La crise sanitaire de la Covid-19 constitue un choc historique pour l’économie de la zone euro. La réaction des politiques économiques a été d’ampleur et rapide, en particulier du côté de la politique monétaire menée par la Banque centrale européenne (BCE). L’institution monétaire de Francfort a notamment mis en place un programme d’urgence de rachats d’actifs, le PEPP (Pandemic Emergency Purchases Programme). La BCE a augmenté l’enveloppe de ce programme qui atteint désormais EUR 1350 mds. La politique monétaire a ainsi eu depuis le mois de mars 2020 un impact important sur les taux d’intérêt à long terme, facilitant ainsi le financement des États membres de la zone euro mais également des agents économiques privés. À titre d’illustration, les spreads souverains – i.e
La production nouvelle de prêts hypothécaires a reculé de 33% au deuxième trimestre 2020 en glissement annuel, accusant sa plus forte baisse depuis 2008. Les établissements de crédit britanniques se montrent ainsi plus prudents depuis le début de l’année. En témoigne la diminution de 4,0 points de pourcentage (pp) de la part des prêts dont le montant rapporté à la valeur du bien financé (Loan To Value, LTV) excède 75%, principalement au titre de ceux dont la LTV est comprise entre 75% et 90% (-3,2 pp). Pour infléchir cette évolution, et alors que l’indice des prix immobiliers Nationwide continue de croître, le gouvernement britannique entend favoriser l’accession à la propriété en encourageant les prêts dont la LTV pourrait s’élever jusqu’à 95%
Après avoir enregistré une contraction de l’activité de 8% en glissement annuel (g.a.) au deuxième trimestre 2020, l’économie russe peine à se redresser. Au mois d’août, le PIB mensuel affichait toujours un recul de 4,3% en g.a. Qu’il s’agisse des ménages ou des entreprises, la confiance reste morose et l’activité peine à rebondir sensiblement. En août, corrigée des variations saisonnières, la production industrielle était toujours 7% inférieure à son niveau de fin 2019 en dépit de l’augmentation de la production pétrolière, dans le cadre des accords passés avec l’OPEP, à partir du 1er août. En outre, d’après les données d’enquête, aucun rebond sensible n’est à attendre en septembre (l’indice PMI manufacturier est repassé sous le seuil de 50)
La pandémie de Covid-19 a provoqué la plus grave récession de l’après-guerre en Allemagne. La chute brutale des recettes, combinée à des coûts qui ne s’ajustent qu’en partie seulement, a rapidement épuisé les réserves de trésorerie des entreprises. Celles-ci ont dû réduire les stocks, annuler des commandes et reporter des projets d’investissement, ce qui n’a fait qu’aggraver la récession. On pourrait être tenté de penser que l’investissement va retrouver vite sa dynamique, comme ce fut le cas après la Grande récession de 2008-2009, mais cela semble trop optimiste
Selon le gouvernement, le déficit budgétaire atteindra 11,4% du PIB cette année, contre 4,7% attendus initialement, en raison de la crise de la Covid-19. Surtout, les perspectives de moyen terme ne tablent pas sur un retour du déficit en deçà de 5% avant 2024. Cette dynamique inquiète. La couverture des besoins de financement s’annonce difficile. Alors que la majeure partie des financements extérieurs a été mobilisée, l’État va devoir se tourner vers le marché local de la dette. Or, les conditions y sont onéreuses, ce qui va entraîner un gonflement des charges d’intérêts à un niveau très élevé (50% des recettes du gouvernement en 2020). Une autre option serait d’accroître le recours au financement monétaire. Un programme d’achat d’actifs par la banque centrale est en place (2,6% du PIB)
CaixaBank et Bankia, respectivement troisième et quatrième plus grands groupes bancaires espagnols par les fonds propres CET1, ont officialisé, le 3 septembre 2020, l’ouverture de négociations en vue d’une potentielle fusion. Si elle se concrétisait, cette opération consoliderait le système bancaire espagnol. Le niveau de concentration de ce dernier est comparable à celui observé en moyenne dans la zone euro, à la suite de deux vagues successives de consolidation (2008-2009 puis 2012-2013) dont sont elles-mêmes issues CaixaBank et Bankia. Il reste à savoir si cette opération sera le prélude à un mouvement de concentration plus vaste auquel la Banque centrale européenne est favorable depuis plusieurs années
