le coût marginal de chaque unité produite à court terme et, d’autre part, d’utiliser des matériaux plus rares donc plus chers. Cela créera des pressions à la hausse sur les prix. La transition écologique nécessitera également de jouer sur le « signal prix » : renchérir le prix des énergies fossiles par la taxation (taxe carbone) et les marchés de quotas d’émissions (prix explicite) ainsi que par la réglementation (prix implicite)
Après plusieurs mois d’amélioration, les perturbations des chaînes de production mondiales semblent avoir atteint un point bas, mais quelques signes de « détérioration » émergent à nouveau. L’indicateur synthétique de la Réserve fédérale de New York (FRNY ; graphique 3), qui mesure ces tensions, est remonté légèrement en juin, pour la première fois en 2023, tout comme l’indice PMI relatif aux délais d’approvisionnement de marchandises (indice intégré dans l’indicateur agrégé de la FRNY).