Si le continent européen a été frappé de plein fouet par la pandémie de Covid-19, les pays nordiques ont été relativement peu affectés – à l’exception de la Suède, où les mesures de restriction ont été particulièrement souples. En conséquence, leurs économies ont été parmi les plus résilientes d’Europe. Au deuxième trimestre, le PIB a chuté de « seulement » 8,3% en Suède, 6,9% au Danemark, 5,1% en Norvège, et 4,5% en Finlande. Cela tranche avec des baisses de 9,8% en Allemagne, 13,8% en France, et près de 12% pour la zone euro dans son ensemble. Néanmoins, les entreprises et consommateurs des pays nordiques ne sont pas plus optimistes qu’ailleurs, ce qui est certainement dû à la dépendance de la région au commerce extérieur
Les indicateurs d’activité pour le mois de juillet attestent de la poursuite du redressement de l’économie chinoise, dont la croissance a déjà rebondi à +3,2% en glissement annuel au T2 2020 contre -6,8% au T1. La ré-accélération de la croissance de l’investissement depuis mars est principalement tirée par les infrastructures publiques, le secteur de la construction et l’immobilier, qui sont soutenus par les mesures de relance des autorités. L’investissement dans le secteur manufacturier s’est redressé plus lentement, contraint par les difficultés financières des entreprises, notamment des PME. Au second semestre 2020, l’investissement dans les infrastructures publiques devrait rester dynamique, aidé par une politique budgétaire toujours expansionniste
Confrontées à l’effondrement de leurs chiffres d’affaires lors du confinement, les sociétés non financières (SNF) françaises ont mobilisé des flux de financements record. Ceux-ci atteignaient, en cumul annuel et nets des remboursements, près de 208 milliards d’euros en juin 2020, soit 2,5 fois la moyenne annuelle constatée entre 2017 et 2019 (EUR 83 mds). Cette hausse des flux de financement a procédé principalement des crédits bancaires (EUR 118,5 mds au 30 juin, dont environ EUR 106 mds de prêts garantis par l’Etat depuis le 25 mars 2020) mais aussi des flux nets d’émissions de titres de dette (EUR 89 mds)
À travers la facilité pour la relance et la résilience, un volet essentiel de son plan « Next Generation EU », l’Union européenne (UE) accordera des subventions et des prêts aux États membres en fonction de critères bien précis. Les allocations pour 2021 et 2022 seront fonction de la population, du PIB par habitant et du taux de chômage de chaque pays. Les mêmes critères seront utilisés pour les allocations de 2023, à l’exception toutefois du taux de chômage qui sera remplacé par la perte de PIB réel enregistrée cette année ainsi que la perte cumulée pour la période 2020-2021. Le think tank Bruegel a estimé le montant de ces allocations par pays[1]
Début juin, l'Organisation mondiale de la santé déclarait l'Amérique latine nouvel épicentre de la pandémie de Covid-19. Depuis, seul le Chili est parvenu à infléchir la courbe de nouveaux cas journaliers ; le Pérou semblait également sur la bonne voie mais la décrue s’est arrêtée depuis un mois. Ces deux pays ont toutefois été confrontés à une mortalité élevée par rapport à la taille de leurs populations. La Colombie et l'Argentine — deux pays ayant mis en place un confinement strict dès le début de la pandémie et ayant connu jusqu’alors une mortalité plus faible par rapport à la taille de leurs populations — font face à un nombre croissant de nouveaux cas et de décès
À l’instar du Term Funding Scheme (TFS) introduit par la Banque d’Angleterre (BoE) à l’été 2016, le Term Funding Scheme Small and Medium-sized Enterprises (TFSME), annoncé en mars 2020, vise à soutenir l’offre de prêts aux entreprises. Il s’agit d’un programme de refinancement à quatre ans accordé aux établissements de crédit à un taux inférieur à celui des opérations principales de refinancement[1]. Contrairement au TFS, le TFSME cible plus précisément le financement des petites et moyennes entreprises (SME)
Avec 50 000 infections recensées chaque jour - deux fois plus qu’au début du mois de juin - et un nombre d’hospitalisations en hausse, l’épidémie de Covid-19 connait une recrudescence inquiétante aux Etats-Unis. Certes, le nombre de cas augmente avec celui des tests, mais l’explication ne s’arrête pas là. La réponse gouvernementale à la crise est aussi en cause. Dans l’Union européenne, où la restriction des mouvements de personnes et la fermeture des commerces ont été à la fois plus précoces et systématiques qu’aux Etats-Unis, la situation apparaît mieux contrôlée. Quant aux pertes économiques, leur évaluation doit forcément rester prudente. Des deux côtés de l’Atlantique, l’activité rebondit, après avoir connu un recul historique de l’ordre de 10% au deuxième trimestre
Le PIB mexicain s’est effondré en avril (-19,9% en g.a.). Dans le même temps, la production industrielle a chuté de près de 30% (la composante manufacturière de plus de 35%). Outre l’effet des mesures de confinement sur la demande interne, l’activité économique est affaiblie par la baisse du prix du pétrole, les ruptures dans les chaînes d’approvisionnement, ainsi que par la forte baisse de la demande externe (principalement en provenance des États-Unis) et des recettes du tourisme. Les mesures annoncées par la banque centrale et la baisse du taux directeur (-225 points de base depuis janvier, à 5%) ne suffiront pas à atténuer l’ampleur du choc
En réponse à la crise liée à la pandémie de Covid-19, le Congrès américain a mis en place, en avril dernier, un programme de prêts aux petites et moyennes entreprises (Paycheck Protection Program, PPP) garantis par l’État fédéral. L’enveloppe globale atteint près de USD 650 mds. Sous certaines conditions, ces prêts seront convertibles en subventions dans la limite de la masse salariale, des intérêts sur prêts hypothécaires, des loyers et frais de fonctionnement supportés durant les 24 semaines suivant l’obtention du crédit. L’annulation partielle ou complète des créances sera conditionnée au maintien de l’emploi et des salaires d’ici la fin de l’année. Au 22 juin, 4,6 millions de PME avaient emprunté plus de USD 515 mds par ce biais, un niveau quasi-atteint dès la mi-mai
La Commission européenne a publié les chiffres, pour 2020, de l’indice DESI relatif à l’économie et à la société numériques. Il s’agit d’une moyenne pondérée de cinq indicateurs : connectivité, compétences des citoyens dans le numérique, usage des services internet, numérisation des entreprises et numérisation des services publics. Les pays scandinaves dominent le classement, la Finlande, la Suède et le Danemark occupant les trois premières places. L’Italie n’est que 25e, tandis que la France (16e), l’Allemagne (12e) et l’Espagne (11e) sont proches de la moyenne européenne. La crise du Covid-19 et la période de confinement auront certainement permis d’accélérer la numérisation de l’économie
Sur l’ensemble de l’année budgétaire 2019/20 (achevée en mars), la croissance économique indienne a fortement ralenti pour s’établir à seulement 4,2% et les perspectives de croissance sont extrêmement sombres pour l’année en cours. Le ralentissement de l’activité sur l’année budgétaire 2019/20 est d’autant plus préoccupant qu’il est antérieur à l’épisode de COVID-19. L’activité économique a ralenti depuis 2018 et, indépendamment de l’impact du COVID, elle pourrait afficher des rythmes de croissance bien inférieurs à sa croissance potentielle (7,3%) au cours des prochaines années, poussant l’agence de notation Moody’s à dégrader la note du souverain indien. Les derniers indicateurs d’activité laissent entrevoir une très importante contraction de la croissance entre avril et juin 2020
La masse monétaire M3 a poursuivi son accélération en avril dans la zone euro (+8,4% en glissement annuel, après +7,5% en mars), enregistrant sa plus forte croissance annuelle depuis le début de 2009. Le rythme de progression mensuelle de l’agrégat monétaire, qui avait atteint, en mars, son niveau le plus élevé (+2,5% cvs) depuis la création de la zone euro, s’est toutefois assagi en avril (+1,2% cvs). Il demeurait néanmoins trois fois supérieur à sa tendance de long terme (+0,4% m/m)
La confiance des ménages reste un déterminant clé de la reprise économique. La détérioration (ressentie ou anticipée) du marché du travail a pesé sur le moral des consommateurs européens : en avril, l’indice de la Commission européenne sur les anticipations de chômage dans la zone euro était à son pire niveau depuis onze ans (63,0). Cependant, les indices des directeurs d’achat (PMI) confirment une activité moins déprimée en mai qui pourrait, à terme, entraîner un certain rétablissement de la confiance des ménages. Le graphique ci-dessous montre, en effet, que l’indice de la Commission européenne est fortement corrélé avec le sous-indice PMI de l’emploi. Bien qu’il reste à un niveau historiquement bas, ce dernier a enregistré une hausse en mai
L’Europe centrale a enregistré au 1er trimestre 2020 une performance de croissance meilleure que celle de la moyenne de l’Union européenne, avec un repli limité à -1% (trimestre sur trimestre) contre -3,3% pour l’UE. La Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie sont même parvenues à maintenir une croissance positive. Il devrait en aller différemment au 2ème trimestre. Les chiffres de la production manufacturière montrent que le ralentissement économique s’est nettement renforcé en Europe centrale au mois de mars. Il est même devenu plus conséquent que celui de la moyenne européenne en Hongrie et en Roumanie, rejoignant en cela la Slovaquie (plus précocement touchée). Les exportations devraient être le vecteur prédominant de transmission de la récession vers les pays de la région
Le dernier Comité de politique monétaire de la Banque d’Angleterre (BoE) du 7 mai 2020 laisse la politique monétaire britannique inchangée, y compris l’encours cible de son programme d’achat d’actifs, malgré le vote de deux des membres du Comité en faveur d’une augmentation de GBP 100 mds. Inauguré en 2009 avec un encours initial de GBP 200 mds, le programme a été élargi à plusieurs reprises. Le dernier relèvement, décidé le 19 mars dernier, en a porté l’encours cible à GBP 645 mds (dont 20 mds de titres de dette privés investment-grade), contre GBP 445 mds (dont GBP 10 mds de titres privés) auparavant
La très forte hausse des anticipations d’inflation des ménages est l’un des résultats frappants de l’enquête mensuelle de conjoncture de l’INSEE d’avril 2020. Elle est en complète opposition avec la baisse du solde d’opinion sur l’évolution passée des prix et de l’inflation observée, un grand écart remarquable au regard de la relative proximité habituelle des trois indicateurs. Cette hausse de l’inflation anticipée fait écho au sentiment des Français, évoqué dans les médias, que les prix ont beaucoup augmenté depuis le confinement. Il faut probablement y voir un effet de composition des paniers de consommation et non le signe avant-coureur d’une hausse généralisée et importante des prix
La dégradation de l’environnement économique international depuis mars 2020 a mis un terme à l’appréciation de la livre égyptienne. En 2019, la hausse des recettes en devises et des investissements de portefeuille avaient fait s’apprécier la livre de 12% par rapport au dollar. Depuis février, l’Égypte fait face à des sorties massives de capitaux, provoquant une dépréciation modérée de la livre, de 1,2%, et une baisse de 11% des réserves de change officielles de la banque centrale (BCE). À court terme, les recettes courantes devraient subir la chute des revenus du tourisme et du Canal de Suez (20% des recettes courantes au total)
Les mesures prises par la Réserve fédérale américaine (Fed) depuis le 15 mars dernier ont déjà profondément affecté les bilans des banques commerciales résidentes aux Etats-Unis*. Ayant joué le rôle d’intermédiaires lors des achats de titres, des prêts d’urgence et des swaps de liquidités de la Fed, leurs réserves en banque centrale ont considérablement augmenté. La politique d’assouplissement quantitatif de la Fed a, par ailleurs, comme en 2008-2014, déconnecté l’évolution des crédits de celle des dépôts inscrits au bilan des banques. Les achats de titres de la Fed ayant été effectués principalement auprès d’agents non bancaires, les dépôts de la clientèle ont crû plus vite que les crédits
Depuis plusieurs décennies déjà, la plupart des pays de l’OCDE réduisent leurs capacités hospitalières, les innovations en matière de santé permettant le développement des soins ambulatoires. Néanmoins, parmi les pays dont la population vieillit le plus vite, certains, comme le Japon et l’Allemagne, ont maintenu leurs capacités. En Allemagne, le nombre de lits en soins intensifs est ainsi deux à trois fois plus important qu’en France, en Italie ou au Royaume-Uni. La Corée du Sud, quant à elle, combine à la fois des capacités importantes et une population relativement jeune. Dans le contexte pandémique actuel, disposer de capacités hospitalières importantes constitue un avantage. Certains pays ont pu accroître rapidement le nombre de lits en soins intensifs
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